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Jake Cody : 'A Deauville, le field s'annoncait tellement faible...'

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jake cody champion ept deauville interview

A la fin du mois de janvier, Jake Cody, un joueur originaire de Rochdale au Royaume-uni, a remporté le Main Event de l'European Poker Tour de Deauville. Une victoire à 847.000€, qui lui a valu une célébrité immédiate en le propulsant au sommet du classement européen des gains en 2010. Aujourd'hui, nous avions rendez-vous avec cette nouvelle star du poker afin de lui poser quelques questions sur notre passion commune.

Pokernews: Félicitations pour votre victoire Jake. Alors, comment vous êtes-vous initié au poker ?
Jake Cody: J'ai appris les bases du jeu avec Matt Perrins (qui a récemment remporté une étape de l'Italian Poker Tour). Lorsque nous avions 15 ou 16 ans, nous avions l'habitude de jouer pour l'équipe de billard du même club local et, après chaque rencontre, on s'organisait une petite partie entre amis à 10$ la cave. Assez vite, on s'est retrouvés à s'affronter en tête-à-tête à peu près chaque jour que Dieu faisait; avant de finalement décider d'élargir notre horizon en nous inscrivant sur un site de poker en ligne. Entre 16 et 21 ans, nous nous sommes complètement dédiés au poker. Au début, j'ai commencé par lire des tas de livres et par fréquenter les forums mais, pour être honnête, j'ai accompli mes plus gros progrès en discutant de mes mains avec des joueurs que je respectais. Ca m'a permis e changer de perspective dans ma façon de considérer les pots. Ce genre de leçons n'a pas de prix. Les joueurs à qui je dois le plus sont vraiment Matt 'pez102' Perrins et Tom 7tHEcROw7 Macdonald. J'ai passé tellement de temps avec eux ces douze derniers mois ...

PN: Vous considérez-vous comme un joueur pro?

JC: Je ne me suis jamais dit, OK, maintenant je vais devenir pro. C'est venu tout seul : J'allais moins au lycée et je jouais de plus en plus au poker. finalement, j'ai eu de plus en plus de mal à me motiver pour retourner à l'école alors que je venais de gagner un gros paquet la nuit précédente. Ca doit faire à peu près deux ans et demi maintenant que le poker me permet de gagner ma vie.

PN: Quelle est votre variante habituelle?

JC: Il y a quelques années, je ne jouais pratiquement que des cash-games en tête-à-tête, afin de me payer mes buy-ins de gros tournois. Je me souviens avoir remporté un tournoi à 24$, qui m'a rapporté quelque chose comme 6.000$. De là, j'ai considérablement augmenté mon volume de jeu et me suis mis à me documenter comme jamais pour m'améliorer. Aujourd'hui, je joue des MTT 'medium' et 'high stakes'. Et parfois quelques cash-games en 'head's-up' pour me changer les idées. Il y a clairement plus d'argent à faire en s'asseyant tous les jours à des tables de cash-game, mais les tournois sont tellement plus marrants.

PN: Vous avez récemment réusi une grosse performance en tournoi online. Est-ce que ça vous a donné une confiance en vous particulière ? 

JC: Bien sûr, j'ai fait pas mal de scores l'année dernière, et la chance m'a à nouveau souri en 2010, avec une seconde place dans l'Event 12 des FTOPS, un NLHE '6-Max' à 1.000$, qui m'a rapporté 198.000$. Faire des résultats en tournoi vous aide évidemment à prendre confiance en vous.

PN: Qu'est-ce qui vous a donné envie de jouer cet EPT en particulier?

JC: Je venais de revenir de la PCA, aux Bahamas, en étant terriblement frustré face au poker 'live'. A Nassau, j'ai longtemps eu l'impression d'avoir un énorme 'edge' sur mes adversaires, sans jamais réussir à le concrétiser par une victoire. Comme j'ai un gros esprit de compétition, ça m'a rendu complètement malade. Matt Perrins et Nicky Evans m'ont alors proposé de les accompagner à Deauville. Le field s'annonçait tellement faible que je me suis dit que j'avais tout intérêt à m'inscrire au Main Event et à quelques tournois secondaires. Et que si jamais ça se passait mal, je n'aurais qu'à me remettre au cash-game online pendant quelques mois.

PN: parlez-nous de votre parcours jusqu'en table finale.

[IJ[B]JC[/B]:[/IJ Pour être honnête avec vous, je me suis balladé les premiers jours, l'opposition étant constituée de quelques bons joueurs online, de quelques bons joueurs live et surtout d'une tripotée d'amateurs français avec des relances standards à 10 blindes et le reste à l'avenant. Puis, tout d'un coup, arrivé aux quatre dernières tables, les situations difficiles se sont multipliées et les joueurs du dimanche s'étaient volatilisés. Grâce en soit rendue à la nouvelle structure EPT, qui est la meilleure que j'ai jamais expérimentée.

PN: Eastgate et McDonald étaient objectivement les têtes d'affiche de cette table finale. Ca vous a influencé ?

JC: J'ai eu beaucoup de chance avec le tirage des sièges à la table : ils étaient tous les deux situés à ma droite lorsque j'ai joué contre eux. Je suis sûr que les choses auraient été mille fois plus difficiles si l'inverse avait été vrai. j'ai énormément de respect pour ces deux joueurs, qui figurent parmi les meilleurs du monde, mais je n'étais pas intimidé. Au contraire, le challenge m'aurait plutôt motivé. J'ai commencé par les sur-relancer pour les forcer à coucher leurs mains. Constater que des joueurs de ce calibre n'étaient pas capables de lire en mois comme à livre ouvert m'a aussi fait beaucoup de bien (rires).

PN: Qu'est-ce que ça fait d'être un Champion EPT ?

JC: Je suis Champion depuis une dizaine de jours et j'ai toujours l'impression de vivre un rêve éveillé. Je n'ai toujours pas complètement réalisé qu'une telle somme d'argent dormait sur mon compte bancaire. C'est incroyable, tous les messages de félicitations me sont allés droit au coeur et j'aimerais tout spécialement remercier ma famille et mes amis pour leur soutien fantastique. Il y a même quelqu'un qui m'a reconnu dans une soirée à Manchester ! Ca fait bizarre, je ne suis pas sûr de trop aimer cette impression. En tout cas, le chemin accompli pour en arriver là a été long et semé d'embûches et j'ai bien failli tout arrêter à plusieurs reprises.

PN: La suite de votre programme? Quels sont vos plans pour 2010?

JC: L'UKIPT de Manchester arrive bientôt. C'est le tournoi de ma ville, ça devrait être sympa. D'une manière générale, je vais jouer beaucoup plus de tournois 'Live' cette année. En fait, je ne vais pas arrêter, ça risque de me tenir très occupé!

PN: Comment fait-on à 21 ans pour garder la tête froide avec 800.000€ en banque? Vous avez déjà des projets pour cet argent?

JC: Je ne sais pas! je vous dis, je suis en plein rêve. En tout cas, je ne laisserai pas l'argent me monter à la tête, c'est promis. Je n'ai pas encore vraiment réfléchi à ce que je vais en faire, il n'est pas impossible que je me mette à visiter quelques maisons cette semaine...

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