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Stratégie Preflop : les "leaks" chez les joueurs réguliers

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Jeremie B.
9 min à lire
Stratégie poker : les "leaks" préflop chez les joueurs réguliers

Cet article aborde l'analyse du jeu adverse afin d'y déceler les points faibles ("leaks") et d'en tirer avantage. Cette première partie traite du jeu préflop, avant que soient abordées les autres streets dans les parties suivantes. Le sujet n'est pas neuf mais, dans la mesure où le poker évolue et qu'il y a de moins en moins de "fish" et de plus en plus de joueurs réguliers, nous allons nous intéresser de plus près à la seconde catégorie.

Sur les basses limites, et peut-être jusqu'en NL50, NL100 voire NL200, les joueurs réguliers sont relativement peu nombreux. Mais, plus vous montez de limites, plus la proportion de joueurs réguliers augmente. Analyser leur jeu est à double tranchant : vous les verrez faire certaines choses mieux que vous, tout en cherchant des points faibles à exploiter dans leur jeu.

L'outil indispensable pour ce genre d'analyse est un tracker, un logiciel d'aide à la décision, ainsi que le HUD qui l'accompagne et permet d'afficher en pleine partie les statistiques des opposants. Sans oublier la pop-up qui s'ouvre lorsque l'on clique sur un HUD et qui contient de nombreuses informations utiles. D'autres articles traitent déjà des différentes statistiques du poker et de leur définition.

Trier les joueurs réguliers pour une analyse

Cet article se concentre sur les joueurs réguliers. Généralement, un fish a des points faibles repérables assez facilement. A l'inverse, le joueur régulier est plus difficile à analyser – et ce travail est d'autant plus important que nous l'affrontons … régulièrement.

L'idéal est de commencer par faire une liste des joueurs que vous croisez le plus souvent à vos tables et plus particulièrement ceux qui n'ont pas leaks apparents. Cela peut-être en cours de sessions, d'après le HUD d'un joueur, la taille de ses mises ou ses "timing tells".

Ou en dehors des tables, en regardant la liste complète des joueurs recensés dans votre tracker et en affichant le résumé des joueurs qui vous intéressent en particulier. Puisque nous ne nous intéressons qu'aux joueurs réguliers, il convient d'utiliser certains filtres afin de faire le tri : le nombre de mains jouées (au moins 10.000) et sur quelle période de temps (quelques mois est préférable pour que le jeu du joueur en question n'ait pas eu le temps de trop évoluer).

Une fois la liste de joueurs obtenus, vous pouvez ensuite choisir de trier les joueurs selon le plus gros PFR, le plus gros VPIP ou les plus grosses pertes.

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Sur un échantillon de 10.000 mains, la variance reste importante, mais cela n'empêche pas de pouvoir en tirer des informations pertinentes. Il est toujours intéressant d'étudier de près les plus gros perdants puisque ce sont eux qui sont censés d'avoir le plus de leaks.

Ce type de rapport est aussi instructif pour avoir les moyennes de la limite. Ici, sur 126 joueurs retenus, la moyenne est de 19,5/16,2 (VPIP/PFR). De plus, si à peu près tout joueur régulier connaît les "bons chiffres" pour les VPIP/PFR, les pourcentages standard de squeeze ou de W$SD sont plus mystérieux pour le commun des joueurs.

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Ici, le taux moyen de squeeze est de 5,8, et les joueurs qui gagnent le plus ont un taux moyen de squeeze supérieur à 6%. Notez qu'il s'agit de moyennes : il y a des gagnants et des perdants dans chaque groupe. De plus, les différentes moyennes d'un groupe ne représentent pas nécessairement un ensemble optimal. Il est est donc intéressant de croiser les différentes statistiques entre elles afin de tirer des informations supplémentaires et avoir une meilleure vue d'ensemble.

L'analyse du jeu préflop et la découverte des leaks

Passons à présent à l'analyse des statistiques proprement dites. Nous ne nous intéressons pas ici aux "fish" avec des statistiques du style 50/5, mais aux joueurs réguliers. Et deux joueurs réguliers avec des stats 20/18 (VPIP/PFR) peuvent avoir des styles de jeu, et donc leaks, très différents.

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Les différents trackers fournissent des statistiques très détaillées sur tous les aspects du jeu. Ci-dessous, une liste des principaux leaks qui valent définitivement une note. Les chiffres donnés font référence à du cash game 6max.

Ranges d'ouverture UTG
Ici, on ne peut pas se contenter d'un simple pourcentage. Il faut plonger dans votre base de données et voir quelles types de mains tel joueur ouvre UTG. Aime-t-il les petits connecteurs assortis, le broadways du type Jx10x ou les petits As assortis ? C'est important pour savoir quels types de mains existent réellement dans la range adverse.

L'attention portée à la position
Le manque d'attention portée par un joueur sur la position dans laquelle il joue est un leak auquel il faut rester attentif. Il y a différentes façons pour que cela soit un leak. D'abord, l'absence totale d'attention à la position. C'est le cas des joueurs qui ouvrent quasiment autant de mains UTG qu'au bouton. C'est un facteur important car vous voudrez jouer contre des joueurs qui ouvrent trop de mains hors de position. Cela est à mettre en relation avec le pourcentage total de mains ouvertes. Un joueur serré qui ouvre 13% des mains a toujours une range serrée quelle que soit sa position. Le plus fréquent est de trouver des joueurs qui ouvrent environ 20% des mains dans toutes les positions.

A l'opposé des joueurs qui ne prêtent aucune attention à leur position, il y a ceux qui en font trop. Ils ouvrent 11 à 13% des mains UTG et ont un très fort pourcentage de "steal" au bouton (vol de blinds). Cela implique que contre ce type de joueur, il faut avoir une range assez restreinte quand ils sont UTG mais bien plus large quand ils sont au bouton.

