Points Faibles Poker : les "leaks" au flop des joueurs réguliers
Cet article est le second d'une série consacrée à l'analyse du jeu des joueurs réguliers afin d'y déceler les faiblesses ("leaks") à exploiter. Après l'analyse des principaux leaks préflop, nous nous penchons ici sur les leaks au flop.
Nous allons aborder les principaux leaks potentiels sur le flop et la manière de les détecter. Encore une fois, cette série d'articles ne s'intéresse pas aux joueurs très mauvais et autres fish, dont les leaks sont plus ou moins évidents. Notre intérêt se porte ici sur les joueurs réguliers, chez qui les leaks sont loin d'être évidents et pour lesquels il faut une analyse approfondie des données stockées dans la base de données de notre tracker. Le résultat étant d'arriver à des notes claires et utilisables en cours de partie contre un adversaire donné.
Ce travail est important pour connaître les points faibles de chaque joueur particulier. Les notes seront quant elles rentabilisées en contribuant à une meilleure prise de décision en cours de partie. De plus, cela permet aussi d'améliorer son propre jeu et d'y trouver ses propres leaks.
Les chiffres donnés font référence à du cash game 6max avec des stacks autour des 100 big blinds.
Leak Buster : le logiciel qui détecte les points faibles
Dans le précédent article, nous avons beaucoup parlé de tracker et de HUD. Il est recommandé de s'y reporter si vous ne maîtrisez pas encore ces outils.
Une autre méthode est d'employer un logiciel nommé Leak Buster. Celui-ci s'installe en plus de votre tracker et utilise les mains enregistrées dans les bases de données. Il permet d'avoir une vue générale de ce que sont les "bonnes" et "moins bonnes" statistiques sur de grands échantillons. En plus de vous aider à trouver vos propres points faibles, il vous aidera à analyser ceux de vos adversaires. Il vous en coûtera toutefois près de 80$.
Contrairement au jeu préflop, il est plus difficile de dire quelles sont les "bonnes et mauvaises" valeurs pour une statistique donnée. Quand on arrive au jeu post-flop, il est encore plus important d'aller étudier en détails les historiques de mains disponibles.
Les leaks au flop peuvent être divisés en deux grandes catégories. Nous traiterons d'abord du continuation bet, avant de parler ensuite du donkbet, du check-raise et le fait de miser en général.
Les leaks liés aux cas continuation betting
Le continuation bet, ou c-bet, est une mise faite sur le flop (éventuellement sur la turn et la river) alors que vous aviez l'initiative préflop. Il est essentiel pour comprendre le pourcentage de c-bet au flop de le mettre en relation avec les statistiques préflop. Un joueur 15/12 (VPIP/PFR) va logiquement avoir un taux de continuation bet élevé, car une grande partie de ses mains sont de bonnes mains. Un joueur 25/22 aura logiquement un pourcentage de c-bet plus faible.
Le taux de continuation bet devrait être compris entre 60% et 77%. Contre un joueur avec un pourcentage moindre, il est possible d'anticiper préflop en payant plus de relances en position, cela parce que le flop sera plus souvent checké par l'adversaire et le pot plus facile à voler. De plus, leurs continuation bets seront plus souvent évidents. Cela s'applique particulièrement aux flops à tirages (par exemple 5♦7♦8♣) sur lesquels il ne fait aucun sens de continuer sans une bonne main.
Faible pourcentage de c-bet
Certains joueurs ont un faible taux de continuation bet dans des situations précises. Les uns aiment checker les flops sans tirage avec leur overpaire pour prendre une mise supplémentaire turn et river. Une autre possibilité est, lorsqu'ils sont hors de position, de les voir check-call plutôt que c-bet. Encore une fois, il faut plonger dans votre base de données et, grâce aux filtres disponibles, voir qui fait cela, avec quelles mains et sur quels types de board.
Fort pourcentage de c-bet
A l'opposé, d'autres joueurs aiment faire beaucoup de continuation bets. En particulier les joueurs avec un style préflop assez large qui abandonne beaucoup d'argent en faisant trop de c-bet. Vous croiserez ainsi certains joueurs réguliers avec des taux allant jusqu'à 85%, 90% voire plus. Vous devez anticiper cela et être prêt à moins souvent passer au flop. Ce chiffre doit être mis en relation avec la fréquence de relance préflop : plus un joueur est serré, plus il est logique que son pourcentage de c-bet soit élevé.
Vous voulez aussi savoir dans quelles situations un joueur refuse de continuation bet. Cela peut-être dans les pots multiway ou les boards à tirages. Ou peut-être qu'il ne fait jamais de continuation bet en ayant floppé la seconde paire. Toutes ces informations deviennent précieuses en cours de partie.
