Les jeux d'argent et de hasard peuvent être dangereux : pertes d'argent, conflits familiaux, addiction…, retrouvez nos conseils sur joueurs-info-service.fr (09 74 75 13 13 - appel non surtaxé).

Gouvernemen ANJ Adictel Evalujeu

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème

Darrel Plant vit à Portland, Oregon. Il exerce la profession de programmeur informatique et un grand fan de poker, au sujet duquel il écrit sur son blog Mutant Poker. Dans cet article,il démontre à travers différentes simulation, que l'apport d'argent frais est essentiel au maintien du poker en tant qu'écosystème.

L'on dit couramment que le poker est un moyen difficile de l'argent facile. Je ne suis pas d'accord. Je pense que le poker est un moyen difficile de gagner difficilement de l'argent. C'est vraiment très difficile. Vous devez avoir le type de personnalité requise pour cela, vous devez pouvez pouvoir supporter des downswings très brutaux et c'est pourquoi la majorité des joueurs de tournois ont besoin destackers, à cause des montants d'argent nécessaires pour parcourir le circuit à plein temps … La plupart d'entre nous ne jouons pas avec suffisamment d'argent, c'est la vérité —Vinnie Pahuja, 2+2 Pokercast (Episode 327)

Le poker comme écosystème

Le monde du poker – comme tout secteur – a son propre écosystème. Son ''cycle de vie'' si vous préférez. Mais si on regarde le cycle de vie à l'envers, cela ressemble à "cycle de mort" - bien que ce nom soit moins accrocheur.

Contrairement à ce que l'on peut voir dans certains films de science fiction, il n'y a pas d'écosystème composé uniquement de prédateurs. En chaque requin vit sur un banc de poisson. Dans un écosystème, pour qu'un prédateur puisse vivre, il faut que quelque chose meurt – ce processus s'appelle l'épuisement des ressources.

Pour que le prédateur puisse prospérer, il faut une source continuelle de nourriture. Si le prédateur tombe à court de nourriture, il meurt à son tour. Le processus par lequel la source de nourriture est maintenue (quelque que soit la manière) est appelée le réapprovisionnement.

Les joueurs de poker gagnants retirent de l'argent de l'écosystème pour acheter des choses sans lien avec le poker, pour vivre, investir (s'ils sont malins) ou pour d'autres raisons. Les casinos retirent aussi une partie de cet argent avec le prélèvement ou "rake", pour payer les croupiers, l'électricité (et parfois pour lutter contre le poker en ligne). Une partie de cet argent peut être réinvesti dans l'écosystème du poker, mais à court terme, il est perdu. Pour que l'écosystème du poker se maintienne ou qu'il croisse, il faut de l'argent frais injecté dans le système, qu'il s'agisse de joueurs existants qui déposent à nouveau ou de nouveaux joueurs.

La rapidité à laquelle les joueurs créent de nouveaux comptes / font de nouveaux dépôts (rechargent leur bankroll - réapprovisionnement) est un facteur que les salles de poker en ligne (et les petits marchés en général) doivent calculer. Tous les pros sont familiers avec les parties où cela ''joue trop haut'' – les parties où les joueurs perdants perdent si rapidement que la partie ne peut se maintenir. Pour un pro, ce n'est pas un problème s'il peut jouer une autre partie ailleurs. Pour une entreprise qui dépend d'une base de joueurs locale ou pour une salle qui doit dépenser de l'argent pour attirer de nouveaux joueurs, c'est un véritable désastre.

1$ million de bankroll pour 10 tournois

Un exemple de la manière dont le rapport épuisement/réapprovisionnement fonctionne dans le monde des tournois Super High Roller a été discutée dans PokerNews Podcast (en anglais) récemment. Le nombre de joueurs qui peuvent s'acquitter d'un buy-in de 25.000$, 50.000$ ou 100.000$ (voire 1.000.000$) est évidement limité. Ce type de tournois compte rarement plus de 50 joueurs. Si certains ont les poches plus profondes que d'autres, et à moins que l'un deux possèdent des dizaines de millions de dollars, personne ne joue avec les 100 buy-ins de 100.000$ que réclame une gestion de bankroll correcte.

Allons plus loin. Admettons que ces 50 joueurs débutent tous avec 1.000.000$ de bankroll chacun et qu'ils prévoient de jouer des tournois à 100.000$ jusqu'à épuisement de leur bankroll (peu importe qu'il s'agisse de leur propre argent ou de celui d'un stacker). Une fois qu'ils ont tout perdu, la partie a besoin d'argent frais pour se maintenir. Dans quelle mesure ?

Commençons avec un seul tournoi :

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème 101

Après un seul tournoi avec cinq places payées (à 41%, 25%, 15%, 11% et 8%) et un rake typiquement bas pour ce type de tournoi (3%), le graphique ci-dessus montre l'évolution des bankrolls de chaque joueur. La plupart on perdu un buy-in tandis que le vainqueur a quasiment triplé sa bankroll.

Avec une simulation que j'ai utilisée pour illustrer le cas d'une ‘Double Bubble’ pour la PCA 2015 — dans ce cas, on montre les résultats moyens des 50 joueurs sans prendre en compte les compétences relatives – nous pouvons faire une projection des effets de l'épuisement des ressources et du réapprovisionnement nécessaire pour les tournois continuent d'exister.

