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Vis ma vie de couvreur, l'interview de Steven Liardeaux

Vis ma vie de couvreur, l'interview de Steven Liardeaux 0001

Dans l'ombre, les couvreurs racontent les tournois de poker et constituent un maillon essentiel de l'industrie. Rencontre avec un reporter d'expérience en pleine Table Finale du WIPT 2015, Steven Liardeaux. Bensimon ou Veunstyle a connu le Partouche Poker Tour, les WSOP à las Vegas et écume le circuit depuis cinq années. Il nous raconte son métier.

Salut Steven, tu es en pleine finale du Winamax Poker Tour... 12 heures de TF, 3 heures que le duel final est en marche... c'est long, tu ne tiltes pas un peu ?
Quatre heures de HU même ! C’est très long, forcément, on a beau être couvreur, on reste humain. Pas de tilt, mais pas mal de fatigue accumulée, ça c’est évident. Comme j’aime le dire aux joueurs, les couvreurs ne sautent jamais des tournois ! On est en toujours en Table Finale, et on va même au bout du tournoi à chaque fois !

- Quatre journées de départ sur deux jours, deux Jour 2 en 24 heures, être couvreur c'est toujours un marathon ?
En l’occurrence, le WiPT est un vrai marathon, c’est vrai. Après, à la différence d’un vrai marathon, on n’est pas seul non plus. Il y a les collègues, le staff qui est souvent au top, et presque toujours un joueur qu’on aime bien ou qu’on connaît de longue date qui arrive à deeprun. Mais de façon générale, il faut être prêt à ne pas compter ses heures, à faire des des journées de 15h, se dire qu’un dimanche c’est comme un mardi, que midi ou minuit c’est pareil. Il faut aimer ça aussi, et ça tombe bien, j’adore mon métier.

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Veunstyle & mama au WPT N Marrakech - Crédit Fabien Richard

Quelle est ta formation et ton parcours avant le poker ?
Depuis tout petit, je voulais être journaliste. J’ai fait une école de journalisme à Paris après le BAC, et j’ai rapidement choisi ma voie : la télévision. J’adorais ce que je faisais, Laurent Fontaine a été l’un des premiers à me donner ma chance en me faisant travailler dans sa boite de prod’. L’un des employés m’a alors dit un jour "tu sais, je connais Fabrice Soulier, je pourrais te le présenter si tu veux". J’ai eu une chance énorme, Fabsoul m’a rapidement fait travailler sur un WPT à Paris pour un premier coverage sur le défunt madeinpoker.com.

Quelques jours après, il m’a annoncé qu’il m’emmenait à Vegas pour un mois, c’était en 2010 ! Une fois rentré sur Paris, j’ai décidé que je ne voulais faire que ça, et ça fait 5 ans maintenant que je vis de ça.

Tu as fait les commentaires TV pour les WPT National? tu animes régulièrement le « Multiplex Poker » de Winamax, mais la base de ton activité c'est le reportage en direct. Qu'est ce qui te passionne dans les coverages ?
J’adore le poker, c’est déjà un premier point très important. Si je dis ça, c’est que je sais que ce n’est pas le cas pour tous mes collègues. Grâce aux reportages, je voyage pas mal, et j’ai aussi découvert beaucoup de pays que je ne pensais pas visiter un jour.

Je ne remercierai d’ailleurs jamais assez Laurent Dumont, le boss de Club Poker, qui m’a envoyé un peu partout ces deux dernières années. En ce qui concerne le boulot en lui même, j’aime suivre le parcours d’un joueur de tournoi, j’aime les émotions que ce jeu produit, j’aime le côté compétition, j’adore discuter stratégie avec les plus grands joueurs. On a beau raconter toujours la même chose, j’adore, puisqu’il faut trouver à chaque fois une façon différente de raconter qu’un mec à fait tapis avec QQ et qu’un autre a payé avec AK.

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Jooles et Harper à l'Aviation Club de France

Allez, parles nous des soirées avec les croupières et des room party dans les palaces avec les gens du circuit, les joueurs, les croupiers et les autres couvreurs...
Ah tu veux du dossier ? Évidemment tu n’auras rien ! Mais c’est une belle famille le poker. Toujours les mêmes joueurs, les mêmes dealers, les mêmes couvreurs et aussi toujours les mêmes boites, les mêmes afters. On s’éclate vraiment tous ensemble. Moi j’aime beaucoup cet esprit. On n’est pas là à taper sur nos ordinateurs comme des machines, puis direction l’hôtel et au lit. Ça c’est interdit !

Il faut travailler correctement, et profiter de la vie ensuite sans modération. Et même après une journée de 14heures dans le casino, c’est un plaisir de raser mes collègues au poker chinois dans la chambre d’hôtel, au lieu d’aller se reposer !

Plus sérieusement, Quelles sont les qualités d'un bon reporter poker?
Patience, organisation, écoute, motivation, curiosité. Accessoirement, bien écrire, ça aide quand même !

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lOrDy & mama au WPT National Brussels

Je sais que tu aimes toucher les cartes, ça t'apporte en tant que joueur ?
Évidemment ! Quand Davidi Kitai et Erwann Pecheux t’expliquent un coup de poker en détail, avec le raisonnement derrière qui va bien, c’est du coaching gratuit. Je bois leurs paroles et j’ai évidemment progressé à leur côté.

La TeamCouvreur est une petite tribu du circuit poker, c'est aussi un travail qui se fait avec les autres collègues le reportage en direct ?
On travaille tous pour des sites différents, mais il n’y a absolument aucune concurrence. On a tous besoin les uns des autres. Si j’ai besoin d’avoir une info, Tapis Volant qui travaille pour PS et Kinshu qui travaille pour Winamax, me la donneront toujours. Et vice versa. C’est une fratrie les couvreurs, et je suis fier d’en faire partie.

