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Interview Poker - Bertrand 'Elky' Grospellier

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Le français Bertrand 'Elky' Grospellier est l'un des joueurs les plus en forme de la scène pokéristique mondiale. Depuis Janvier 2008 et les 2.000.000$ gagnés lors de sa victoire à la Pokerstars Caribbean Adventure, Grospellier est en plein rush. Son triomphe au PCA a été suivi d'une victoire à la sixième édition du WPT Festa Del Lago Classic, au mois d'octobre 2008, et de beaucoup d'autres très belles places payées, que ce soit 'live' ou online. Très récemment, il a ainsi décroché une troisième place au NBC National Heads-Up Poker Championship. L'ancien joueur professionnel de StarCraft (d'où lui vient d'ailleurs son pseudo 'ElkY') a accepté de partager avec PokerNews ses réflexions sur ce parcours sans faute.

PokerNews: Tout d'abord, parlons de vos résultats sensationnels de l'année dernière. Vous dites que ça a confirmé que votre jeu était bon. Mais plus précisément, quels sont les doutes de 2007 qui se sont aujourd'hui transformés en certitudes ?

Bertrand Grospellier: Ma première victoire en 2008 a été un énorme tournoi, la PokerStars Caribbean Adventure. Il y avait de tout dans le field : beaucoup de bons joueurs et beaucoup de joueurs au niveau plus approximatif, dont pas mal de qualifiés par Internet. L'autre tournoi, le WPT Festa al Lago, était totalement différent. Un field plus petit, mais pratiquement pas de qualifiés, que des pros. Un an plus tard, j'ai également remporté le tournoi 'High Roller' du PCA. Ce tournoi avait un buy-in bien plus élevé, accessible uniquement aux plus grands joueurs. Avec ces victoires, je me suis prouvé à moi-même que je pouvais battre n'importe quel field et ça m'a fait un bien fou.

PN: Il y a eu cette fameuse main finale au PCA 2008. Vous avez relancé avec 8-8 et Hafiz Khan est parti à tapis. Vous lui avez demandé combien il lui restait et vous l'avez senti nerveux quand il a fait le calcul. Est-ce que c'est la seule raison qui vous a poussé à faire ce call risqué ?

Grospellier: Non, bien sûr que ce n'était pas la seule raison. Ca faisait deux jours que nous étions assis à la même table et j'avais déjà eu l'occasion de le voir tenter quelques moves. A chaque fois qu'il faisait de petites sur-relances, il montrait invariablement Q-Q, K-K ou A-A. Le fait qu'il opte plutôt pour une grosse sur-relance cette fois-ci, à tapis, m'a surpris. Il essayait peut-être de me pousser à faire un mauvais call. Mais, en étudiant son visage, j'ai senti que c'était un coinflip. Il aurait peut-être 'poussé' aussi avec 9-9, mais pas avec 10-10. En plus j'étais chipleader et tout ça m'a amené à faire un call. Je n'ai pas été surpris de constater que j'étais devant, avec 55% [de chances de remporter cette main].

PN: Est-ce que tous ces résultats ont modifié votre manière d'appréhender le poker?

Grospellier: Non, je joue toujours globalement de la même manière mais j'essaie constamment d'améliorer mon jeu. La seule chose qui a peut-être changé, c'est qu'aujourd'hui j'ai plus confiance en moi, je sais que je suis sur la bonne voie. De fait, certains joueurs sont peut-être un peu plus intimidés quand ils jouent contre moi et ça me convient très bien, c'est un avantage quand on joue en tournoi. D'un autre côté, il y a aussi beaucoup de joueurs qui veulent à tout prix se retrouver dans un pot contre moi. Il faut encore que j'ajuste mon jeu en conséquence mais je crois qu'au final cette situation présente plus d'avantages que d'inconvénients.

PN: Est-ce que le WPT a été plus facile pour vous que l'EPT? Dans les tournois EPT, vous affrontez beaucoup de joueurs online, naturellement plus agressifs qu'au WPT, peuplé de joueurs 'live' de la vieille école, avec un jeu peut-être un peu plus passif ?

