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Chronique Kipik : au-delà du virtuel

Chronique Kipik : au-delà du virtuel 0001

Déjà deux mois que je rédige cette chronique hebdomadaire, et je réalise que je n'ai jamais encore vraiment parlé du jeu « live ». En cercle ou casino. Ou même en parties privées.

Il faut avouer que je suis essentiellement un joueur sur Internet. Et j'oublie parfois un peu vite que le poker se joue pour l'essentiel autour d'une table. Avec de vrais gens. Qui parlent. Laissent transparaître des émotions, parfois instinctives, parfois feintes. Avec des cartes. Des jetons qui cliquettent. Un croupier en chair et en os ! Tôt ou tard, on s'y retrouve tous un jour, loin du confort de notre bureau et de l'anonymat.

Nulle part ailleurs mieux que chez soi

Certes, le confort de son chez-soi a du bon. Et, avec la possibilité de multitabler, à outrance parfois, Internet offre une formidable opportunité de « faire de l'argent ». De jouer beaucoup. Énormément de mains. En un temps record. Quand bon nous semble (ou, pour beaucoup, quand les enfants sont enfin endormis et que votre douce et tendre accepte de vous lâcher la bride).

A côté, l'option live semble bien peu séduisante : entre vingt et trente mains par heure, sur une seule table, avec un prélèvement nettement plus élevé, l'obligation de se déplacer (donc des frais supplémentaires, sans compter que, eh ! avec seulement une ou deux heures devant soi, quel intérêt ?)…

Pourquoi diable vouloir aller jouer en live ? Quitter son confort. Son anonymat. Pour une seule table. Qui joue au ralenti…

Les plaisirs de la table

S'il ne fallait qu'une seule et unique raison, au moins parce que, au final, jouer « live » est fun. Après tout, vous jouez bien au poker par plaisir ? Par envie ? Et pas par obligation. Personne ne vous y oblige. Et, si vous êtes un joueur amateur, personne ne vous impose même aucune obligation de résultat (OK, votre douce et tendre…). Si votre kiff était la plongée sous-marine, vous ne passeriez pas votre vie en apnée sous Second Life, non ?

Le jeu online n'est pas « fun ». Il est certes rentable (merci le multitabling). Confortable. Anonyme. Mais très rarement fun. A l'inverse, restez assis ne serait-ce qu'une heure à une table de casino et vous aurez assez d'anecdotes pour remplir un forum. Des anecdotes humaines, c'est le plaisir de ne plus jouer anonymement. Mais aussi de jeu. Parce que le poker « live » est très éloigné de ce qu'on trouve online.

Quel plaisir a-t-on à enchaîner les SNG ou à 16-tabler du Full Ring en mode set mining ? Si je joue essentiellement en tournois, c'est surtout parce que les deux autres options (SNG et CG en multitable) ne me procurent pas le plaisir nécessaire (passé une ou deux heures, la lassitude me gagne et le tilt me guette). C'est certainement une erreur pour quelqu'un qui souhaite vivre du poker… mais ça touche à l'hérésie quand on joue pour son plaisir. Quand on a la chance que le poker soit encore un loisir !

Un petit pas pour l'homme, un pas de géant pour le joueur

Si vous ne l'avez pas encore fait, abandonnez votre confort et votre PC. Et franchissez le pas. Si vous l'avez déjà fait, faites-le plus souvent (ça, c'est pour moi).

Parce que voici maintenant la bonne nouvelle : le poker live est aussi très intéressant. Et très rentable. Les pots grossissent à une vitesse folle, les gens misent et paient avec des mains extrêmement marginales, encore et encore. Et l'argent passe d'un joueur à l'autre comme s'il s'agissait de pourboires.

Pour un habitué des parties sur Internet, la première visite dans un Cercle/Casino est toujours un choc. Culturel.

Choc de cultures

La différence majeure est bien évidemment que la « clientèle » des casinos est essentiellement composée de gens de passage. Et de joueurs ludiques, qui viennent se faire une petite soirée. Un coup de roulette, un passage au blackjack et un peu de poker. Comme d'autres iraient au cinéma ou voir un match au stade. Personne ne vient vraiment pour bien jouer. Ou même pour gagner. Mais pour se faire plaisir. Et certainement pas pour coucher 90% de leurs mains. Bien au contraire ! Le joueur live veut de l'action. Il veut voir des flops. Des turns. Des abattages… surtout des abattages ! Il est venu pour ça, et personne ne lui empêchera de se faire plaisir.

Il n'est donc pas étonnant que certains arrivent à vivre même en jouant seulement sur les plus petites tables disponibles en live (2/2€). Certes, on ne peut y jouer qu'une table à la fois. Et seulement 25-30 mains par heure. Avec un prélèvement plus élevé que sur Internet. Mais cela reste une excellente affaire. Le niveau moyen est extrêmement plus faible que sur Internet et le taux horaire atteint des niveaux qui n'existent nulle part dans le monde virtuel. Et il en va de même sur les plus grosses tables, en particulier en Casinos où les « occasionnels » constituent l'essentiel des joueurs (alors que, en Cercle, le nombre d'habitués, qui savent ce qu'ils font, est tout de même plus élevé ; et augmente avec l'enjeu financier).

