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Stratégie poker : Les "leaks" à la turn chez les joueurs réguliers

Stratégie poker : Les "leaks" à la turn chez les joueurs réguliers

Cet article est le troisième d'une série consacrée aux points faibles ("leaks") présents dans le jeu adverse et à la manière de les repérer. Après avoir traité du jeu préflop puis au flop, nous abordons aujourd'hui les principaux leaks à la turn. Si ce n'est déjà fait, nous vous recommandons de lire ces articles, cette nouvelle partie s'appuyant sur ce qui a été dit précédemment.

Au cours de ces articles, nous ne nous intéressons pas aux fish, ces joueurs étant assez mauvais pour que leur leaks soient évidents. Au contraire, nous étudions les joueurs réguliers, chez qui trouver des faiblesses à exploiter demande un travail d'analyse des mains enregistrées dans la base de données d'un tracker. Ce travail doit permettre de prendre des notes claires et précises sur les tendances des joueurs afin de pouvoir les exploiter en cours de partie.

Comme pour les articles précédents, les chiffres donnés font référence à du cash game 6max avec des stacks d'environ 100 big blinds.

Planifier plusieurs streets à l'avance
Lorsque l'on joue au poker, il est essentiel de réfléchir au-delà de la street qui est en train de se dérouler. Prendre une décision préflop n'implique pas seulement de connaître les stats préflop d'un joueur mais aussi de tenir compte de ses tendances post-flop, comme sa tendance à faire beaucoup de continuation bets (ou pas). C'est le seul moyen de savoir s'il est préférable de miser, suivre, sur-relancer ou simplement passer.

C'est vrai pour le flop, mais aussi pour les autres streets. Vous voulez voir au delà de l'action immédiate. Cela demande d'anticiper les différents boards possibles mais aussi de tenir de la dynamique du jeu et des statistiques correspondantes aux différentes actions possibles sur les streets à venir. Ici, nous étudierons le jeu à la turn en regard du jeu au flop.

Le flop, la turn et le continuation bet

Dans la partie précédente, nous avons traité du continuation bet (c-bet) de manière extensive afin d'y déceler des leaks. Pour cela, nous nous sommes concentrés sur les statistiques au flop. Toutefois, quand il s'agit d'analyser le continuation bet au flop, il faut aussi prendre en compte les stats turn.

Le pourcentage de c-bet turn (ou "second barrel") est un chiffre utile à avoir dans son HUD. Cela indique la fréquence à laquelle un joueur fait un continuation bet sur la turn après avoir fait un c-bet au flop.

Il est important de garder à l'esprit que ce pourcentage est dépendant d'une range plus large. Par exemple, un joueur qui affiche 65% de c-bet turn n'a pas forcément une range large : cela dépend d'abord de la range à laquelle s'applique ce chiffre (sa range d'ouverture préflop et de c-bet flop). C'est très différent d'une statistique préflop où un PFR de 30% en cash game 6max est élevé comparé à la moyenne.

Le pourcentage de c-bet turn doit être évalué en fonction d'autres critères. Quel pourcentage de mains un joueur donné ouvre-t-il (dans une certaine position), quel est son pourcentage de c-bet au flop et sur quels types de flop ? Supposons un joueur 16/12 (VPIP/PFR) qui ouvre 10% des mains UTG. Il est normal qu'il ait un fort taux de c-bet flop et donc sur la turn – car il joue surtout des mains fortes qu'il mise pour valoriser. Un joueur 24/20 qui c-bet 50% des flops et 50% des turns aura assez souvent "air" (une main médiocre) dans sa range pour miser turn.

Imaginons un joueur 22/18 qui c-bet 80% des flops. C'est un chiffre élevé. Il faut de plus réaliser que les 20% du temps où il ne c-bet pas comprennent aussi des situations où il a une main avec une certaine showdown value sur un flop très défavorable ou dans un pot multiway. Par exemple, avec QJ sur le flop AQ8. Dès lors, sa range de 80% pour c-bet contient d'autant plus de bluffs.

L'objectif est de savoir qui aime c-bet, sur quels flops, avec quelles mains et, à l'inverse, les configurations où un joueur n'aime pas c-bet. Dans votre base de données, vous pouvez utiliser différents filtres et déterminer le pourcentage de continuation bet sur la turn. Puisque l'on veut analyser les joueurs réguliers, il faut un échantillon d'au moins 4.000 mains.

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Ici, je trouve 250 joueurs. Le taux moyen de c-bet turn est de 48%. Entre 41% et 45% semble être optimal. Le plus gros pourcentage est de 79,7%, mais il s'agit d'un joueur 15/13 et cette tranche est perdante. Observez les joueurs gagnants (sur de gros échantillons) qui ont un style différent du vôtre et essayez de voir pourquoi un certain pourcentage fonctionne chez eux.

