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Fabrice Soulier : à la recherche du temps perdu

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Fabrice Soulier : à la recherche du temps perdu 0001

Un temps joueur anonyme sur le net, Fabrice Soulier est sorti de l'écran pour attaquer les salles de poker pures et dures des Etats-Unis. Le joueur français cumule désormais les bonnes performances outre-Atlantique.

Fabrice Soulier, vous connaissez forcément. Du moins si vous regardez la télévision en France. Il fut quelques années l'un des réalisateurs de la célèbre série « Un Gars et une fille » diffusée sur la télévision publique. Après avoir musclé son jeu aux tables du cercle de jeu parisien ACF, puis s'être concentré sur le poker en ligne durant deux à trois années, l'avignonnais est aujourd'hui joueur professionnel de poker aux Etats-Unis. Désormais, son nom s'affiche régulièrement dans la partie haute des résultats de grands tournois américains.

Agé de 37 ans, Fabrice vient de décrocher une 5ème place lors d'un événement du World Poker Tour à San Jose, le « Shooting Star ». Pour enchaîner sur une 13ème place lors d'un autre tournoi WPT, le World Poker Challenge à Reno. C'était en mars dernier. Auparavant, Fabrice fut chip leader de l'un des plus importants tournois aux Etats-Unis, le L.A. Poker Classic en février 2006. Mais, dit-il, Fabrice fut victime de son tempérament : sa tentative d'all-in avec As-Six vint se briser contre un As-Valet et du même coup, il sortit du tournoi à l'orée des places payées.

C'est notamment de ce dernier coup et de ces tournois dont Fabrice nous parle dans un entretien téléphonique depuis Las Vegas. Ces récents résultats hors ligne lui ont permis de gagner la considération du milieu du poker professionnel américain. Ne fut-il pas d'ailleurs présenté dans les colonnes du magazine américain Card Player comme l'un des meilleurs joueurs du monde « deep stack » par Alan Goehring, ancien analyste financier et vainqueur du L.A. Poker Classic 2006 ?

Ces récents résultats lui ont également permis de vérifier le constat que partagent les joueurs de haut niveau : plus vite un joueur ose sortir de l'Internet et participe à des tournois hors ligne, plus vite il peut espérer gagner en notoriété et se vendre. Pour preuve: Fabrice Soulier, dit « Fabsoul » sur le net, vient de terminer premier du classement général du « Grand Series of Poker » sur Pokerroom, un championnat en ligne fait de tournois « high stakes » entre le 24 avril et le 1er mai 2006. Un résultat qui sera en effet quasiment passé inaperçu dans la sphère médiatique. Entretien.

Pokernews : «Lorsque l'on sait que tu as été réalisateur, avec une situation confortable, quel parcours a pu te mener au poker de haut niveau ?»

Fabrice Soulier : «Avant le poker, je travaillais effectivement pour la télévision en France. En fait, j'ai vécu à Paris pendant 12 ans après être parti d'Avignon dont je suis originaire. A Paris, j'ai commencé des études de relations internationales à l'ILERI, mais je ne suis pas allé jusqu'au bout. Je ne me sentais pas à l'aise, ce n'était pas mon univers. Je préfère en quelque sorte la bohème : j'ai vécu par la suite de petits boulots, avant de partir pour New York et de suivre des cours dans une école de réalisateurs de cinéma.

C'est marrant, je venais du cinéma et par la suite, je me suis retrouvé à faire de la télévision. J'ai réalisé la série « Un gars et une fille ». Nous étions six réalisateurs, l'émission a reçu un Sept d'or. J'ai réalisé en tout 70 épisodes sur les 1400 que comprenait la série. J'ai également travaillé à la réalisation de l'émission « Farce Attaque » avec Laurent Baffie. C'était en 1998. J'ai également réalisé des émissions pour enfants diffusées sur Canal J.

Fin 2000, je me suis accordé un petit break. Je n'en pouvais plus de jouer la nuit à l'Aviation club de France, et le jour à la réalisation. A la fin, tu ne fais rien de bien. Il fallait choisir. Je me suis dit que j'allais arrêter de travailler pour jouer au Poker pendant un an. Et en février 2001, j'ai eu la chance de gagner à Paris à l'Euro Finals of Poker. Je suis retourné à New York, mais je ne connaissais pas de clubs comme l'ACF à Paris, un club auquel j'avais fini par être très attaché. De plus, je n'avais pas envie de continuer à vivre la nuit, comme c'est le cas lorsqu'on joue à l'ACF. J'ai donc joué sur Internet durant 3 à 4 ans.

