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Entretien avec Ed Miller « célèbre autorité du poker »

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Ed Miller a fait du chemin depuis la sortie de son premier livre, on le considérait alors comme un écrivain du poker amateur. En 2000 fraîchement diplômé du prestigieux MIT (Massachussets Institute of Technology) il atterrit à Richmond chez Microsoft. En dehors de son travail, Ed aime jouer au poker en ligne, c'est devenu une véritable passion et en 2003 avec un bon niveau, il aurait pu se passer de son emploi chez Microsoft. Le hasard a voulu qu'il rencontre Mason Malmuth et David Sklansky, ils ont apprécié Miller, sa vision du poker et lui ont proposé de collaborer à son essai sur le poker « Small Stakes Hold 'em: Winning Big with Expert Play » souvent cité en référence depuis sa première édition. Miller enchaîna un autre ouvrage pour les débutants au Hold'em, puis un troisième « No Limit Hold 'em: Theory and Practice » sorti cet été aux Etats-Unis. Il travaille aujourd'hui à un nouveau projet dont nous parlerons plus longuement au cours de notre entretien.

Bernard Chapin : Afin de permettre à nos lecteurs de mieux vous cerner, revenons sur votre personnalité. Vous n'êtes jamais cité comme un grand joueur et votre visage est inconnu sur les écrans des tournois télévisés. Ce déficit d'image et de notoriété a t'il fait obstacle à vos ambitions en tant qu'auteur et spécialiste ? Selon vous peut on conjuguer le talent d'essayiste avec celui de champion ?

Ed Miller : Mon cas est particulier, j'ai fait mon expérience et suis reconnu dans un autre domaine. Internet est mon univers, les joueurs en ligne me connaissent bien mais sont souvent incapables de dire à quoi je ressemble. Je jouis d'une bonne notoriété en ligne et beaucoup me connaissent loin de la puissance médiatique télévisuelle. Nombre d'auteurs ne se font pas de nom en tournois et il me paraît difficile de concilier les deux disciplines. Les champions sont trop concentrés sur leur jeu, leurs adversaires et les tournois pour écrire sérieusement. L'écriture demande beaucoup de travail et d'implication personnelle, alors pour répondre clairement à votre question, je dirais qu'il est très difficile de mener de front ces deux passions. C'est mon point de vue, fondé sur ma propre expérience et je joue très rarement en tournois. Avec deux WSOP à mon actif, je suis coscient du temps et de l'énergie investis. Je fatigue vite autour d'une table, d'autant plus en tournoi, il m'est très difficile de rester concentrer aussi longtemps.

BC : Avez vous été surpris devant le succès de votre dernier livre auprès des lecteurs ? Vous attendiez vous à ce que les stocks soient épuisés aussi rapidement ?

EM : le succès de ce dernier essai ne m'a pas vraiment étonné, en revanche j'étais très inquiet pour les deux précédents. Au lancement du premier, le poker sortait tout juste des salles obscures pour s'ouvrir au grand public, alors je ne savais pas trop ce que je pouvais en attendre. Qui pouvait prédire cet engouement massif pour le poker. Je ne m'attendais absolument pas à ce que les lecteurs en fassent un ouvrage de référence.

BC : Que répondez-vous au critiques qui expliquent que ce livre est aujourd'hui dépassé notamment avec en ce qui concerne les limites (Limit) ? Est-il toujours d'actualité ?

EM : Oui, absolument, cet essai est toujours actuel même si le jeu a changé que les enjeux sont à la baisse. Le plus important est de retenir que généralement les pre-flop sont plus limités. Une fois cela pris en compte, nombre de techniques et bons conseils fonctionnent toujours. D'ailleurs nous nous attachons particulièrement au jeu après le flop dans ce livre et ses enseignements sont toujours bons à prendre. Cependant, je pense à un complément ou une réédition afin de tenir compte du jeu en ligne.

BC : Au regard du moindre intérêt des enjeux en jeu Limit, pourquoi la majorité des joueurs continuent en Limit alors que tous les pousse à passer au No-Limit ?

EM : Le passage des grands joueurs au No-Limit a rendu possible pour les moins bons de s'y retrouver en Limit. La migration des grands joueurs vers le No-Limit a engendré une situation ou il est facile de se faire de l'argent en Limit. Tous les bons joueurs que j'ai pu croiser en parties Limit sont aujourd'hui passés de l'autre côté. Oui tout se joue actuellement en No-Limit, mais les meilleurs joueurs sont là et il faut compter avec. C'est comme un pendule. Il finira par revenir dans l'autre sens et cela promet des parties intéressantes en Limit. Le jeu est différent, procure d'autres sensations. Une fois son expérience bien forgée le joueur peut passer à n'importe quel type de jeu. Comme moi, quelques joueurs passent au Limit, dans ce type de jeu on joue plus de mains à la rivière, les parties sont plus détendues, c'est plus ludique. En No-Limit, il faut être constamment vigilant, le facteur psychologique est primordial comme en compétition sportive.

BC : À propos de votre deuxième essai, « Small Stakes Hold 'em: Winning Big with Expert Play », en quoi le jeu en basse limite est-il tellement différent d'une limite plus élevée. D'aucuns estiment que vos arguments sont légers et que le différence ne justifie pas un livre.

EM : En effet, je reconnais que le jeu indépendamment de la limite est le même, mais nous nous adressions à des débutants. La méthode s'attache à montrer comment jouer avec de petits joueurs moins agressifs. La différence est importante, en face d'un joueur agressif, vous devez être plus passif, et demander « pour voir » plus souvent. Ce livre explique comment parier souvent pour récupérer de petites mises. En Limit plus haute cette stratégie attendrait rapidement les limites de votre tapis alors il faut être plus judicieux.