Grosso modo, on doit pouvoir estimer que, si vous jouer en NL25, vous allez trouver le niveau plus faible à des tables 2€/2€ que ce à quoi vous êtes habitué. Dans beaucoup de casinos, le niveau des 2/4€ ou 5/5€ ne sera pas bien plus élevé. Pour des mises plus importantes, attendez-vous tout de même à trouver du répondant : soit en niveau de jeu (réguliers et pros locaux ou de passage) ; soit en masse financière, ces fameuses « baleines » pour lesquelles les réguliers sont prêts à annuler tout projet de soirée, mais qui compensent partiellement leur niveau plus faible par un détachement à l'argent sans équivalent. Une proie de choix pour un habitué. Un animal dangereux à chasser pour qui n'est pas prêt. Ou n'a pas l'assise financière suffisante.

Nouveau terrain de chasse, nouveaux dangers

Ce risque financier est bien évidemment le plus gros souci des joueurs online qui font leur découverte du jeu « réel » : nombreux sont ceux qui, en fait, viennent jouer en n'ayant pas les reins assez solides pour encaisser la variance assez forte du live. Certes, si vous êtes gagnant en NL50, vous n'aurez aucun souci à jouer en 2€/2€. Mais attention tout de même à pouvoir encaisser des pots qui, avec des relances préflop à 12 ou 20€, vous amènent à jouer quasiment à chaque main pour plus que ce que représente votre cave habituelle.

Le second danger des tables « live » est dans l'action générée. Il est assez facile de rester solide online, de s'en tenir à un plan de jeu standard. Mais en réel, face à une meute de maniaques mourant d'envie de voir des flops, et qui semblent prêts à payer tout et n'importe quoi, on se retrouve vite ou à jouer trop serré parce que personne ne couche jamais rien (oui, As-Roi devient une main à problème). Ou, inversement, à ouvrir un peu trop son jeu pour aller profiter des fous furieux. Mon meilleur conseil sera alors de vous limiter à ce que vous savez faire. Et de ne rien changer. Imaginez juste que vous venez de trouver la table la plus « Loose Fishy » sur votre site habituel. Et faites ce qu'il faut. Mais sans pour autant vous laisser aller : respectez (à outrance !) la position, contrôlez au maximum la taille du pot (on vous paiera de toute façon quand vous aurez un monstre ou trouverez votre tirage), laissez le reste de la table vous traiter de serrure si ça leur fait plaisir (c'est l'image que vous aurez… mais ça ne les empêchera pas de vous donner de l'action)... et tout devrait bien se passer.

Le dernier risque est la gestion du tilt. Même si vous gérez bien ces situations dans le confort de votre intérieur, vous ne savez pas réellement comment vous allez réagir quand dix paires d'yeux (le croupier est aussi un être humain, ne l'oubliez surtout pas) vous observent. Si vous prenez un badbeat, sortez prendre l'air un petit quart d'heure.

Mais le plus dur, pour beaucoup, est en fait la situation inverse : infliger un badbeat. Montrer ouvertement au reste de la table qu'on s'est complètement planté. Et qu'on a chatté. Rien ne prépare un joueur d'Internet à cette situation où, tout à coup, on subit le regard de ses pairs. Leur moquerie (ouverte ou contenue). Leur désapprobation. Étonnamment, c'est souvent après un de ces jolis coups de chance qu'un joueur online voit son jeu se modifier le plus. On vient là tout auréolé de son « talent », de son savoir, de son niveau si supérieur au reste de la table… et la chute de l'ange résonne longtemps après que le hasard l'ait sauvé. L'ego vient de prendre un sale coup. Le pire est à venir…

À la découverte du nouveau monde

Ceci dit, le jeu en live n'est pas si différent d'Internet. Si, en plus, vous jouez déjà sur des sites et à des limites où les tables sont bien loose et les joueurs extrêmement collants, vous ne serez pas dépaysés. Et vous devriez passer de bons moments. De plaisir. Mais aussi financièrement. Allez-y sans peur. Mais sans non plus aucun sentiment de supériorité : débarquer en conquérant auréolé de gloire « online » serait la pire erreur. Vous débarquez dans un nouveau monde, qui vous est inconnu. Agissez en explorateur. En découvreur. Restez courtois. Convivial si vous pouvez. Et vous n'aurez probablement qu'une envie : y retourner !

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NDLR : Kipik est un joueur de poker français, spécialiste des tournois en ligne. Retrouvez chaque mardi sa chronique sur Pokernews et rejoignez-le sur notre forum.

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