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Interview Thomas Bichon : "Le sponsoring, des heures de cash en moins"

thomas bichon interview poker

Thomas Bichon est désormais un visage connu sur le circuit international. Joueur de cash-game hautes limites, spécialiste de l'Omaha, il a explosé médiatiquement après avoir remporté le WPT Chypre en 2009 puis décroché le sponsoring 'Job2Stars' de Pokerstars quelques mois plus tard.

Actuellement à Salzburg, où il s'apprête à disputer quelques parties de cash à très hauts enjeux dans le sillage de la caravane du Casino Austrian Poker Tour, Thomas répond aux questions de PokerNews.

L'EPT Berlin

- PokerNews : Bonjour Thomas, tu étais à Berlin il y a quelques jours encore pour participer à l'étape locale de l'European Poker Tour. Tu finis dans les places payées (90ème pour 10.000€). Raconte-nous ton tournoi en quelques mots.

- Thomas Bichon : Mon Day 1 s'est magnifiquement passé, je l'ai terminé avec plus de cinq fois le tapis de départ. Le Day 2 s'annonçait aussi sous les meilleurs auspices, avec un tirage de table plutôt clément. Malheureusement, je n'ai pas vu une carte de la journée et n'ai quasiment pas remporté un coup post-flop. Mis à part un mec qui s'est suicidé contre moi avec deux Valets et 50 blindes. J'avais les As. Mais ça n'a pas suffi à me sortir de l'embarras et j'ai fini la journée un peu en-dessous-de la moyenne en jetons. Quand on se retrouve avec une vingtaine de blindes, il n'y a pas de recette miracle. Il faut attendre les bons spots pour 'squeeze' ou 'resteal', tout a déjà été dit sur ce sujet. Très vite dans le Jour 3, je n'avais plus le tapis suffisant pour maintenir la pression sur mes adversaires. C'est d'autant plus rageant à la bulle, lorsque certains sont susceptibles de jouer en 'scared money'. Bref, j'ai fini par m'éteindre de ma belle mort, sur une tentative de squeeze avec AQ qui n'est pas passée. Les Dames et les Rois en face. Ce genre de scenario se reproduit un peu trop souvent à mon goût depuis un an : je fais des 'deep runs', je rentre dans les places payées une fois sur quatre mais ne passe plus les coups qui pourraient me permettre de redevenir énorme et d'attaquer la dernière ligne droite en position de force.

Un edge, vraiment ?

- PN : Tu es donc à Salzburg pour y disputer une très belle partie de PLO (blindes 20€/40€), contre quelques uns des meilleurs spécialistes allemands, suisses et autrichiens de la discipline : Anton Allemann, Ronnie Kaiser, Markus Gloser et compagnie, qui sont réunis là pour participer au Main Event du CAPT. Quel est l'intérêt d'aller affronter les meilleurs ? Peut-on considérer avoir un edge sur ce genre de joueurs ?

- TB : On a tous une confiance dans notre jeu inébranlable et on aborde tous ce genre de rendez-vous en pensant avoir un edge. Pas forcément sur chacun des joueurs pris individuellement mais sur la dynamique de la table. Dans ce genre de partie, il est très important de ne pas prendre un mauvais départ, de contrôler la taille des pots et de bien gérer ses mauvais cycles. Sans quoi, il est très facile de prendre un gros bouillon. Autre point important : le fait d'affronter ces joueurs en live plutôt que sur Internet. En live, on ne joue que 25 mains par heure (contre 80 online) et on joue avec des tapis très profonds, jusqu'à 500 blindes; Ce qui peut conduire certains à commettre de micro-erreurs, comme de trop ouvrir son éventail de mains de départ, trop défendre ses blindes ou, de manière générale, trop jouer hors de position. Or, avec 500 blindes de profondeur, les cotes implicites inversées sont énormes et peuvent coûter de petites fortunes aux joueurs trop aventureux. Je compte sur des erreurs de ce genre et essaierai de ne pas en commettre de mon côté.

Ses débuts en tournoi

- PN : A l'origine, tu es donc un joueur de cash. Comment passe-t-on du cash au tournoi ?

- TB : Je m'étais un peu perdu a San Remo en 2006 et me suis inscrit par hasard dans un 200€ du Championnat d'Italie, où j'ai fini 10ème. C'était mon premier tournoi 'Live' et j'en ai gardé un excellent souvenir. Je suis revenu aux tournois deux ans plus tard mais uniquement en sélectionnant des Events 'majeurs'. Parce, que sinon, le rendement horaire n'est pas intéressant par rapport aux sommes que je peux gagner en cash-game. D'ailleurs, je ne suis toujours pas convaincu de la profitabilité des tournois sur le long terme. Si l'on prend mes stats Hendon Mob, j'en suis déjà à plus d'un million de dollars de gains en tournoi mais, si l'on retranche les buy-ins, les billets d'avions, les chambres d'hôtel et tous les autres frais, mes gains nets ne doivent pas excéder 20% de cette somme. Pour mener une vie de joueur de tournoi professionnel, point de salut en dehors du sponsoring à mon avis.

- PN : Ce qui ne t'empêche pas de jouer les gros tournois internationaux, même maintenant que ton sponsoring avec Pokerstars s'est achevé...

- TB : C'est vrai. Certains EPT et WPT, les WSOP aussi. Ce que j'appelle les Grands Chelems. Il y a aussi quelques classiques qui m'intéressent : Masters Classic d'Amsterdam, Irish Open et Aussie Millions. Sans oublier le Partouche Poker Tour.

