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Les 'railbirds' des tournois live, vus par Dr Pauly

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Le 'rail', c'est la ligne de démarcation qui sépare les joueurs du reste de la salle. Le terme "railbird" était à l'origine le surnom donné aux joueurs qui avaient sauté ou aux 'gamblers' désargentés qui s'étiraient le long du rail comme des pigeons dans un parc attendant que quelqu'un les nourrisse.

De nos jours, un 'railbird' désigne tout spectateur lors d'un tournoi de poker. Mais si vous vous intéressez de plus près à l'anatomie du rail, vous découvrirez que cet écosystème complexe se divise en fait en de nombreuses espèces.

Les Poker rooms de Las Vegas attirent quantité de railbirds et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle beaucoup de casinos ont choisi de placer les leurs à des endroits stratégiques et fréquentés par les touristes. Après avoir parcouru du regard la poker room à la recherche de têtes connues, les railbirds - durs à satisfaire - se lassent rapidement de regarder du poker joué par des anonymes. En conséquence, il y a généralement un gros turn-over parmi les spectateurs, dont les rangs se renouvellent en permanence..

Ce sont les tournois qui attirent le plus les railbirds. Et plus le buy-in est élevé, plus la foule est compacte. Vous ne verrez jamais de hordes de paparazzis et de journalistes s'agglutiner autour de la table finale d'un tournoi à 65$ du Treasure Island, vous n'y trouverez que quelques touristes en vacances qui s'amusent à regarder leurs copains ou un membre de leur famille tenter de gagner quelques centaines de dollars.

L'un des premiers tournois majeurs auquel j'a assisté en tant que railbird est le WPT Championship 2004 du Bellagio à 25.000$ de buy-in. Je me souviens m'être promené à proximité de la poker room avec mon frangin lorsque nous avons aperçu Phil Hellmuth qui se dirigeait dans notre direction. Je l'ai arrêté et je lui ai dit "J'ai lu ton bouquin, Phil", ce à quoi il m'a répondu, sarcastique, "c'est très bien."

J'avais ensuite fendu la haie des touristes pour aller jeter un coup d'oeil à la table de Ben Affleck, tandis que mon frère se postait juste derrière Scotty Nguyen. Jusque là, il s'était contenté de voir les joueurs de poker à la télé, jamais en chair et en os, et il était ravi de pouvoir assister en direct au Scotty Nguyen Show. A un moment, juste après que Scotty ait remporté un pot, il s'est retourné vers mon frangin et ils se sont tapés dans la main. Ca, c'est un des meilleurs côtés du poker — vous pouvez interagir avec les meilleurs joueurs du monde — et c'est gratuit..

Le Main Event des World Series of Poker est la Mecque des railbirds. Tout le convention center du Rio devient en quelques jours un véritable zoo infesté de touristes. Déjà dans les couloirs, vous n'avez pas de place pour respirer, mais c'est encore plus vrai dans l'Amazon room. Se frayer péniblement un passage à travers la foule et parcourir la pièce d'un bout à l'autre prend plusieurs minutes.

Mais le pire à Las Vegas, c'est encore la nuit, surtout le week-end lorsque la ville se retrouve contrôlée par les soiffards de tous poils. Le stand Milwaukee's Best (NdT : une marque de bière très connue aux USA) a fait les riches heures de WSOP et s'est avéré un excellent outil promotionnel pour la marque mais a eu souvent des effets ravageurs sur le rail. On ne compte plus les nuits où des sections entières du public se sont retrouvées gravement intoxiquées au houblon fermenté.

Je suis même assez surpris de n'avoir jamais assisté à une émeute pendant les WSOP. J'ai bien vu quelques duels entre poivrots, mais rien qui ressemble de près ou de loin à l'une de ces furieuses mêlée dans les tribunes pendant un match de l'équipe d'Argentine. Il faut vraiment se montrer odieux pour se faire jeter d'un casino à Las Vegas même si, à de rares reprises, on a vu l'encadrement empêcher des spectateurs éméchés d'aller se ravitailler.

