Phil Hellmuth - Businessman, présentateur et légende du poker
Phil Hellmuth est de retour ! Dans un entretien donné au magazine PokerNews, l'ancien champion du monde explique vouloir voir le poker prendre le pas sur ses affaires.
Phil Hellmuth est la synthèse du monde du poker professionnel contemporain. Il continue de jouer au poker au plus haut niveau, faisant étalage de son talent, ce même talent qui lui a permis de remporter neuf bracelets World Series of Poker et un nombre incalculable de tournois internationaux. Mais il sait qu'il existe un énorme potentiel généré par sa célébrité, et il vient très récemment d'en exploiter le filon. Il semble que le fait d'être « Phil Hellmuth » prend autant de temps que de devenir le "champion de poker" que l'on connaît déjà.
« Depuis novembre, j'ai seulement joué huit tournois » fait remarquer Phil alors que nous parlions ensemble la semaine dernière. « Il y a eu cinq tournois seulement en janvier de cette année. Savez-vous à combien j'en ai participé ? Zéro." Un état de fait que le Champion du Monde 1989 a une grande envie de rectifier au cours de cette année. Le problème est que sa vie professionnelle, qui le tient éloigné des tables, marche tout aussi bien que sa vie de joueur de poker !
Avec l'entame de la huitième saison du "Celebrity Poker Showdown" le 31 mai, le champion 2005 du « National Heads Up Poker » ajoutera une autre corde à son arc en rejoignant en tant que présentateur Dave Foley sur l'émission de télévision consacrée au poker très populaire aux Etats-Unis. Il y a bien d'autres projets dont s'occupe Phil, c'est ce que j'ai découvert lors de notre discussion.
PN: Premièrement, Phil, comment envisagez-vous votre rôle de co-présentateur du "Celebrity Poker Showdown" ?
PH: Eh bien, lorsque l'émission a commencé en 2002, ils me demandèrent de devenir co-présentateur. A cette époque, néanmoins, je travaillais sur une autre émission et je ne voulais pas faire faux bond, passer sur le "Celebrity Poker Showdown" alors que j'étais en train de faire la mienne. J'ai toujours tenté de respecter à la lettre une éthique et une morale. C'est une chose qui est très importante pour moi. Essayez d'imaginer mes partenaires en train de me crier dessus pour les avoir laissé proprement tombé. En respectant une éthique, j'ai dû passer mon tour.
L'émission sur laquelle je travaillais n'a pas vu le jour, ceci dit. Comme chacun sait, le "Celebrity Poker Showdown" est devenu une émission connue et par la suite la boucle a donc été bouclée. Lorsque l'opportunité de prendre la place de co-présentateur s'est à nouveau présentée, j'étais en position de dire oui cette fois-ci.
PN : Quelle furent vos impressions à propos des personnalités prenant part au show ?
PH: Les stars de l'émission s'avèrent très bonnes. Je pense qu'elles veulent vraiment bien jouer lorsqu'elles participent au "Celebrity Poker Showdown" et bien faire pour les causes humanitaires pour lesquelles elles jouent. Il y eu cinq ou six stars qui sont vraiment sorties du lot à mes yeux. Michael Ian Black, le comédien, a été très bon... A la fois Jason Alexander de la série "Seinfeld" et Bryan Cranston de "Malcolm In The Middle" jouent vraiment bien. Jennifer Tilly a également pris part à l'émission et nous savons tous qu'elle joue d'une manière très solide. Il y aura des parties avec de belles compétitions à l'avenir sur le show.
PN: Alors, qu'apportez-vous personnellement à l'émission "Celebrity Poker Showdown" ?
PH: (rire) Bon, tout ce que je peux dire est que vous verrez bien vous-même ! Il y aura une série très spéciale de tournois, particulièrement depuis que nous avons joué à la Nouvelle Orléans.
PN: Je voulais arriver sur cette question là également. Quelle importance a le tournoi à la Nouvelle Orléans ?
PH: He bien, je sais que personnellement je voulais apporter mon aide après l'Ouragan Katrina. Nous avons organisé un tournoi de bienfaisance sur Ultimate Bet avant le tournage du "Celebrity Poker Showdown" et j'y ai contribué à hauteur de $12,500. Grâce à ce tournoi, nous avons levé une somme de $80,000. C'était très naturel, me semblait-il, que "Celebrity Poker Showdown" aille à la Nouvelle Orléans pour son dernier tournoi.
PN: Parlons un peu des tournois de poker auxquels vous avez participé ces derniers temps. Vous avez fait impression au "High Stakes Poker". Quelle difficulté rencontre-t-on à la table face à des joueurs qualifiés ?
PH: C'est n'est pas difficile du tout. J'ai battu et continué à battre les meilleurs du monde dans l'arène des cash games. J'ai arrêté de jouer aux ring games No-Limit vers 1999, je crois, parce que je voulais changer de rythme. J'ai commencé à jouer plus de Triple Draw et à d'autres jeux de la sorte.
Je suis arrivé sur l'émission avec une philosophie différente, une approche différente de celle que j'ai normalement. Je savais que les joueurs comme Freddy Deeb, Barry Greenstein et Daniel Negreanu jouent un jeu très rapide, ils voient beaucoup de Flop et après le flop. J'ai tenté de jouer à la même vitesse qu'eux, ce qui m'a posé des problèmes pas mal de problèmes car ils n'ont pas joué de façon habituelle. A y regarder de plus près, j'aurai probablement dû m'asseoir et jouer un jeu ennuyeux et simple, être patient et attendre les cartes.
