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Une main des WSOP : Quand extraire le maximum tourne au drame (stratégie tournoi)

Une main des WSOP : Quand extraire le maximum tourne au drame (stratégie tournoi) 0001

William Kopp a terminé 12ème du Main Event des World Series Of Poker en 2009, le plus gros tournoi du monde à Las Vegas, pour un gain de 896.730$. En 2010, l'Américain termine loin des places payées lors du Jour 3 sur une main assez particulière. Il nous en livre l'analyse et explique pourquoi sa façon de jouer est celle qui permet de rentabiliser au maximum une main forte.

Le contexte de la main aux World Series Of Poker

Le Jour 3 du Main Event des World Series Of Poker de Las Vegas a été plutôt tranquille. En y repensant, le Jour 1 a été quant à lui exceptionnel, j'ai réussi à plus que tripler mon stack de départ. Ma table était bonne : j'ai réussi à extraire des jetons à différents adversaires sans prendre trop de risques. Le Jour 2 s'est déroulé comme le Jour 1 et je pouvais difficilement espérer mieux. A la table où je fus assis, mon tapis était de plus du double de celui de mes huit opposants. Tous semblaient passifs, ce qui m'a poussé à ouvrir quasiment tous les pots quand tout le monde s'était couché avant moi. J'en étais arrivé à un point où je relançais ma main puis je regardais mes cartes, ainsi toute la table savait que je jouais "in the dark".

Certains joueurs commentais mon style fantasque mais personne ne savait comment se défendre à cause de la taille de mes mises. S'entendre dire que l'on est un joueur difficile à jouer est mon rêve de joueur professionnel. J'étais ce que l'on appelle le "Capitaine de table".

Je suis arrivé ainsi jusqu'au Jour 3 où je suis tombé pour la première fois sur une table plus difficile à jouer. Heureusement, deux jeunes joueurs de poker en ligne que je connais étaient assis à ma droite avec de petits tapis. En ligne, j'ai tendance à être très agressif. Mais au Main Event, avec une bonne structure, j'ai tendance à jouer plus prudemment à moins d'avoir une très bonne opportunité de gagner des jetons, même avec une main relativement faible. J'ai fait des 3-bets (sur-relances) pré-flop à trois ou quatre reprises dans la journée. La table jouait un poker standard, ce à quoi je m'attendais. Personne n'avait encore 4-bet pré-flop jusqu'à ce moment, à la fin du Jour 3, où je fus confronté à une situation qui provoqua ma sortie du Main Event 2010.

Etablir un plan pré-flop

Les blinds étaient de 1.000/2.000 et j'étais de small blind. Le joueur Under the gun (UTG) ou peut-être UTG+1 limpe pré-flop. Les autres passent jusqu'à un joueur qualifié sur PokerStars qui relance à 7.000. Mon read sur ce joueur est qu'il s'agissait d'un joueur moyen, qui ne s'écarte pas souvent de la ligne "standard". Il jouait essentiellement ses cartes et semblait toucher du jeu sur les derniers orbites. Tout le monde passe jusqu'à moi en small blind où je découvre deux As. J'ai regardé deux fois pour être sûr que ce n'était pas un Quatre ou une carte que j'ai mal lue mais j'avais toujours paire d'As. J'ai attendu une minute ou deux pour ne agir trop vite. J'ai compté le montant de mon 3-bet comme je l'avais fait auparavant dans la journée. En live, le montant des mes 3-bets est plus élevé qu'en ligne, pour différentes raisons qui feront peut-être l'objet d'un autre article. J'ai donc sur-relancé à environ 24.000, un peu plus de trois fois la relance initiale.

Les blinds ont passé, le limper a jeté ses cartes et sans hésitation ni temps de réflexion, le relanceur initial a fait un mini-raise à environ 41.000. A ce moment, j'étais à la fois excité et alarmé. Comme je l'ai dit ci-dessus, il n'y avait pas eu de 4-bet de la journée. Au début de la main, nous avions chacun 230.000 et si j'avais 5-bet ou envoyé all-in cela aurait paru extrêmement fort. Je sentais ce joueur capable de faire un "hero fold" avec KK pré-flop. Et s'il avait les As, le pot était partagé. Mon principal souci était de ne pas faire passer des mains fortes pré-flop que je dominais et qui avait une bonne chance d'aller all-in sur le flop ou sur la turn.

J'ai calmement réfléchi à la façon d'extraire le maximum avec ma main. Envoyer all-in aurait été terrible parce qu'il aurait probablement jeter la plupart de ses mains. J'avais déjà vu ce joueur suivre un relance avec paire de Valets, aussi j'évaluais sa range comme étant QQ, KK, AA et AK. En plus des mises faites sur cette mains, les mains que ce joueur avait montré au showdown dans les mains précédentes me confortaient dans l'idée de cette range. Je me suis demandé ce que j'allais faire sur les streets suivantes et j'ai ajouté les 17.000 jetons supplémentaires.