Ranges pour call une ouverture
La plupart des joueurs réguliers ont une range assez restreinte pour "open-call" préflop. En clair, open-call désigne les situations où un joueur a relancé et où l'on se contente de suivre la relance. L'écart entre le VPIP et le PFR est un bon indicateur mais il est aussi profitable d'avoir dans la pop-up cet écart ventilé par position.

Les ranges d'open-call dépendent beaucoup du joueur qui a relancé, de sa position, son style, son image, etc … La range "standard" pour open-call est constituée de petites et moyennes paires servies et de mains comme KxQx, KxJx et AxJx. Cette range, variable selon la position est souvent de 8 ou 9%. Si cette range est inférieure à 8%, alors elle est surtout faite de paires servies. Si elle largement supérieure, c'est qu'il faut y ajouter davantage de broadways, de connecteurs assortis et de petits As assortis. Encore une fois, il faudra confirmer cela en regardant en détails les mains jouées et stockées dans la base de données.

Les sur-relances préflop

Le 3-bet préflop
Le pourcentage de "3-bet préflop", c'est-à-dire le fait de sur-relancer, est un chiffre essentiel. Mais plus qu'un pourcentage, il faut savoir quelles sont les mains réelles avec lesquelles un joueur 3-bet. Généralement, une range de 3-bet est polarisée et compte, en plus des meilleures mains, des As assortis ou de petits connecteurs assortis. A l'inverse, d'autres joueurs ne polarisent pas leur range et ne 3-bet que leurs meilleures mains. Il est crucial de faire la différence.

De plus, il faut ventiler les pourcentages de 3-bet par position. Typiquement, ce pourcentage est le plus élevé au bouton, suivi par la big blind, la small blind et enfin le cut-off. Cela peut varier, certains joueurs aimant plus 3-bet depuis les blinds que depuis le bouton. En fonction de ces chiffres, vous serez mieux à même de décider quand payer un 3-bet ou quand 4-bet.

Vous remarquerez aussi que quelques joueurs ont un gros pourcentage de 3-bet en milieu/fin de parole. Il 'agit souvent de joueur plutôt serrés, mais certains en abusent et il convient de les repérer.

Souvent, vous observerez un décalage entre la range d'ouverture/de steal et celle de fold face à un 3-bet. Si quelqu'un ouvre 50% de ses mains à la small blind et passe 50% face à un 3-bet, cela laisse 25% des mains qui restent en jeu. Si vous ôtez les meilleures mains qui vont 4-bet (plus quelques 4-bet bluffs occasionnels), cela laisse encore beaucoup de mains moyennes qui vont voir le flop. Contre ce type de joueurs, vous n'irez pas 3-bet 56 mais une grande parties de vos broadways. Vous jouerez ainsi en position, pour un gros pot et en ayant une main de départ meilleure que la range adverse.

La taille du 3-bet est aussi un élément qui peut être intéressant. La plupart des joueurs réguliers ont des tailles de 3-bet standard. Certains joueurs ne s'en écartent jamais. Ainsi, si vous ouvrez à 2,5 big blinds et que vos adversaires continuent de 3-bet à 11 ou 12 big blinds avec la même range, cela crée certains avantages et désavantages. L'inconvénient est que vous ne pourrez que rarement suivre avec une telle cote. L'avantage est que cela vous coûte moins quand vous êtes obligé de passer. Et si vous tentez un 4-bet avec une bonne main (ou un 4-bet bluff), le pot sera quasiment aussi gros que si vous aviez ouvert à 3 ou 3,5 big blinds.

Le Squeeze
Le squeeze rentre évidemment dans la catégorie des 3-bets mais mérite une attention particulière. Peu de joueurs aiment être confrontés à un squeeze et certaines précautions permettent de limiter ce type de configurations. La première est de moins ouvrir quand il y a beaucoup de callers/squeezers potentiels sont après vous. La seconde est de ne pas ouvrir de mains que vous allez passer face à un squeeze.

Une troisième option est de juste payer avec les As ou les Rois pour ensuite sur-relancer le joueur qui squeeze (New York back raise). Cela revient à 4-bet un squeeze pour valoriser, mais il est aussi possible de le faire en bluff, ce qui obtient généralement beaucoup de respect. La taille des mises pour squeeze peut aussi fournir des informations sur la force des cartes de l'adversaire.

La réponse aux 3bets
Certains joueurs ont une tendance à trop suivre ou trop 4-bet face à un 3-bet, ce seront donc les joueurs à 3-bet en priorité. Globalement, un pourcentage de "Fold face à un 3-bet" supérieur à 72% est trop élevé – et trop bas si inférieur à 52%. Ces chiffres sont facilement disponibles dans un HUD et la plupart des gens connaissent les "bons" pourcentages.

Les joueurs qui ont un range de 3-bet large peuvent être payés avec une range plus large ou on peut aussi augmenter la taille de l'open-raise pour compenser. Cela rend le 3-bet moins attractif pour votre opposant et vous donne souvent une meilleure cote pour suivre quand vous êtes face à un 3-bet.

Reste l'option du 4-bet. La statistique importante à considérer est le pourcentage de "Fold face à un 4-bet". Plus de 50% représente le haut de la fourchette et indique des joueurs à 4-bet plus souvent. L'idéal est de 4-bet avec un blocker. Une main comme A3 bloque un As et donc élimine plus de combinaisons avec lesquelles l'adversaire est susceptible de 3-bet pour valoriser qu'une main comme 43.

Conclusion
La plupart des joueurs réguliers ont une stratégie préflop plutôt bonne. C'est post-flop qu'il faudra chercher des failles à exploiter. Cela sera l'objet des articles à venir.

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Jeremie B.

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