PN: Que ressentez-vous après avoir été sorti du championnat Heads Up et ne pas avoir eu de véritable occasion de défendre votre titre ?
PH: C'était difficile à vivre. Lorsque j'ai participé au tournage du spot publicitaire pour promouvoir le show sur NBC, je me rappelle m'être dit, « Mince, pourvu que je ne sois pas éliminé durant le premier tour ! »
PN: Au fait, sérieusement, Chip Reese a été un adversaire sérieux pour un premier tour...
PH : Oh, Chip est un grand joueur ! Pour les gens qui ne connaissent pas bien les grands joueurs de poker, il est probablement le joueur le plus sous-estimé.
PN: Est-ce que la preparation de vos activités ont conduit à votre élimination du tournoi ?
PH: Non, non. L'année dernière lorsque j'ai gagné le tournoi, je ne m'étais pas du tout préparé. En fait, j'ai reçu un appel me rappelant la tenue du tournoi le jeudi précédent l'événement en 2005 et j'avais tout oublié ! Je voulais vraiment passé du temps avec ma famille mais j'étais obligé d'y aller, donc j'y suis allé.
Une fois là-bas, j'ai vu combien j'avais manqué de respect à l'événement et cela m'a aidé à me motiver. Après avoir gagné mes deux premiers matchs, j'ai pensé que je devais être beaucoup plus sérieux ! Je me suis mis dedans, et bien sûr, j'ai remporté le championnat.
PN : Pour être honnête, vous êtes devenu un businessman sur le tard. J'ai noté que vous avez des projets dans le milieu médical...
PH: Oui, il s'agit d'une entreprise très intéressante appelée « Applied Health Solutions ». Ils travaillent sur le développement d'un large éventail de produits pharmaceutiques pour différentes affections. Un de leurs docteurs, qui est un médecin du Sultan de Brunei et qui a accompagné le président des Etats-Unis durant son voyage dans le Pacifique, a développé un traitement pour soigner le rhumatisme articulaire qui présente un gros potentiel. Il mènent actuellement des essais cliniques et l'on devrait voir arriver quelque chose bientôt.
Je suis aussi impliqué dans une entreprise appelée IAmplify.com, je leur fourni des informations. Ils travaillent dans le domaine du MP4, qui est la prochaine évolution de la technologie MP3 et qui combinera à la fois des fichiers audios et visuels. Ajouté au fait mon jeu de poker pour téléphone mobile, qui regroupe près de 4 millions de joueurs, et ma chronique sur le poker publiée dans les pages de quarante quotidiens aux Etats-Unis et trois journaux en Europe, je suis assez occupé !
PN: Cela semble très intéressant ! Mais vous êtes d'abord un joueur de poker. Quel est la forme de votre jeu actuellement ?
PH: Je me trouve très près de là où je veux être. Les World Series se rapprochent, je pense être prêt à prendre part à chaque tournoi durant ces six semaines. Cela me fait mal de rater le Mirage Poker Showdown, mais je le dois... Passer du temps avec ma famille est plus important pour moi que toutes mes autres activités.
PN: Bien, pour la première fois depuis un certain temps, vous irez aux World Series classé derrière to Doyle (Brunson) et Johnny (Chan) en termes de bracelet. Est-ce que cela vous motive ?
PH: Oh oui, je suis vraiment hors de moi d'être derrière eux aujourd'hui. Je veux vraiment être reconnu comme étant le plus grand joueur que l'on ait connu, et maintenant je dois jouer intense et revenir à leur niveau ou les dépasser !
PN : Quel est l'idée la plus fausse que les gens ont de vous ?
PH: Je pense que les gens pensent que je suis un acteur lorque je me trouve à une table. Maintenant, ne vous méprenez pas, je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai pu faire autrefois aux tables. Parfois, je me vois à la télévision et je ris aussi fort que les gens qui la regarde. La vérité est que je suis moi-même aux tables. J'ai une telle envie de gagner que je me retrouve très impliqué dans ce qui se passe et j'ai un tel esprit de compétition que tout autre chose que la gagne ne m'intéresse pas.
Ce qui me dérange est aussi le fait que je sois considéré comme l'un des « bads Boys » du poker. Je suis un père de famille, marrié depuis 17 ans, mais à cause de mon goût pour la compétition, on m'appelle "le sale gosse du Poker" ("Poker Brat"). Certains joueurs considérés comme les « gentils » dans le jeu aujourd'hui ne se conduisent pas aussi bien que moi.
PN : Une autre question, Phil. Quel est le futur du jeu, pour vous et dans l'ensemble ?
PH: Le poker aujourd'hui est en grande forme. Je voudrais vraiment nous voir arriver au point où se trouve le Golf et que les tournois réunissent les meilleurs joueurs du monde. Les gens veulent que le poker soit comme cela aujourd'hui pour voir les plus belles oppositions entre joueurs. Peut-être que la World Poker Association qui se monte aux Etats-Unis réussira à unifier les différents milieux, ce qui nous amènerait dans cette direction.
Personnellement, ma famille passera toujours en premier, mais je suis en train de changer l'ordre des priorités en dehors de ça. Pendant un certain temps, j'ai placé mes intérêts dans les affaires devant le poker. C'est un peu ridicule. J'en suis arrivé à un point où il semble que les gens disent « Phil qui ? ». Je travaillais plus pour mes écoles de poker et mon apparence personnelle, qui me rapporte $50,000, que de jouer dans les tournois. Je commence à changer de direction, celle où le poker prend le pas sur mes affaires. Je veux arriver à jouer au moins un gros tournoi par mois... ce qui va se produire assez vite.
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