Après neuf tournois à 100.000$, les choses ressembleront à cela :

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème 102

(NOTE: Les graphiques montrent les résultats après une seule simulation les chiffres cités sont ceux obtenus après plusieurs simulations)

Environ un tiers des joueurs n'ont pas fait la moindre place payée en neuf tournois et se retrouvent avec un seul buy-in pour continuer de jouer. En moyenne 20% des joueurs auront doublé leur bankroll et 15 à 20% auront enregistrés des profits sans doubler leur bankroll.

30% joueurs broke en 11 tournois

Poussons le raisonnement quelques tournois plus tard.

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème 103

Au onzième tournoi joué, plusieurs changements ont lieu. D'abord, environ un tiers des 50 bankrolls de départ a été intégralement perdu (les joueurs sont 'broke'). Elles ont été remplacées par de nouvelles bankrolls (soit un apport de nouvel argent, soit un nouveau joueur). Les nouveaux joueurs (en bleu sur le graphique) ont joué un tournoi et quelques uns ont été payés. Environ 15% des joueurs présents au départ (7 ou 8 sur 50) ont doublé leur bankroll. Environ 20% ont fait un profit moindre et 30% possèdent toujours une partie de leur bankroll de départ mais sont perdants.

Jouons encore quelques tournois …

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème 104

Le 21ème tournoi est le premier où certaines des nouvelles bankrolls vont disparaître. En moyenne, plus de 30 nouveaux joueurs / nouvelles bankrolls seront ajoutés pour maintenir le tournoi à 50 participants. Soit un total de plus de 80 joueurs sur l'ensemble des 21 tournois (38% desquels ont dépensés leur 10 buy-ins). Un peu plus de 15% des 80 joueurs (entre 13 et 15) ont doublé leur bankroll de départ (entre 100% et 200%).

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème 105

Après 51 tournois, plus de joueurs ont fait banqueroute qu'il n'y a de participants. Le nombre de joueurs avec une augmentation de leur bankroll à 100% ou plus reste à 20%. Le nombre de joueurs avec un profit inférieur à 100% de leur bankroll initiale tombe à moins de 10% et un nombre encore plus grand n'a plus qu'un seul buy-in.

Pendant ce temps, 70% des bankrolls du départ (35 sur 50) ont disparu. Cela est également vrai pour 60% des joueurs qui sont arrivés (ou ont rechargé leur bankroll) à partir des tournois 11 et 40. Il y a maintenant un taux d'usure constant des bankrolls consommées par les buy-ins et remplacées par de nouvelles bankrolls. Certains des joueurs du départ semblent invincibles et ont vu leur bankroll progresser de 500% à 600%.

Plus de joueurs broke que de participants au tournoi

Allons encore plus loin.

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème 106

Si l'on extrapole après 500 tournois similaires – ce qui peut ne prendre qu'une semaine en ligne – les résultats sont étonnants.

Plus de 330 bankrolls de 10 buy-ins ont disparu. Cela peut-être 330 joueurs uniques ou 30 joueurs avec une bankroll de 100 buy-ins ou n'importe quelles combinaisons de 45 joueurs ou plus avec 3.300 buy-ins au total. Un groupe d'environ 40 joueurs (constitué de 10% des 50 joueurs du départ, de nouveaux joueurs et de joueurs ayant rechargé leur bankroll) ont au moins doublé leur bankroll. Si un des joueurs de départ ne fait partie de ces 10%, il a cessé de jouer. Aucun d'eux ne figure encore dans catégories des ''légèrement rentables'' ou des ''non rentables mais toujours en vie''. Il apparaît qu'il y a une masse critique à partir de laquelle les bankrolls sont soit auto-suffisantes ou soit perdent de l'argent. En moyenne, 1 à 1,5 bankroll de 10 buy-ins disparaît à chaque tournoi joué.

Simuler l'usure des bankrolls en tournois multi-table

A quoi cela ressemble-t-il dans une configuration plus répandue ? Quand est-il d'un tournoi de 500 joueurs avec une bankroll de départ de 100 buy-ins et un rake de 9% ?

Tournois Poker : Usure des bankrolls et maintien de l'écosystème 107

Une simulation avec ces paramètres sur 500 tournois montre que le nombre moyen de nouveaux joueurs / nouvelles bankrolls nécessaires au réapprovisionnement est de 450. En fait, pour une simulation de 400, 300 et 200 tournois, le nombre moyen de nouveaux joueurs / nouvelles bankrolls nécessaires au réapprovisionnement sont de, respectivement, 350, 250 et 150. En d'autres termes, il faut 50 nouveaux joueurs / nouvelles bankrolls de moins que le nombre de participants au tournoi pour maintenir un ratio d'1:1 relativement au nombre de bankrolls détruites.

Ce n'est pas un chiffre insignifiant pour maintenir l'écosystème, et peut-être bien supérieur à ce que certains peuvent imaginer.

Pour ceux qui veulent s'amuser avec le simulateur et rentrer leurs propres paramètres, voici une version qui prend en compte la compétence des joueurs.

Name Surname
Darrel Plant
Name Surname
Jeremie B.

PLUS D'ARTICLES

En savoir plus