Tony Vidmer, réalisateur du film "High Roller"
Diffusé pour la première fois en janvier 2005, le film "High Roller" porte à l'écran une vision subjective de la légende Stuey "The Kid" Ungar. Retour sur un succès.
Le réalisateur A. W. (Tony) Vidmer était un joueur amateur de poker. Après avoir abordé des parties de plus gros calibres, il commença à lire des livres sur le jeu pour en savoir plus long sur le poker et sur les joueurs. Il fut alors intrigué par la vie (et la mort) de l'icône du poker Stuey "The Kid" Ungar. Il décida de réaliser un film sur la vie de Stuey, et ce fut sa première création loin des documentaires officiels effectués sur commande.
Tony se rendit à New York, la retraite habituelle de Stuey, et interviewa ceux qui l'avaient connu, notamment à Las Vegas. Il était au Binion lorsque Stuey fut introduit de façon posthume au "Hall of Fame" du Casino. Il parla avec les croupiers du Bellagio, à ceux qui connurent Stuey et à ceux qui avaient eu affaire à lui. Un veritable catalogue d'anecdotes légendaires fut ainsi accumulé sous le sceaux de concepts comme ceux-ci : "Flambeur", "Excessif", "Perdant", "Légende".
Un script fut par la suite conçu par Vidmer sur cette base. "Les légendes constituent la trame essentielle du film" explique-t-il. "J'ai été assez sélectif, le film livre mon impression sur l'homme." "L'homme" fut le seul joueur ayant à avoir remporté trois fois le championnat principal des World Series of Poker.
Grâce à Steve Schirripa (Bobby Bacala dans "Les Sopranos" et ancient directeur des loisirs au Riviera), Tony fut mis en contact avec Michael Imperioli qui jouait dans "Les Sopranos" (Christopher Moltisanti) aux côtés de Steve. Après un déjeuner pris à New York ayant donné l'occasion à Tony d'exposer les grandes lignes du film, Imperioli accepta de jouer le rôle de Stuey. "Le personnage de Christopher est sombre. Stuey était sombre. Le rôle lui allait très bien." Quant au salaire d'Imperioli : "Michael a été payé au dessus de la moyenne, mais sans plus" précise Vidmer.
Réalisé avec un petit budget de moins d'un million de dollars, le film, au départ intitulé "Stuey", fut montré dans les festivals des Etats-Unis et à l'international (Londres, Calgary), profita d'un bon bouche à oreille et de critiques positives tout en cherchant un distributeur. Vidmer se souvient que le film "a remporté le prix du meilleur réalisateur au festival de San Diego et le prix du public à Nashville."
Au festival Cinevegas, des centaines de personnes avaient fait la queue durant plusieurs heures pour assister à la projection. Une autre projection avait dû être prévue. "Nous l'avons appelé la séance des "furieux" dit Vidmer. "Ils l'ont apprécié de toutes manières".
La société indépendante de production "New Line Cinema" fut intéressée par la distribution de la pellicule et changea le titre en "High Roller" pour gagner une plus large audience. La société obtint la diffusion du film sur la chaîne de télévision américaine "Starz" et le sortit également en DVD. "Starz" a retransmit le film près de 10 fois par mois depuis janvier 2005. Les locations du DVD ont rapporté à Vidmer entre 6 et 8 millions de dollars.
Le magazine Hollywood Reporter s'est fendu d'un "étonnamment fort... une biographie divertissante de bout en bout". Movieweb.com est positif à propos des acteurs : "Le casting de ce film est exceptionnel. Michael Imperioli et Steven R. Schirripa sont tous les deux parfaits. Ils forment une paire à l'alchimie belle et limpide". Le fameux écrivain sur le poker Andy Glazer avait été appelé en renfort en tant qu'assistant technique et tint un petit rôle dans le film, un présentateur de la chaîne ESPN. "Donnez lui sa chance" avait écrit Glazer à propos du film.
Une autre critique de Filmcritic.com : "Pensez à ce film comme si vous étiez assis sur un Valet-Huit. Dépareillé." Madeline Ungar, l'ex-épouse de Stuey, compara le film à "un travail sur la fiction."
Qu'a-t-il appris à propos de Stuey ? "Il allait extrêmement mal. Une chose est sûre à son propos. Il aimait sa fille, Stefanie. J'ai peint un portait assez sympathique de lui."
Le film fut distribué juste avant que le petit écran ne fasse du poker un jeu populaire et avant l'incroyable histoire de Chris Moneymaker ayant transformé un tournoi à 39$ en titre de champion des World Series et en 2,5 millions de dollars. Ainsi, certains ont pu regretter le manque d'images suffisamment nombreuses sur le jeu lui-même. Vidmer regrette cet état de fait: "si j'avais su ce qui allait se passer, j'en aurai inclus davantage." De plus, "si j'avais su que le poker allait prendre cette dimension, j'aurai tenté de réunir plus de fonds pour bénéficier de plus de temps pour le tournage."
Vidmer, qui vit dans la banlieue de Nashville dans le Tennessee aux Etats-Unis, est le fils adoptif d'un suédois qui a traverse l'Atlantique seuls dans un bateau long d'à peine 10 mètres. Il est reconnaissant envers son père pour lui avoir transmis son énergie créative ayant permis la réalisation du film.
"La réalisation du film est l'une des choses les plus gratifiantes qu'il m'est été donné de faire. La distribution fut beaucoup plus difficile. C'est la bête noire des réalisateurs. Le fait d'être extérieur au système rend très difficile la distribution" explique Vidmer.
Il souligne que "7.000 films ont été fait l'année dernière et seul 1 à 2% de cette production trouve un distributeur." Lassé du combat que l'on doit mener pour trouver un réseau de distribution, Vidmer s'occupe d'un "genre" de festival bien à lui, ce qui lui permet de créer une compétition entre des films qui ont de la valeur à ses yeux et qui garantit au gagnant la distribution de son film ainsi que 100.000 de prix."
Tony garde un intérêt pour le poker comme joueur ("Je joue d'ordinaire 100$ dans les sit & go", dit-il) et comme réalisateur : "Aujourd'hui, je m'intéresse au poker en ligne" conclu-t-il.
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