Grospellier: La structure des WPT est bien supérieure à celle des EPT. Les joueurs démarrent avec plus de jetons et les niveaux durent plus longtemps. Vous n'avez pas besoin de prendre autant de risques dans les tournois WPT. Les EPT, en revanche, ont une structure beaucoup plus rapide, qui invite à la flambe. Si on regarde les choses dans cette optique, on voit que ça n'a rien à voir avec le type de joueurs rencontrés. Durant les WPT aussi, je joue assez serré.

PN: Avant de découvrir le poker, vous jouiez à StarCraft. Le respect dont vous bénéficiiez à l'époque est-il comparable à la reconnaissance que vous procure le poker aujourd'hui?

Grospellier: Avant, j'étais très célèbre en Corée. Maintenant, grâce au poker, je suis respecté partout dans le monde. Même si mon image était plus forte en Corée, en définitive il ne s'agissait que d'un seul pays.

Les joueurs de poker gagnent évidemment plus d'argent et, lorsque les gens me regardent aujourd'hui, ils pensent avant tout à l'argent que je gagne. Il n'y en avait pas autant dans les jeux vidéo. Avec l'argent que je me faisais à l'époque, j'avais du mal à joindre les deux bouts. Dans le 'hardcore gaming', c'est mon niveau de jeu qui attirait le respect, rien d'autre.

Il est aussi beaucoup plus difficile de réussir aux jeux vidéo qu'au poker. Au poker, vous pouvez commencer à gagner et à bien vous débrouiller après une année d'entraînement. Pour en vivre, il vous suffit d'affronter de plus mauvais joueurs que vous. A partir de là, vous vous mettez à gagner de plus en plus. Aux jeux vidéo, vous devez impérativement figurer parmi les trois meilleurs, ou au moins les dix meilleurs du monde, pour pouvoir en vivre. C'est évidemment beaucoup plus compliqué.

PN: Vous avez déjà accompli tellement de choses au poker... Cela pourraît-il vous inciter à retourner aux jeux vidéo? Ou est-ce que c'est un chapitre définitivement clôt?

Grospellier: Eh bien, j'ai encore beaucoup de choses à apprendre. Lorsqu'on participe à des tournois de poker, la chance est toujours un facteur important. Le challenge que je me suis fixé au poker, c'est de battre la chance, haha. Mais je jouerai évidemment à StarCraft 2 dès qu'il sortira. Le jeu est prévu pour la fin de cette année et il se pourrait donc que je participe à un ou deux tournois, juste pour le plaisir. Mais je n'y jouerai pas autant qu'au premier. Le poker vous donne beaucoup plus de liberté que le 'hardcore gaming'. Les jeux vidéos demandent beaucoup plus de temps et, pour être tout à fait honnête, sont parfois plus monotones.

PN: A quelle époque avez-vous commencé à jouer aux jeux vidéo?

Grospellier: Quand j'avais trois ans. Mon frère a reçu un ordinateur. J'ai donc commencé à jouer contre lui et, dès le départ, j'étais bien meilleur. Lorsque je suis rentré au lycée, j'ai eu accès à Internet. C'était rigolo de jouer contre un ordinateur mais pas aussi intéressant ni aussi difficile que de jouer contre des humains. C'est un jeu totalement différent et j'y prenais beaucoup de plaisir. Quand j'ai su qu'on organisait de gros tournois en Corée j'ai décidé d'y aller. J'ai remporté deux tournois qualificatifs en France et terminé second du championnat. Après ça, j'ai signé un contrat de sponsoring et tout s'est parfaitement mis en place. J'adorais la culture de là-bas, la vie, la langue, tout. D'ailleurs je parle toujours coréen, même si je comprends la langue moins bien qu'avant.

PN: C'est à ce moment-là que vous avez fait la connaissance des joueurs de poker hollandais Victor Goossens et Lex Veldhuis. Vous êtes toujours amis?

Grospellier: Goossens a passé six mois en Corée; c'est comme ça qu'on s'est rencontrés. C'était un très bon joueur mais son séjour en Corée a été plus difficile que le mien. On s'entend toujours très bien. C'est d'ailleurs plus ou moins à cause de lui que j'ai fini par me mettre au poker. Beaucoup de joueurs de StarCraft de cette époque ont finalement franchi le pas et s'y sont mis. C'est le cas par exemple de Rekrul, de James Mackey, de RainKhan, de Ryan Daut et de RaSZi (Veldhuis).