Durant le Main Event des WSOP 2007, le très beau parcours de Maria Ho lui a permis de devenir la dernière femme du field encore en course. Mais c'est surtout des circonstances de son élimination qu'elle doit se souvenir aujourd'hui. Kevin Farry, un joueur assis à la table de Ho, était soutenu par toute une bande de potes. Sous l'emprise de la boisson à quelques centimètres de la table, ils faisant un tapage pas possible, renversaient leurs boissons et sortaient grossièreté sur grossièreté. Lorsque Farry a finalement sorti Ho à la 38ème place, les railbirds se sont mis à exulter bruyamment. Et la pauvre Maria a failli se faire piétiner par la foule, trop occupée à enjamber les cordons de sécurité et à aller embrasser son héros pour seulement lui prêter attention.

J'ai assisté à des scènes équivalentes dans des tournois en Europe. Là-bas, la plupart des casinos n'installent même pas de cordons, ce qui signifie que tout le monde peut se ballader autour des tables à n'importe quel instant. Des familles entières tirent des chaises et s'installent confortablement derrière les joueurs. Dans certains pays, des joueurs comme Gus Hansen ou Patrik Antonius sont plus populaires que les Beatles. Inutile d'essayer de s'approcher de leur table, la marée humaine qui les entoure s'avère complètement impénétrable.

Beaucoup d'européens ont l'air de détester les médias. Et il n'est pas rare de voir des railbirds malpolis vous empêcher d'accéder aux tables. Lors d'un tournoi à Barcelone il y a quelques années, la zone de tournoi était ouverte aux quatre vents, sans personne pour la sécuriser. J'étais obligé de jouer des coudes pour progresser et mes oreilles avaient du mal à s'habituer à tout ce tapage, qui aurait mieux convenu à un combat de coqs qu'à un tournoi de poker. Une journaliste de PokerNews avait du monter sur une chaise pour pouvoir assister aux mains et maintenir le Chipcount à jour. Lors d'une grosse main, la foule devenue hostile s'est soudainement précipitée en avant et l'a faite dégringoler de sa chaise. Sans que personne ne l'aide à se relever.

La prochaine fois que vous serez à Las Vegas durant les WSOP, prenez quelques heures pour étudier les railbirds. Ecoutez leurs conversations. Votre surveillance vous permettra de faire quelques observations fascinantes sur les archétypes qui hantent l'industrie du poker. A tout moment, vous trouverez parmi la foule une douzaine au moins de railbirds correspondant à l'un des portrait-robots suivants :

- Les épouses lisant le dernier ouvrage recommandé par Oprah Winfrey pour éviter l'ennui. J'ai de la peine pour les femmes du poker. Elles veulent vraiment encourager leurs époux mais, 95% du temps, regarder du poker est aussi excitant que de choisir les chaussettes que vous porterez aujourd'hui. Les femmes futées amènent donc un livre et une chaise pliante.

- Les amis enthousiastes. Ces fans sont les plus frôles à regarder. L'une de mes histoires favorites mettant des railbirds en scène implique Vivek Rajkumar, à l'époque où ce pro du online venait de fêter ses 21 ans et participait à son premier tournoi 'live' aux WSOP. Il est allé loin et, comme on jouait en limit hold'em, le tournoi s'est prolongé fort tard. Ses potes ont donc largement eu le temps d'abuser de la bouteille et, lorsque la nuit s'est transformée en petit matin, ils étaient tellement faits que, chaque fois que Rajkumar remportait un pot, on les entendait gueuler en coeur "Ship it to Vivek!"

- Les photographes amateurs. Ils sont constamment en train de manoeuvrer pour essayer de capturer le dos de Doyle Brunson avec leurs téléphones portables à 2 méga-pixels. Il y a toujours une dame qui oublie d'éteindre son flash, un membre du staff qui s'empare du micro pour rappeler aux têtes de linotte que les "flashs ne sont pas autorisés" et la même scène qui se répète cinq minutes plus tard.

- Les filles de joie. Rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt. Les hommes esseulés avec de l'argent ont toujours attiré certaines femmes versées dans l'art de la relaxation.

- Les mannequins. Les rooms de poker online et d'autres société embauchent toujours de jolies filles pour arpenter l'Amazon room, se mettre dans l'axe des caméras pendant la table finale télévisée et, de manière générale, attirer l'attention sur les marques qu'elles représentent.

- Les financiers. Ce sont tous les types tendus comme une ficelle de string qui étudient la structure des places payées depuis le rail en priant pour que de nouvelles éliminations permettent à leur poulain de gagner encore quelques places sur l'échelle des gains.

