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Partouche Poker Tour 2009 : triche, signaux, codes ?

Nourdine Bouya

La nouvelle année s'annoncait sous les meilleurs auspices pour Jean Paul Pasqualini, dans les top 10 des plus gros gagnants parmi les joueurs francais. Le vainqueur du Partouche Poker Tour (PPT) 2009 remportait un tournoi des Euro Finals of Poker 2013 à Paris le 18 janvier. Puis gros downswing. Fin janvier, un ex-joueur (en photo) publiait sur Youtube un montage video censé démontrer un jeu en collusion lors de la finale PPT 2009 entre Pasqualini et le vice champion Cédric Rossi.

Pasqualini : vu à la TV

La vidéo est reprise par les sites et les forums spécialisés en ligne, Pasqualini dément, Rossi reste silencieux, le groupe Partouche déclare ne pas voir de fraude alors que certains médias généralistes font désormais écho de la polémique. Mercredi 6 février, l'image du joueur se retrouvait notamment dans la revue de presse de l'émission Télématin (plus d'un million de téléspectateurs) au cours de laquelle le journaliste surfait sur la récente enquête d'Europol concernant un système international présumé de paris sur des parties de football truquées.

Video : triche, signal et code ?

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La formule selon Bouya

La vidéo Youtube mettant en cause Cédric Rossi et Jean Paul Pasqualini est intitulée "POKER CHEAT ? ? ? TRICHE ??? SIGNAL AND CODE ???". Elle fut postée le 25 janvier sur le compte "Nordine Bouya" et cumule le 7 février au matin près de 100.000 vues, 101 pouces levés et 7 baissés. Son propriétaire, Nour Eddine Bouya, se présente lors d'interviews aux sites spécialisés comme un ancien joueur de poker ayant affronté aux tables à plusieures reprises Rossi. Rossi, joueur montpelliérain, est la principale cible de Bouya qui oeuvre parallèlement à la promotion de son livre à la vente depuis septembre 2012 : "Coup de poker, la gloire ou la mort". Le compte Youtube de Bouya est illustré par la jaquette de l'ouvrage.

Le montage vidéo de la finale de 17 heures est long de huit minutes et 46 secondes, quatre minutes montrent les joueurs aux tables. Le dirigeant Patrick Partouche et "l'ambassadeur" du casinotier Partouche Eric Cantona y lancent la finale devant deux valises remplies de billets de banque, il s'en suit un fondu enchainé de formules blanches sur fond noir énumérant une série de mouvements corporels correspondant à une combinaison précise de cartes en mains, puis la démonstration en image de la présumée collusion accompagnée de la bande son "Love Theme From The Godfather" de Nino Rota. La démonstration est entrecoupée d'illustrations tirées notamment du jeu Playstation Godfather. Le montage prend fin sur la pause des joueurs gagnants pour les photographes, Jean Paul Pasqualini parlant à l'oreille de Rossi devant les caméras. Nour Eddine Bouya alimente régulièrement son compte Youtube d'extraits de la finale Partouche Poker Tour 2009.

"D’autres joueurs se grattent le nez"

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JP Pasqualini et Cédric Rossi

Mercredi 30 janvier au petit matin, Jean Paul Pasqualini rend public un droit de réponse depuis sa page personnelle facebook à l'attention du site pokerenligne.com. Entre autres lignes de défense, Pasqualini affirme : "Le Groupe Partouche, consciencieux, a (...) vérifié l'intégralité des rushs de cette longue table finale, sans se satisfaire du visionnage de ces seules quatre minutes! Résultat? Absolument rien. (...) Je tiens à faire remarquer que parfois sur ce montage vidéo d’autres joueurs se grattent le nez, la bouche et, plus globalement, le visage, ce qui d’ailleurs est vérifiable sur la totalité du rush." Et questionne : "Pourquoi ces quatre minutes? Pourquoi moi précisément? Et surtout, pourquoi sortir cette vidéo maintenant?" Cédric Rossi remercie quant à lui les quelques soutiens sur sa page Facebook.
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Partouche : autorités judiciaires eventuelles

Partouche sort du bois mardi 5 février par la voix de Fabrice Paire sur le site Internet Live Poker. Le président du directoire affirme notamment que " la direction [du tournoi] n’a relevé aucune manœuvre frauduleuse". Le groupe Partouche a retiré d'Internet la vidéo intégrale du tournoi 2009 depuis "plus de deux ans (...) pour problème de droit d'utilisation de l’acronyme « PPT »". Fabrice Paire conclut : "Ces images, les rushes originaux, sont toujours en notre possession. Je ne donnerai suite qu’aux demandes d’une autorité judiciaire compétente en la matière, qui souhaiterait consulter ces rushes dans le cadre d'une éventuelle procédure".