Pour contrer un joueur avec un fort taux de c-bet, une bonne solution est le "float". Il est important pour cela de jeter un oeil à son pourcentage de continuation bet turn (ou "second barrel"). Plus ce chiffre est faible, plus cela indique que le joueur attend une bonne main pour miser à nouveau sur la turn. C'est un bon moyen de prendre le pot turn, mais il est important d'avoir une certaine équité pour tenter un float.
Une autre manière de répondre à un c-bet est de le relancer. Si un joueur a tendance à continuation bet avec une range très large, vous voudrez le relancer presque tout le temps. Les trackers offrent une statistique "Raise Fold Cbet" qui permet de savoir comment un joueur réagit à ce type d'action. Un taux de fold légèrement au dessus de 50% indique une situation où il est bon de tenter un bluff à l'occasion – la moyenne se situe à un peu moins de 50%.
Dans ce type de configurations, on suppose ne pas avoir une très bonne main, ce qui évidemment faciliterait la tâche. Il y a plusieurs éléments à prendre en compte quand il faut choisir entre relancer un c-bet au flop ou attendre la turn pour float. Ils seront discutés dans le prochain article, car il faudra prendre en compte les statistiques à la turn et au showdown.
Ci-dessous, une image de la pop-up et des stats dont il est question.
Fold face à un continuation bet
La statistique "Fold to cbet" est une donnée à garder à l'oeil. Contre le joueurs qui ont tendance à fold souvent, il convient de c-bet davantage. Contre un joueur qui tend à passer peu souvent face à un c-bet, vous éviterez de c-bet en pur bluff et miserez une plus grande range pour valoriser. Le pourcentage de "Fold to c-bet" est situé entre 50 et 60%. Cela dépend bien sûr de la range avec laquelle le joueur paye des relances préflop. Le tracker permet de connaître précisément ces ranges pour chaque position.
Ici, il faudra alors distinguer entre les folds en position et hors de position. Dans a logique, un joueur régulier est censé passer plus souvent quand il est hors de position. Ce sont des chiffres que vous pouvez inclure dans votre pop-up.
Vs Missed Cbet : les pots sans continuation bet
"Versus Missed Cbet" est une statistique qui indique comment réagit l'adversaire quand il n'y a pas eu de continuation bet. Par exemple, vous relancez UTG et checkez le flop. Vous voulez alors savoir à quelle fréquence votre adversaire va miser en position quand il est face un check du relanceur préflop.
Un pourcentage dans les normes est de 55 à 65%. Il y a aussi des joueurs qui vont miser 80% du temps ou plus. Contre ce type de joueur, il est intéressant de check-raise ou de check-call avec une main ayant une certaine équité. Vous accomplissez alors deux choses : d'abord, vous valorisez mieux contre les mains qui auraient juste passées face à un c-bet. Ensuite, cela évitera à vos adversaires de croire qu'un check flop après une relance préflop est synonyme d'abandon systématique du pot.
Prêtez attention aux boards où vous faites un check-raise. Si vous avez brelan de Dix sur un flop A♣10♦4♥, vous montrerez énormément de force et ferez souvent passer une main comme AxJx. Le check-raise pour valoriser est mieux adapté aux boards à tirages afin de ne pas laisser de cartes bon marché. Et parfois, vous ferez un check-raise avec toute votre range sur le flop A♣10♦4♥.
La stat "Vs missed cbet out of position" indique la réaction d'un joueur quand il est hors de position et qu'il n'y a pas eu de c-bet. Cela indique donc le pourcentage de fois où il mise sur la turn. Un taux typique est généralement inférieur de 10 à 25 points, soit autour des 40%.
Relancer les continuation bets
Le "Raise Cbet" indique la fréquence à laquelle un joueur relance un continuation bet. Moins de 10% est faible et plus de 17% est très élevé. Très élevé veut dire qu'il y a beaucoup de bluffs dans cette range. Vous voulez aussi savoir avec quelle range cette relance est faite. Est-elle polarisée ou uniquement faite de grosses mains ? De plus, la notion de "grosse main" peut varier d'un joueur à l'autre.
Il faut donc observer les mains stockées dans la base de données et, si l'échantillon est assez important, distinguer les configurations en position et celles hors en position. Vous devez aussi tenir compte de votre tendance personnelle à fold face à un c-bet.
Lorsque vous avez repéré un joueur qui relance souvent en bluff, et que selon vous le board se prête à une relance, alors vous pouvez songer à ne pas c-bet votre top paire kicker moyen. Cela permet, avec un stack de 100 big blinds, de lui demander s'il est prêt à jouer tout son stack, en ayant investi seulement 25 ou 30 big blinds.