Fort taux de continuation bet turn
Si quelqu'un ouvre beaucoup de mains préflop, fait de nombreux continuation bets au flop et à la turn, il est logique que sa range contienne beaucoup de mains faibles. Cela est vérifiable en filtrant dans la base de données les mains qui ont été relancées préflop, c-bet flop et c-bet turn. Vous voulez savoir, pour un joueur donné, quelles mains il utilise pour c-bet et dans quelles configurations. Notez qu'il faut de gros échantillons de mains pour que ces données aient un sens.

Contre quelqu'un qui a tendance à beaucoup miser avec une range large, deux ajustements sont profitables. Le premier est de suivre plus souvent et, selon son facteur d'agression (ou sa fréquence d'agression) river, payer aussi le c-bet river. Contre un joueur qui 3-barrel régulièrement (mise successivement flop, turn et river), vous devrez suivre régulièrement avec des top paires medium kicker. Cela bien sûr en tenant compte de la dynamique du jeu et de votre image à la table. Dans tous les cas, vous ne pouvez pas juste payer flop et turn pour passer river contre un joueur dont la range contient beaucoup de bluffs. Par exemple, vous avez KJ sur le board K10842. Il est assez ennuyeux d'avoir à payer trois barrels, mais vous ne pouvez pas passer face à une mise river. Contre ce type de joueurs, les trois calls sont rentables.

Le second ajustement est de relancer plus souvent les c-bets au flop. Cela vous laisse des décisions moins compliquées turn et river. Pensez à la range d'ouverture préflop et à la range qui c-bet le flop : la conclusion est qu'une bonne partie de cette range mise en bluff. Evidemment, il est utile de savoir comment réagit votre adversaire à la relance de ses c-bets.

A l'inverse, donkbet un joueur avec un fort taux de continuation bet est une moins bonne idée. Souvent, ces joueurs réagiront agressivement à un donkbet – et donkbet n'est pas vraiment logique ici. Un donkbet sert souvent à valoriser contre un joueur qui c-bet peu de flops. Donkbet permet d'éviter que le flop soit checké – ce qui est peu probable avec un joueur qui c-bet beaucoup.

Ces ajustements sont intéressants avec des mains de force moyenne. Si vous floppez les nuts, il sera souvent relativement aisé de rentabiliser.

Faible taux de continuation bet turn
Pour évaluer le taux de c-bet turn, il convient de regarder le pourcentage de relance préflop et de c-bet au flop. Souvent le pourcentage de c-bet au flop est supérieur au pourcentage de c-bet turn. Si la différence est importante (plus de 20% à 35%), vous voudrez jouer beaucoup de pots en position pour float. Préflop, vous jouez sciemment une range plus large en position pour payer un continuation bet flop. S'il n'y a pas un nouveau c-bet turn chez votre adversaire, vous savez que sa range a peu de showdown value et ne supportera pas de payer une ou deux mises supplémentaires.

Evidemment, il faudra faire la différence entre un joueur qui c-bet 80% des flops et 55% des turns, par rapport à un joueur qui c-bet 65% des flops et 30% des turns. Ce dernier est un candidat idéal pour float tandis que contre le premier mieux vaut checker le flop.

De plus, il est utile de connaître les tendances river des joueurs qui ont un faible pourcentage de c-bet turn afin de savoir si notre main a toujours suffisamment de showdown value. Cela demande de plonger dans sa base de données et d'analyser les historiques de mains. C'est une note qui vaut son pesant d'or.

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Relancer les continuation bets turn
Le pourcentage de relance des c-bets turn est souvent assez élevé, mais il faut rester prudent. Comme dit précédemment, un joueur qui ouvre beaucoup préflop et c-bet beaucoup de flops et turns aura une range avec beaucoup de bluffs. Puisque sa range est polarisée, il peut être tentant de relancer un c-bet turn pour arrêter l'action et prendre le pot. Mais, c'est un bluff qui peut coûter cher.

Un pot préflop est d'environ 8 big blinds. Sur le flop, il fait près 20 big blinds et un c-bet turn sera d'environ 13 big blinds. Si vous relancez à 30 big blinds, c'est un bluff qui vous coûte près de 40 big blinds. Cela peut être bien joué, mais implique beaucoup de variance. Bien que la range adverse contienne beaucoup de bluffs, il y a aussi de bonnes mains. Dans ma base de données, le pourcentage moyen de relance de c-bet turn est de 13% pour un taux de fold de 40% face à une relance.