- Les collecteurs de dettes. Durant la période la plus sombre de sa vie, lorsque Stu Ungar s'apprêtait à sortir d'un tournoi avec un gros chèque en poche, une nuée de créanciers entourait d'un coup la table finale pour se faire payer. La plupart des pros que vous voyez sur le rail ne sont pas mus par un instinct de camaraderie qui les pousserait à venir encourager leurs amis. Ils sont surtout là pour escorter les dits-joueurs jusqu'au guichet des paiements et récupérer leur dû.

- Les mendiants. On les appelle ainsi parce que ce sont des joueurs sans beaucoup de talent qui sont constamment à la recherche d'argent. On les retrouve régulièrement mêlés à la foule, espérant soutirer quelques miettes aux joueurs gagnants.

- Les assistants. Les joueurs pros amènent parfois avec eux des employés à leur service. Cyndy Violette avait ainsi engagé un cuisinier qui lui préparait des repas végétariens et les lui amenait au Rio pendant qu'elle jouait. Ceux qui sont versés dans les paris sportifs ont souvent des assistants qui se chargent d'aller déposer les paris et récupérer les tickets gagnants.

- Les brésiliens. Ils figurent parmi les railbirds les plus bruyants et les plus festifs qu'on puisse imaginer, et feront souvent entrer un peu de la folie du Carnaval de Rio dans la salle de tournoi, que ça vous plaise ou non. Vous vous retrouverez rapidement submergé par une mêlée vert et jaune, avec des sifflets et des chants de guerre portugais dans les oreilles, à moins que quelques filles très peu vêtues ne vous ait déjà entraîné dans un tourbillon de samba.

- Les ivrognes. Pendant un tournoi, à mesure que les heures défilent, certains railbirds tiennent le coup en avalant de grosses quantités d'alcool. Ne vous approchez pas trop d'eux : ils parlent fort et n'arrêtent pas de renverser de la bière sur leurs interlocuteurs.

- Les fauteurs de trouble. Tous les railbirds ne sont pas forcément armés de meilleurs intentions. La spécialité de certains consiste même à essayer d'irriter les joueurs et de leur faire perdre leur calme. J'ai vu le joueur pro irlandais Andy Black craquer à deux reprises durant le Main Event 2005. A un moment, il avait même proposé au provocateur d'aller s'expliquer dehors. La sécurité était intervenue à temps pour empêcher les choses de dégénérer. Durant le même tournoi, un autre spectateur s'était mis à harceler la femme de Greg Raymer, également assise en tribune. Lorsque le railbird indélicat s'est mis à poser des questions sur la fille adolescente de Raymer, ce dernier, d'habitude parfaitement maître de lui, s'est levé d'un bond et s'est mis à hurler "If you f*** with my daughter, you're dead!" (si tu continues à déc..... avec ma fille, t'es un homme mort !). Le provocateur a décampé avant que la sécurité ne puisse intervenir.

- Les médias. N'oublions pas mes collègues des médias poker. Beaucoup se mélangent au rail pour trouver de bonnes histoires à raconter et relever les Chipcounts.

- Les agents de poker. Ils sont toujours en train de fureter à proximité des tables, essayant de se mettre les supporters d'un client potentiel dans la poche. Ils ont un petit côté proxénète, surtout lorsqu'ils renvoient leurs nouvelles proies au charbon, le torse outrageusement maquillé aux couleurs de leur nouveau sponsor .

- Les agents du gouvernement. Plusieurs fois par an, une rumeur enfle selon laquelle un agent du fisc sous couverture est en train d'espionner les joueurs à l'intérieur de l'Amazon Room. Depuis, on m'a affirmé que c'était un mythe urbain, mais qui sait ? La Commission des Jeux du Nevada envoie souvent des agents en civil espionner les casinos, alors pourquoi pas le fisc ?

- Les rêveurs. Ne sous-estimer jamais le pouvoir du rêve. Le type debout à côté de vous sur le rail est peut-être un joueur plein d'avenir qui rêve de se retrouver un jour de l'autre coté du cordon et qui en profite pour étudier ses futurs adversaires .

Comme vous le voyez, le rail est souvent plus excitant que le tournoi en lui-même. Si le poker n'a pas changé, les gens qui assistent aux tournois se sont transformés. Aujourd'hui, ils offrent à la fois et le meilleur et le pire de ce que le poker peut engendrer.

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