Les personnes avec un très faible taux de continuation bet font cela essentiellement pour valoriser ou au moins avec un très gros tirage. Aussi, ne les payez pas avec vos top paires medium kicker car vous devrez encore jouer les turn et river ensuite.
Analysez aussi la taille des relances de continuation bets. Les pots deviennent gros dans ce type de configuration. Une relance d'un c-bet de 5 à 12 big blinds est une petite relance, en particulier si elle est faite hors de position. Une relance de 5 à 19 big blinds est une grosse relance. Il est parfois difficile d'en tirer des conclusions en cours de partie, mais en analysant en détail les historiques de la base de données, vous pourrez trouver les raisons qui poussent tel joueur à modifier la taille de sa relance.
Les leaks liés au donkbet et au check-raise
Donkbet
Faire un "donkbet" signifie miser postflop avant le relanceur préflop et en étant hors de position par rapport à celui-ci. La plupart des joueurs ont un taux de donkbet raisonnablement faible. Les fish ont par nature un pourcentage de donkbet élevé – d'où le terme donkbet (littéralement "mise d'âne" en anglais). Néanmoins rien ne vous oblige à checker systématiquement le flop face au relanceur initial.
Un pourcentage de donkbet autour de 10% est recommandé. Au dessous, cela indique souvent un manque de valorisation avec les brelans et gros tirages. Il est simple de trier ces situations avec un tracker et de voir quel joueur donkbet quel board, avec quels types de mains et contre quels type d'adversaires.
Contre un joueur qui a un pourcentage de c-bet très élevé, donkbet a moins de sens. A l'inverse, contre quelqu'un avec 50% de c-bet, il y a davantage de chances que le flop soit checké. Dans les pots multiway, les chances de voir un continuation bet sont aussi plus faibles qu'en heads-up.
Vous voudrez aussi faire des donkbets lorsque vous aurez raté le flop. Par exemple avec AxJx sur un flop 4x5x8x. Vous devez donc équilibrer votre range de donkbet. Rappelez-vous de votre range de cold call (fait de suivre une relance) préflop : un donket sur un flop AxAxKx semblera étrange. Pensez aussi à ce que vous représentez. Un donkbet sur un flop 9x9x4x représente souvent une main du type 6x6x ou 7x7x. Un bon joueur le sait et continuera de jouer en position.
Il est conseillé d'observer les statistiques comme le "Fold face à un donkbet" et le "Raise face à un donkbet". Plus le pourcentage de fold est élevé, plus il est rentable de donkbet en bluff. Si le pourcentage de relance est élevé, alors le donkbet sera plus adapté à la valorisation.
Il est toujours utile de savoir avec quelles mains un joueur relance et contre quels types d'adversaires. Est-ce souvent en bluff avec une range large ? C'est une information qui vaut une note.
Check-raise
Abordons enfin le cas du check-raise. Celui-ci n'intervient pas seulement quand on fait face à un continuation bet mais aussi quand on est le relanceur initial et dans les pots limpés.
En moyenne, le pourcentage de check-raise se situe autour de 9 à 10%. Au dessus de 13%, cela commence faire trop et en dessous de 6%, c'est (beaucoup) trop faible. Le joueur qui check-raise est toujours hors de position, un check-raise doit donc avoir une taille plus importante qu'une mise faite en position.
Comme toujours, il faut analyser la base de données, pour savoir qui check-raise, sur quel board, etc … Un joueur avec un fort taux de continuation bet sera une meilleur cible pour check-raise qu'un joueur avec 50% de c-bet. De plus, tenez toujours compte du pourcentage de mains jouées préflop. Beaucoup de statistiques sont interdépendantes.
Ainsi, vous verrez certains relanceurs préflop faire beaucoup de check-raise, d'autres rarement et d'autres pas du tout. Il est bon de savoir qui entre dans chaque catégorie.
Le check-raise dans les pots 3-bet préflop est une chose fréquente. C'est souvent la conséquence de ranges préflop serrées pour 3-bet ou pour suivre un 3-bet. Cela mène de grosses mains sur le flop. Regardez aussi la taille effective des stacks : plus les stacks sont gros plus les ranges de check-raise sont polarisées.
Si un de vos opposants a un fort taux de c-bet et en même temps un fort taux de fold face à un 3-bet, vous pouvez alors élargir votre range de check-raise au flop. Par exemple, vous payez avec AxQx en big blind pour voir le flop Qx4x2x. Vous pouvez alors check-raise pour valoriser votre main.
Cette article liste les leaks les plus fréquents au flop, bien d'autres existent. Le prochain article de cette série se penchera sur les leaks à la turn.
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