Delayed c-bet
Un "delayed continuation bet" (un c-bet retardé, fait sur la turn au lieu du flop) est assez commun et présent dans l'arsenal de quasiment tous les joueurs réguliers. Seuls les joueurs avec un pourcentage de c-bet flop très élevé le pratiquent moins. De manière globale, une range de c-bet flop est souvent polarisée : contenant des mains très fortes ou très faibles. Les mains moyennes sont souvent checkées au flop et font l'objet d'un c-bet turn. Un exemple simple est de checker le flop A56 avec JJ et de miser le 10 turn.

Il est particulièrement intéressant de repérer les joueurs avec un taux de c-bet flop moyen pour voir quelle est leur fréquence de "delayed c-bet turn". A quelle fréquence un joueur qui c-bet 65-75% des flops fait-il un delayed c-bet sur la turn ? Quand le relanceur préflop est en position, le delayed c-bet turn est un bon moyen de prendre le pot en bluff après deux checks adverse.

Analysez votre base de données en utilisant les filtres suivants :

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Vous voulez savoir avec quelle range le delayed c-bet est exécuté. Si un joueur ne fait cela qu'avec des mains médiocres, il peut être profitable de le payer ou relancer. Si quelqu'un check le flop A56 et fait un delayed c-bet turn avec une range de mains médiocres à moyennes (Ax4x étant le top de sa range), il est risqué de suivre flop, turn et river, même si les turn et river ne changent rien.

Vs missed cbet Out of Position
Le HUD peut servir à afficher des informations relatives au "Bet vs missed c-bet". Cette statistique indique comment un joueur réagit quand son adversaire ne fait pas c-bet alors qu'il en avait l'opportunité. Cette statistique doit être distinguée en position (IP) et hors de position (OOP).

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Dans l'image ci-dessus, vous voyez le pourcentage de "Turn Bet out of position vs. missed c-bet" qui montre à quelle fréquence un joueur mise turn en position quand son adversaire n'a pas fait c-bet.

Ce pourcentage sera moins élevé que la plupart des mises au flop en position. Vous pouvez voir dans votre propre base de données quel est le taux moyen. Pour le "Turn OOP vs Skipped Flop Cbet", le pourcentage moyen de mise est de 33%. Si ce chiffre est très élevé, vous pouvez suivre une ou deux streets avec une main qui a une showdown value raisonnable. Certains joueurs affichent jusqu'à 50% ou 60% : une bonne partie de leur range est constituée de bluffs.

Si ce pourcentage est très faible, vous ne chercherez pas à slowplay. Votre adversaire bluffera trop rarement turn pour que cela soit profitable. Au contraire, ces joueurs ne vont miser la turn qu'avec une bonne main. Aussi, faire un delayed c-bet turn en position est un bon moyen de bluffer.

Le donkbet sur la turn

Le pourcentage de donkbet turn réclame de regarder le pourcentage de call au flop et de fold face à un continuation bet au flop. Un joueur qui a une range réduite fold face à un c-bet a certainement beaucoup de mains médiocres pour donkbet la turn. Certains joueurs, ayant relancé préflop, vont aussi donkbet la turn après avoir suivi une mise flop, mais c'est moins fréquent.

Nous avons déjà parlé du donkbet au flop. Si les choses sont plutôt claires pour le flop, elles le sont moins à la turn. Beaucoup de joueurs donkbet la turn et certains le font même trop souvent. Il n'est pas rare de voir des joueurs donkbet 30 à 50% des turns. Il est important de savoir dans quelles configurations ces joueurs choisissent de donkbet. Il y a aussi beaucoup d'argent à prendre aux joueurs qui donkbet en bluff ou avec des mains moyennes, à condition de savoir qui aime donkbet et qui aime check/call. Selon la force de votre main, vous pouvez alors choisir de suivre ou de relancer.

Cela peut sembler exploitable et selon votre réaction un joueur peut changer ses habitudes de donkbet. Mais cela se remarque sur un échantillon de 1.000 mains. Si votre adversaire s'adapte, adaptez vous en retour.

La prochaine partie de cette série d'articles traitera de la river. Certaines statistiques, comme le WtSD omise dans cette article, ont pourtant leur influence sur le jeu au flop et à la turn. Nous en parlerons la prochaine fois. D'ici là, commencez à analyser un ou deux joueurs réguliers dans votre base de données pour prendre des notes sur leurs leaks. Les joueurs réguliers sont ceux que l'on joue le plus souvent et ce travail en dehors des tables s'avère très vite rentable.

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Jeremie B.

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