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Veunstyle, Tapis_Volant & Jooles lors d'un PPD au Lyon Vert

Allez, dis-nous qui est le meilleur joueur parmi les couvreurs ?
En cash game, sans hésiter, je vais te dire Tapis Volant. En tournoi… c’est plus dur. Jooles a quelques bons résultats, notamment sur ce WiPT ou il se classe 22e, mais je pense quand même que le meilleur c’est Harper. Et je pense ne pas être très loin derrière au classement. Désolé mama !

Combien de tournois as-tu couvert ? N'as tu pas fait le tour ? As-tu toujours envie d'aller en reportage ? Même quand c'est pour un tournoi qui ne fait pas rêver ?
Je n'ai aucune idée du nombre de coverages réalisés. Bonne question, il faudrait que je me penche là dessus un jour... Non je ne pense avoir fait le tour encore, et oui j’ai toujours cette envie folle d’arriver sur le prochain tournoi. Par exemple là, je viens à peine de finir ce marathon du WiPT, mais j’ai hâte d’arriver à Marrakech pour couvrir les WSOP Circuit pendant une semaine. Et quand le tournoi fait moins rêver, on trouve toujours du positif et une source de motivation pour y aller et rendre le reportage enthousiasmant.

L'opérateur Winamax a passé une annonce Pôle Emploi pour trouver un couvreur, as-tu candidaté ? Quel est ton sentiment ? Qui peut obtenir ce poste plutôt prestigieux ?
Je travaille déjà avec Winamax sur la radio depuis presque deux ans. Je pense qu’ils sont satisfaits de la qualité de mes prestations derrière le micro, et c’est déjà très bien, puisque la radio est mon premier amour. Mais pour ce poste, peut-être que je n’ai pas le profil idéal, tout simplement.

Tu enchaînes donc avec le WSOP Circuit Marrakech, c'est une destination que tu aimes ?
Aaaah Marrakech. C’est ma deuxième ville ! La première fois que je suis venu ici…c’était déjà pour le poker, en 2010. J’adore venir ici, mon passeport est rempli des coups de tampons des douaniers marocains. J’adore le Es Saadi et la façon dont le casino a évolué, il fait toujours beau et les Marrakchis sont très sympas et accueillants. Je crois même que c’est ma destination préférée, tout simplement.

Quel est ton tournoi favori ? Ton meilleur souvenir sur le circuit ?
Dur ça comme question. Les WSOP sont hors concours j’imagine ? On va dire le SISMIX de Winamax. Je crois que c’est l’un de mes meilleurs souvenirs. Même dans ma jeunesse, je n’avais jamais été 5 soirs de suite en boite, en m’éclatant autant. J’ai déjà hâte que la prochaine édition commence, en plus ce sera pendant mon anniversaire…

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Maxime Arnou, rédacteur en chef de Livepoker.fr par Steven Liardeaux

Tu nous a préparé une sélection de tes meilleures photos de ton dernier reportage à Clichy

(les trois photos illustrent l'interview, ndlr). Pourquoi as-tu choisi ces clichés ?
La photo est quelque chose de très important dans les coverages. Tu peux écrire un post ridicule, si la photo est top, ton post est presque sauvé. A mes débuts, j’ai eu la chance de travailler avec le meilleur photographe dans le poker, Jules Pochy, et j’ai évidemment retenu pleins de bons conseils qu’il a pu me donner. Alors aujourd’hui je te propose donc ces clichés :

* Celui sur Maxime Arnou est un hommage à un collègue couvreur que j’adore, avec cette petite phrase au dessus de sa tête, « Entrez dans l’histoire ». Au final, c’est Jooles qui a bien failli entrer dans l’histoire, mais c’est pareil, c’est la famille, et j’attends ce moment où l’un d’entre nous prouvera à pas mal de gens que nous ne sommes pas seulement de simples robots à la recherche du flip perdu.

* La photo d’El Mostafa Ederoua... je la trouve juste belle ! Le mec est en finale, et sur sa tête, il y a un sourire sincère, le sourire du mec qui savoure son moment. Sachant qu’on fait un peu toujours les mêmes photos, il faut essayer de chercher le petit détail à chaque fois. Et là, c’était l’épée. J’aurais trouvé ça chouette aussi qu’il gagne le tournoi.

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El Mostafa Ederoua triple sous les yeux de Veunstyle

* Enfin j’ai choisi cette photo avec Damien Lhommeau et Fabrice Matheu, le frère du coach des Winamax. Damien porte un regard méfiant et intrigué sur un joueur complètement amateur. C’est aussi ça le poker, un grand champion peut rencontrer un illustre inconnu. Et ce grand champion n’a pas intérêt à sous-estimer forcément cet amateur, ce qu’a parfaitement fait Damien Lhommeau ce jour là.

Merci Steven. Pour finir, y a-t-il une question que j'ai oubliée à laquelle tu souhaiterais répondre quand même ?
J’aurais aimé que tu me demandes si tu penses que je ferais ça toute ma vie, et je t’aurais répondu que non, presque évidemment. Mais que surtout je n’imagine pas trop encore la vie sans ce milieu. Je ne vois pas vraiment d’évolution, sachant qu’en plus toutes les portes sont fermées et tous les bons postes sont pris. Et ça, ça me tracasse un peu, c’est vrai. Mais je suis ouvert à toutes les bonnes opportunités, évidemment.

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Damien Lhommeau vs Fabrice Matheu, le pro contre l'amateur c'est aussi ça le poker.

leading picture credit : Hugues Fournaise

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Matthieu Sustrac

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