PN: Où en est votre 'side bet' de développés-couchés face à RaSZi?

Grospellier: Je m'y prépare. Mon manager est un ancien coach de tennis professionnel et il m'aide beaucoup. J'ai vraiment très envie de gagner ce pari et j'espère être capable de battre Lex. J'ai perdu nos deux derniers 'prop bets', l'un portant sur une perte de poids minimum et un autre pendant lequel Lex n'avait plus le droit de jouer qu'à la 3$/6$. Mais, bien sûr, je n'avais aucun contrôle sur les événements. Lex a juste été capable de remplir les termes du pari deux fois de suite. Ce pari là est différent puisqu'il s'agit d'un affrontement, on va donc vraiment voir qui est le plus fort.

PN: Joueur de sit'n-go à la base, vous vous êtes soudainement mis à jouer des cash-games 'live' en tête-à-tête. Et les résultats ont l'air de suivre.

Grospellier: C'est difficile de joueur en heads-up 'live'. Souvent, les Casinos n'aiment pas ouvrir une table juste pour deux joueurs et, lorsque des tournois sont en cours, c'est la place qui manque. Mais c'est vrai que j'aime bien ça. Je me spécialise de plus en plus dans les tête-à-tête. En 'live', c'est très compliqué, même si je me suis beaucoup entraîné online. Les Heads-up génèrent beaucoup plus d'action et vous pouvez mieux contrôler votre adversaire. C'est marrant parce qu'à la fin, vous vous retrouvez dans beaucoup de situations marginales avec des mains que vous ne pouvez pas décemment coucher .

PN: Qu'est-ce qui vous plaît le plus? Vous jouez aussi beaucoup de SNG en tête-à-tête online. Au final, vous préférez les cash-games ou les sit'n-gos?

Grospellier: Je préfère les cash games, parce que vous avez plus de profondeur de tapis et que vous avez l'occasion de jouer plus de mains. En sit'n-go, le tapis de départ est moins important et les blindes augmentent assez rapidement. C'est un jeu totalement différent. En cash-game, vous devez en outre être plus agressif et, au final, vous pouvez vous faire plus d'argent.

PN: Vous jouiez des sit'n-gos à neuf joueurs. Pourquoi ête-vous passé aux tête-à-tête?

Grospellier: C'est plus drôle et en plus, les sit'n-gos à neuf joueurs ne sont plus rentables. Le niveau général des joueurs a trop progressé. Il y aussi l'échelle des gains qui n'est pas géniale et vous ne pouvez plus ajuster votre jeu comme avant parce qu'aux plus hautes limites, tout le monde maîtrise complètement les maths du poker.

PN: Est-ce que vous avez commencé à jouer des sit-n'-gos en head's-up pour pouvoir devenir le premier joueur à accéder au rang de 'PokerStars Supernova Elite'?

Grospellier: C'est vrai, j'ai commencé juste avant, suite à des 'side bets'. Je me suis mis à jouer de plus en plus en tête-à-tête pour gagner plus de FPPs (PokerStars Frequent Player Points). C'est la raison principale.

PN: Durant cette période, vous avez perdu beaucoup d'argent mais, si l'on en croît les rumeurs, vous en avez récupéré une bonne partie grâce aux 'side bets' que vous mentionniez à l'instant. C'est vrai?

Grospellier: J'ai beaucoup perdu. Je n'étais pas encore assez fort et le rythme que je m'étais imposé était infernal. A un moment donné, j'ai même joué 24h/24h pendant une semaine complète, avec des siestes de 15 minutes toutes les quatre heures. Bien sûr, mon jeu s'en est ressenti et j'ai donc très mal joué. A la fin de la semaine, je jouais tellement mal que j'ai décidé d'aller dormir. [Quoi qu'il en soit,] tout ce que j'ai perdu m'est revenu sous forme de bonus PokerStars. Les récompenses sont sympas lorsque vous devenez Supernova Elite.

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