Jouer le flop pour maximiser sur les streets suivantes

Avant de voir le flop, je me suis dit que j'allais jouer prudemment si un Roi ou un Dame tombait sur le flop. Beaucoup de joueurs auraient du mal à abandonner leurs As dans cette situation, mais je voulais slowplay une paire pour inciter mon adversaire à me donner de l'action sur le flop. Je le voyais principalement sur QQ ou KK et il me faudrait être très prudent si une de ses cartes sortaient su r le flop.

Le flop fut 8x8x4x. Un très bon flop pour ma main pour plusieurs raisons. Ce joueur n'avait jamais 4-bet de la journée, je pouvais donc éliminer de sa range 44, 88 et toutes les mains avec un 8. Etant hors de position, j'ai prévu de faire un check-raise modeste afin d'inciter mon adversaire à investir plus d'argent dans le pot. Il devrait faire un continutaion bet environ 80% du temps dans ce type de situation. S'il a AK, un check-raise maximise la valeur de ma main. Et s'il a QQ ou KK, je gagne encore plus avec un check-raise.

Aussi, j'ai checké le flop. Après un moment de réflexion, il a checké après moi. J'ai immédiatement pensé qu'il avait AK. Ce joueur avait très souvent fait un continuation bet dans les mains précédentes. Il avait décidé de 4-bet alors que j'avais 3-bet hors de position et il checkait sur ce flop. J'étais quasiment certain qu'il avait As-Roi dans la mesure où checker avec QQ ou KK était assez mauvais, si un As tombait sur le turn. Il y avait 85.000 dans le pot à ce moment.

Choisir une ligne qui maximise contre une range

La turn fut l'A. Bonne carte pour moi, n'est-ce pas ? J'ai maintenant le full max et je ne peux perdre que contre un carré de 8. Pour être honnête, je n'aime pas cet As car s'il a checké avec QQ ou KK pour je ne sais quelle raison, l'As tue l'action. Peu importe que j'ai la meilleure main puisqu'il me serait très difficile de la rentabiliser. En fait, j'aurais préféré un 2 ou ce genre de carte.

Si je mise sur la turn, la seule main qui me donne de l'action est As-Roi, ce qui serait aussi le cas si je me contente de checker. Et un check me laisser aussi une chance qu'il mise en bluff. Je rentabilise alors au maximum. Si je check-raise, je représente trop de force (car j'aurais alors été pot committed et cela aurait effrayer un joueur faible). Je ne pouvais pas check-call car cela aurait représenté trop de force. Aussi, j'ai checké à nouveau sur la turn comme si j'abandonnais le coup. Assez rapidement, il a misé 35.000. Ce mise était plutôt étrange car elle était inférieure à la moitié du pot. Il semblait me hurler à l'oreille : "Paye moi s'il te plaît" ou il s'agissait d'un faux value bet qui voulait ainsi représenter encore plus de force pour mieux bluffer. Comme j'ai dit, check-call ou check-raise n'étaient pas des options valables à cause de la force de ma main. J'ai donc check-shove all-in pour 190.000. J'étais certain qu'il avait AK ici très souvent et j'espérais l'inciter à suivre 35.000 jetons de plus.

Quand le plan ne fonctionne pas

Alors que je poussais mes jetons au centre de la table, j'ai été payé instantanément. Je me suis levé pour retourner mon full aux As par les Huit et mon adversaire m'a montré son carré de 8. Je n'arrivais pas y croire.

Le pot était environ du triple du stack moyen à la fin de ce Jour 3, avec moins de 2000 joueurs encore en course. C'est ainsi que j'ai été éliminé du Main Event des World Series Of Poker 2010. Si j'avais mis all-in pré-flop, j'aurais fait passer sa paire de 8 mais je n'aurais gagné que 41.000. Les fois où j'arrive à évaluer sa véritable range en fonction de ses actions, je suis capable de jouer tout mon stack sur un board adéquat. Je veux que les joueurs que j'affronte commettent des erreurs en jouant des mains marginales dans des situations difficiles. Je cherche à déguiser ma véritable main, pièger mes adversaires et rentabiliser au maximum contre ces mains. La façon dont j'ai joué cette main était bien pensée et me donnait les meilleures chances d'extraire le maximum sur toutes les streets.

Dans ce cas précis, je n'ai pas eu de chance de perdre sur ce board contre cette main précise. Avoir ce processus de réflexion avant le flop vous permet d'avoir un plan et de savoir quoi faire sur chaque street dans toutes les circonstances.

Ce que j'aimerais toutefois savoir c'est ... où était l'As sur la river ?

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Billy Kopp

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