J'ai beaucoup appris en termes de poker, mais j'ai aussi perdu beaucoup de temps. A la place, j'aurai dû me montrer, remporter des tournois et me vendre. A l'époque, il n'y avait encore pas encore trop de monde. Depuis, j'essaie de rattraper le temps.»

Pokernews : «Après avoir connu l'Europe et les Etats-Unis, comment saisis-tu la différence de niveau entre les deux univers ?»

En Europe, il y a deux ambiances. L'ambiance latine, et l'ambiance viking ! L'ambiance latine, ce sont l'Espagne, la France, l'Italie, les jolis petits clubs, c'est un peu le fouillis. Les tournois finissent à 6h00 du matin, il y a un problème d'organisation. Et puis il y a l'ambiance nordique : c'est très organisé, et beaucoup de joueurs sont solides. Bien que je ne sois plus impressionné par les nordiques, ils sont difficiles à jouer car ils ne craquent pas, surtout sur Internet. Et moi, j'ai un côté latin, j'en ai cassé des ordinateurs !

Je suis en fait plus impressionné par les grands pros. Aux Etats-Unis, le niveau est beaucoup plus énorme. Il y existe de grands professionnels dont on n'entend jamais parler, mais qui gagnent beaucoup d'argent... 2000 ou 3000 dollars par jour. Face à eux, le joueur latin que je suis conserve ses chances. Dans le fond, la France et les joueurs latins ont un gros potentiel en tournoi, car nous avons du cœoeur. On est capable de balancer son tapis sur un A-9. Les joueurs latins ne sont pas des joueurs prévisibles. Ils sont impulsifs, ils t'obligent à prendre la décision !

De temps en temps, comme récemment à Los Angeles, on me reproche mon jeu impulsif. Il faudrait de temps en temps savoir changer de vitesse pour assurer et aller plus loin dans un grand tournoi me dit-on. Mais d'un autre côté, durant le L.A. Poker Classic, j'ai connu un déclic. Le fait notamment d'avoir été chip leader m'a enlevé tous mes complexes face aux grands. Je me sens mieux au quotidien. Je peux désormais les affronter en les regardant droit dans les yeux.

Pokernews : «Quels avantages tire-t-on de jouer au poker aux Etats-Unis?»

Certains grands joueurs m'ont par exemple beaucoup aidé à certains moments. Par exemple, lorsque j'ai réalisé ce coup à Los Angeles en février dernier avant la table finale du L. A. Poker Classic. Phil Ivey m'a apporté son soutien : « Envoyer le tapis sur un bluff et chuter, ça arrive souvent et ça t'arrivera encore » m'avait-il dit. Il venait de jouer contre le banquier Andy Beal. Andy Beal était venu à Las Vegas rencontrer en tête à tête la « Team coalition ». Phil lui avait repris presque 17 millions de dollars après que l'équipe eut jusque là perdu près de 10 millions de dollars. Ce qui est bénéfique, c'est d'avoir des gens qui réussissent autour de soi. Ce genre de discours de la part de grands pros me remonte le moral.

De façon générale, le poker est ici super pro. Ici, on vient te féliciter. Les tournois démarrent à l'heure, tu as de véritables horaires de travail. En somme, c'est plus humain. A Las Vegas, tu vas à la piscine le matin, tu joues l'après midi, tu termines à huit heures, et le soir... tu es chez toi ! Ce n'est également pas la même dimension. Si tu n'as pas de tournoi au Bellagio, tu vas au Mirage à côté, ensuite au Caesars, et ainsi de suite. Là-bas, tu as la plupart du temps 300 joueurs pour un tournoi et 300 tables de « cash games ». Tu peux jouer un tournoi à 500$ tous les jours. Il y a beaucoup d'actions ! Et tu peux avoir une famille... et vivre.

Pokernews : «Parallèlement à tes récents résultats dans le milieu du poker US, tu as des projets spécifiques ?»

Oui. Je prépare un site d'information, avec de la vidéo bien sûr. Je suis également à la recherche d'un sponsor, un site européen de préférence. Un sponsor te donne un confort financier important. Il te donne l'opportunité de faire partie d'une équipe. Le poker est un jeu où tu peux être très seul. Et lorsque je joue pour quelqu'un d'autre, je joue mieux. De plus un sponsor renforce l'image du joueur, c'est un système qui crédibilise. Avec des gens derrière toi, tu fais plus attention: tu ne peux pas te casser la figure comme ça!

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