Le casinotier a mis fin à son tournoi annuel de calibre international, le Partouche Poker Tour, à l'issue de sa 5ème édition en septembre 2012. La suppression du tour est intervenue à la suite d'une polémique sur la redistribution des cinq millions d'euro de prix annoncés garantis aux joueurs. La finale du Partouche Poker Tour 2010 avait également défrayé la chronique avec l'exclusion pour "fraude" du joueur Ali Tekintamgac, vainqueur du World Poker Tour Barcelone la même année. Le système du joueur pro allemand aidé de faux journalistes avait été mis en exergue par une vidéo publiée par le site Pokernet.es. Le groupe Partouche avait transmis aux autorités judiciaires pour analyses les rushs concernant les pratiques du joueur et embauché pour les saisons 2011 et 2012 un directeur de tournoi international de renom, Matt Savage.

Matt Savage : la responsabilité aussi aux joueurs

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Matt Savage

Matt Savage, ancien directeur des championnats du monde, les World Series of Poker, nous a livré son sentiment : "Je ne suis pas sûr de pouvoir donner un avis car je n'étais pas là en 2009. Mais sur la vidéo, ca s'annonce assez mal. Un procédé pour éviter ces situations ? Evidemment, le directeur de tournoi, les Floors et le personnel doivent avoir un oeil sur tout problème potentiel, mais la responsabilité incombe aussi aux joueurs de rendre compte de tout ce qu'ils voient d'étrange aux tables."

Les 17 heures de jeu de la finale du Partouche Poker Tour 2009 avaient été diffusés en léger différé en France sur la chaîne Eurosport et sur Pokernews France le 22 septembre depuis le casino Palm Beach de Cannes. Le tout sans réaction de la communauté des joueurs de poker. Ou presque. Classé troisième du tournoi, le joueur italien de Bologne Gianni Giaroni est décédé en mars 2011 à 70 ans. "Il professore" avait émis ses propres doutes au site gioconews.it.

Michel Janvier : "Que justice soit faite"

Quatrième, Michel Janvier, joueur amateur d'Arcachon, est intervenu sur sa page Facebook le 31 janvier: "j’ai déjà été contacté par téléphone, il y a deux mois environ, par un soi-disant journaliste de Canal+ qui faisait un reportage et une enquête sur la triche dans le sport et le poker. Il était certain que j’étais une victime. Il voulait me rencontrer et avoir mon avis, je lui ai répondu que cela ne m’intéressait pas, et que je ne voulais pas être mêlé à tout ça 3 ans après et je l’ai reconduit poliment. C’est à la Police des Jeux et au Groupe Partouche, dont je ne fais pas parti, de faire la lumière sur cette affaire. (...) Je suis surpris et scandalisé par ces révélations et accusations non prouvées, aujourd’hui, à l’encontre de Jean-Paul Pasqualini et Cédric Rossi. Je souhaite vivement que justice soit faite pour eux pour les disculper et que l’intégralité de la finale soit passée au « peigne fin » et pas seulement par le Groupe Partouche. Par contre en cas de preuve formelle et condamnation, il est bien évident, pour moi et pour les autres finalistes, que l’affaire n’en restera pas là. (1 million € pour le premier et 600.000€ au deuxième, ce n’est pas rien !)"

Résultat du Partouche Poker Tour 2009
1. Jean-Paul Pasqualini - 1.000.000 €
2. Cedric Rossi - 606.700 €
3. Gianni Giaroni - 357.200 €
4. Michel Janvier - 262.400 €
5. Wesley Pantling - 211.800 €
6. Hassan Fares - 155.800 €
7. Michael Tureniec - 133.600 €
8. Mika Puumalanein - 118.700 €
9. Henri Kettunen - 102.300 €

Les joueurs de tous bords attendent avec impatience un dénouement à cette affaire très sulfureuse. Quoi qu'il en soit, seules les autorités compétentes pourront appliquer les éventuelles sanctions prévues en pareil cas, bien que ce soit un cas d'espèce. Les preuves avancées par les plaignants devront être juridiquement recevables pour que le dossier ne soit pas frappé d'une fin de non recevoir.

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