BC : Les deux ouvrages évoqués plus haut, ont été écrits en collaboration, comment vous êtes vous organisés dans votre travail ? Vous êtes vous répartis les chapitres selon vos affinités ou vos expériences, ou avez-vous travaillé ensemble ?

EM : Les deux expériences sont très différentes. Pour le premier, « Small takes » j'étais l'auteur principal, Sklansky et Malmuth ont simplement participé à la finalisation de mon travail, il l'ont relu et apportés quelques modifications au projet initial. Pour « No Limit Hold 'em: Theory and Practice » je me suis surtout appliqué à la rédaction tandis que David Sklansky apportait le concept, c'était avant tout son projet. Il m'a fourni les grandes lignes nous en avons discuté et je me suis occupé de la forme.

« Small Stakes No Limit Hold 'em », qui devrait sortir prochainement, a été écrit en collaboration avec Matt Flynn et Sunny Mehta. J'en suis à mon troisième essai tandis que mes collègues sont plus connus pour leurs publications sur le net notamment le forum « Two plus two ». Le texte comporte de nombreux exemples et complète parfaitement mon premier travail sur le sujet. Il s'attache à aider le joueur dans les situations difficiles qu'il pourrait rencontrer en live. Le premier volume devrait sortir en mars 2007, un second est en projet. Je suis intimement convaincu que ce bouquin va changer les mentalités, deux ou trois idées clef permettent de considérer le jeu sous un autre angle.

BC : Pensez vous que le niveau s'élève grâce aux publications, à mesure que les bons joueurs distillent leurs conseils ?

EM : Non, le jeu ne se complique pas pour autant. La littérature en revanche, permet à des joueurs qui auraient rapidement abandonnés après des débuts difficiles, de se constituer un bon capital théorique, qu'ensuite ils mettent en pratique. L'apprentissage est essentiel, souvent un débutant tentera de mettre ce qu'il sait en pratique même au risque d'échouer, c'est cela qui relève le niveau.

BC : Il y a peu je m'interrogeais encore de l'impact des tournois télévisés sur les parties avec de l'argent. Pensez vous que cette exposition médiatique alimente le vivier pour les « requins » du poker ? J'ai l'impression que la mode fabrique des joueurs qui ne font pas la différence entre tournois et cash-games, ou qui ne savent pas ce que signifie 5 max (cinq joueurs maximum à une table).

EM : En effet la surexposition médiatique amène de nouveau joueurs souvent inexpérimentés dont la perception du poker se cantonne à sa mythologie. Au début de cette vague médiatique, nous avons vu des gamins débarquer dans les casinos, sûrs d'eux ils comptaient leur jetons et vous toisaient avant chaque mise. Nous jouions le jeu c'était à chaque fois comme si nous étions au bout de nos possibilités, mais il n'a jamais été dit que c'était la télévision qui les avait amenés jusqu'à nous.

BC : Vous venez récemment de quitter Las Vegas pour New York, à des lieues de la Mecque du poker, Sin City. Est-ce un désintérêt momentané pour le poker, ou d'autres priorités vous appellent ?

EM : J'ai toujours voulu vivre à New-York et c'est le bon moment pour m'y installer. Par ailleurs, je souhaite également élargir le champ de mes activités. Depuis que je me suis mis à écrire, je ne consacre plus que cinq à dix heures hebdomadaires aux parties de poker. Je peux toujours me rendre à Atlantic City si cela me démange, mais depuis mon déménagement je joue beaucoup moins je crois que je vais essayer de devenir écrivain à plein temps, c'est bon écrire.

BC : La législation interdisant les jeux d'argent en ligne (UIGEA) est depuis fin 2006 en application aux États-Unis, que pensez vous de son impact sur le poker, êtes-vous pessimiste ? Pensez-vous qu'elle sera amendée ou supprimée et que nous pourrons à nouveau jouer sur des sites américains ?

EM : c'est ridicule et sournois, cette loi interdit les transferts d'argent vers les sites de jeux, pas le jeu en soi. Il y aura toujours un système pour opérer des transferts d'argent vers des joueurs américains, les sites qui disparaissent seront probablement remplacés, je ne pense pas que ce texte change vraiment les choses.

BC : Qu'en est-il du forum Two plus Two auquel vous participiez activement ? Je peux affirmer au nom de tous que vous nous manquez. Vous compter y revenir ?

EM : Oui c'est vrai j'ai cessé de poster, cela me demandait beaucoup de temps. Et j'ai décidé de créer mon blog notedpokerauthority.com. Je me consacre donc pleinement à celui-ci et qu'il sera référencé parmi les bonnes sources stratégiques. Je réponds aux posts sur mon blog, qui sait peut-être retournerais-je un jour sur le forum Two plus Two.

BC : Où avez vous pêché le nom de votre blog : « notedpokerauthority » (la célèbre référence du poker) ?

EM : C'est la petite histoire, les coulisses, allez je vous dit tout. J'étais avec mon ami David Fromm venu me rendre visite à Las Vegas. Nous sommes sortis, une soirée bien arrosée, joyeuse et nous aussi. Nous sommes entrés dans un casino, envie de Blackjak. Là, nous expliquions hilares aux croupiers parfois excédés par notre comportement qu'il fallait me parler avec égards, j'étais une célèbre référence au poker. Depuis, l'anecdote me colle à la peau, cela devait être mon blog.

*Bernard Chapin est écrivain, joueur de poker et psychologue à Chicago.

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