Parmi tous ces tournois, j'ai quand même un faible pour ceux du World Poker Tour. Et pas uniquement parce que j'ai gagné à Chypre ! Sur ce circuit, les structures sont toujours magnifiques, on a vraiment l'impression d'avoir le temps de développer son jeu. A Chypre, par exemple, on a eu droit à six jours de tournoi ! On a beaucoup d'armes pour s'en sortir.

Le revers de la médaille, c'est qu'avec la multiplication de l'offre de tournois, les fields WPT deviennent moins conséquents mais plus relevés; Ca devient donc à la fois plus difficile et moins rémunérateur. Avant, les étapes européennes du WPT n'attiraient pas trop les pros mais, depuis, les joueurs se sont rendus compte que les WPT à buy-in modéré (entre 2.000€ et 3.000€) représentent un sésame aussi bien financier qu'une ouverture inespérée au sponsoring en cas de victoire. Du coup, beaucoup d'excellents 'grinders' en ligne passent directement des gros tournois réguliers sur Internet à ces Events 'live', qui leur permettent de gagner en visibilité médiatique sans trop mettre en danger leur bankroll. Bref, ça devient de moins en moins une partie de plaisir...

Sponsoring ou cash-game, il faut choisir

- PN : Et ca n'est pas trop dur de concilier cash-game et tournoi, surtout maintenant que tu n'es plus sponsorisé ?

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- TB : L'argent n'est pas le problème principal, c'est le temps. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'ai pas donné suite à l'offre de Pokerstars, qui me proposait de prolonger mon contrat. Financièrement, elle était moins intéressante, ce qui n'est guère surprenant vu les conditions de rêve dont j'avais pu bénéficier avec 'Job2Stars' (NDLR : un contrat initial qui s'élevait à 300.000$ sur un an). Mais, du coup, le jeu n'en valait plus la chandelle. Ca me prenait 40 semaines dans l'année, vu les différents engagements couplés au contrat (tournois français, tournois online, sollicitations médias, articles et blog, etc...). Pour un joueur qui ne fait que des tournois, c'est intéressant et même - je l'ai déjà dit - crucial. Mais quand on joue en cash à hautes limites, il faut faire ses calculs et opter pour ce qui est le plus rentable. Toutes ces obligations annexes, ce sont des heures de cash en moins....

Coté sponsoring, j'ai eu depuis deux propositions très consistantes mais que j'ai dû décliner. Difficile d'être sponsorisé lorsqu'on a la prétention de jouer aussi en cash-game. A part peut être Full Tilt, qui fait la part belle aux joueurs de cash game.

- PN : C'est un appel du pied ?

- TB : (rires) Pas vraiment. Disons que, concernant de futurs sponsorings, ma décision sera au moins autant motivée par le côté financier que par l'engagement demandé en contrepartie. En ce moment, j'ai un deal ponctuel avec PartyPoker, sur le site WPT.fr. Je n'ai aucun problème à faire de la pub au World Poker Tour, c'est vraiment mon circuit de prédilection.

Son programme aux WSOP

En attendant, je vais profiter de ma liberté renouvelée pour préparer dans les meilleures conditions le séjour d'un mois que je m'apprête à effectuer à Vegas, à l'occasion des WSOP. L'année dernière, j'étais arrivé sur les rotules. Cette année, je vais zapper San Remo et, peut-être, la Grande Finale de l'EPT à Madrid. Je vais me recharger une dizaine de jours avec ma petite amie, reprendre avec le WPT Barcelone et tout déchirer aux WSOP ! J'ai vraiment de grands espoirs en 2011, je ne peux pas croire que ca va se passer comme l'année dernière. où j'avais du faire deux cash pour 13 tournois disputés. J'avais pourtant vu pas mal de fautes techniques sur les épreuves de Omaha, raison pour laquelle je vais m'inscrire aux cinq épreuves d'Omaha au programme. Sinon, je vais faire abstraction des 'donkaments' à 1.000$ ou 1.500$ et me concentrer sur les grosses épreuves, à 5.000$ et 10.000$ en NLHE et en Pot-limit Hold'em. En tout, je compte disputer une dizaine d'épreuves à Vegas. J'y serai du 1er juin au 1er juillet, ce qui signifie que je ferai également l'impasse sur le Main Event. Un mois à Vegas, ça va, six semaines, j'aurais du mal...

- PN : Quels sont les espoirs de bracelet français à ton avis cet été ?

- TB : Les fields sont tellement énormes que je pense que nos meilleures chances se situent dans les variantes un peu exotiques, là où il y a 120 ou 150 joueurs max. Le Stud, le Razz, ce genre de choses. Et les meilleurs spécialistes français en la matière se nomment Sabic, Luneau, Lellouche ou Soulier. C'est sur eux que je mettrais une bille cet été...

Les parties 'High Stakes' en France

- PN : Dernière question : Tu es à Salzburg aujourd'hui, à Chypre ou en Australie demain. Est-ce à dire qu'il n'y a plus de grosses parties en France actuellement ?

- TB : Je joue les plus grosses parties qui se font en Europe. Même si elles sont moins chères et plus sporadiques qu'il y a deux ans. Le phénomène est encore plus marqué en France, où il n'y pas de grosse partie régulière à 20€/40€, ce que je regrette un peu. Ce qui se passe, c'est que lorsque Benyamine et Lellouche sont là, des parties s'organisent mais les enchères dérapent rapidement et font fuir la plupart des joueurs. Ca tient quelques soirées et puis ça casse pour plusieurs semaines. Il ne faudrait pas que ca dégénère comme ça. A Londres ou en Australie, ça joue de manière plus linéaire mais ça tient plus longtemps.

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Gwenn Rigal

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