Collin Moshman, le trader du poker
Plus le poker online prospère et plus il devient tentant d'établir une comparaison avec les marchés boursiers. Surtout en ce qui concerne l'industrie du staking sur Internet (le fait de financer d'autres joueurs de poker ou de se faire financer soi-même). C'est une activité en plein boom, dont le degré de frénésie n'est pas sans rappeler une salle de marché au beau milieu de la 'City', à Londres. Le spécialiste des Sit'n-Goes Collin Moshman, auteur de poker et coach chez Stoxpoker, est très bien placé pour nous en parler. Il coache plusieurs poulains, qu'il stake également dans des SNGs sur Internet. Nous l'avons donc contacté pour discuter 'staking online'.
Pokernews: Comment vous est venue l'idée de staker des joueurs?
Collin Moshman: C'est ma femme Katie qui me l'a suggéré. J'entrainais deux garçons qui devenaient vraiment très fort mais ne pouvaient pas pleinement exprimer leur talent. Le coût de la vie pesait tellement sur leur bankroll qu'ils restaient cantonnées à des limites beaucoup trop faibles pour leur talent. Je suis devenu convaincu qu'ils resteraient gagnants en jouant plus cher. Et s'ils jouaient avec mon argent, cela se ferait à notre bénéfice mutuel.
PN: Est-ce que les SNG sont vraiment le meilleur format pour financer des joueurs?
CM: J'ai commencé ma carrière de 'staker' avec des SNGs pour la simple et bonne raison que c'est le format que je connais le mieux. Et c'est aussi celui qui est le moins soumis à la variance. Il y a plein de formats de SNG différents et donc plein de combinaisons possibles : Avec le bon mélange de 'Double-or-nothing', de tête-à-tête, de '9-max', de '45-max', etc... vous devenez capable de régler le rapport 'risque-récompense' au niveau que vous jugez optimal. Mais je finance aussi des cash-games et des MTT, et j'en suis très heureux.
PN: Quelle est l'importance du 'rakeback' (des rétro-comissions des rooms vers les joueurs) dans votre stratégie de staking?
CM: Le 'Rakeback' est une très bonne chose, mais je connais des joueurs qui dominent totalement leur limite, sans même devoir compter sur les rétro-commissions. De tels joueurs peuvent générer beaucoup plus de profit qu'en allant faire la chasse au rakeback sur des réseaux qui peinent à générer du trafic. Certains 'stakers' ne placent leur argent que sur ces réseaux et établissent toute leur stratégie sur des deals avantageux en termes de rétro-commissions. De mon côté, je préfère financer des joueurs qui sont de solides gagnants et n'ont donc pas besoin d'être obnubilés par le 'rakeback'.
PN: Comment pouvez-vous être sûr de ne jamais avoir été escroqué par un joueur ? Et comment un joueur peut-il être sûr que vous le traiterez corresctement ?
CM: Escroqué? La majorité des joueurs que je décide de prendre sous mon aile m'ont été recommandés par d'autres. Lorsqu'un joueur respecté risque sa réputation pour donner un coup de main à quelqu'un d'autre, c'est qu'il doit vraiment avoir confiance. Et même si les stats d'un joueur qui m'a ainsi été recommandé sont inférieures à celles d'un autre candidat qui n'aura pas les mêmes 'lettres de créance', je choisirai sans doute le premier parce qu'on pourra commencer dès le départ avec un haut niveau de confiance. En ce qui concerne les moyens pour un joueur de s'assurer de mon intégrité, je pense avoir plutôt une bonne image au sein de la communauté du poker. Et je ne ferai jamais rien qui puisse la mettre en péril. Enfin, je signe toujours un contrat avec un joueur que j'ai décidé de financer, sur lequel tout est marqué noir sur blanc : ce que j'attends de lui et ce qu'il peut attendre de moi en retour.
PN: Combien de candidatures recevez-vous chaque mois et quel est le pourcentage finalement retenu?
CM: Ca dépend. Une soixantaine par mois, en moyenne. J'en accepte environ 10% tout de suite. D'autres seront stakés plus tard, après une période initiale de 'coaching rémunéré' de ma part.
PN: Qu'est-ce que vous recherchez avant tout chez un joueur? Sur quoi un joueur doit-il particulièrement travailler pour améliorer ses chances d'être retenu par Collin Moshman?
CM: Les candidats doivent voir ça comme un entretien d'embauche. Ils doivent donc m'expliquer de manière convaincante quelle raison j'aurai de leur envoyer de l'argent. Je leur pose un certain nombre de questions auxquels ils sont tenus de répondre, comme dans tout dossier de candidature. Je me base ensuite grandement sur ces réponses pour prendre ma décision, ainsi que sur un engagement de leur part de maintenir un gros volume de jeu.
PN: Quel intérêt un joueur a-t-il à venir se faire financer par vous? Est-ce que c'est avant tout une question de bankroll ou est-ce que la discipline et le coaching sont aussi de gros facteurs de motivation?
CM: les raisons sont nombreuses : (a) bankroll insuffisante (b) Possibilité de grimper de limite (c) Éliminer le risque de jouer en 'scared money' (d) Échange d'historiques de mains avec d'autres joueurs gagnants (e) Auto-discipline que vous impose le fait d'avoir un financier (f) Importance d'avoir quelqu'un qui croit en vous (g) Statut du joueur 'staké'.
Presque tous les cours que je donne se font maintenant sur une base 'si tu ne gagnes pas, tu ne paies pas', ce qui permet aux joueurs de travailler plus longtemps avec moi. Après tout, on ne peut pas tout expliquer en deux heures de temps. Certains joueurs sont à la recherche d'une sorte de 'deal hybride'; ils ont une bankroll suffisante pour leur limite actuelle et ne veulent que du coaching pour rester gagnants à la limite suivante. Mais le coût de la vie les obligera souvent à 'emprunter un complément de bankroll' pour pouvoir grimper finalement.
PN: Qu'est-ce qui vous différencie d'autres investisseurs potentiels ou des sites de staking online, comme ChipMeUp.com par exemple?
CM: Mon expertise me permet de repérer à quelle variante ou à quelle limite un joueur aura une EV maximale, même s'il pense faire un profit suffisant à une limite inférieure. Bien sûr, je ne forcerai jamais un joueur à grimper contre sa volonté. Je veux ce qui est le mieux pour eux et s'ils ont besoin de plus de temps pour engranger suffisamment de confiance, ainsi soit-il.
PN: A quel rythme les joueurs progressent-ils sous votre férule?
CM: Je permets aux joueurs de grimper les limites aussi rapidement que leur talent et que leur motivation le leur permet. J'ai tout intérêt à permettre à un joueur solide de jouer des SNG à 50$, plutôt que de les voir perdre leur temps avec des 10$, et c'est un des aspects du 'staking' que je trouve vraiment gratifiant — partager le même but que mes joueurs. Je me souviens de deux exemples particulièrement frappants, avec un des deux joueurs qui est passé en un temps record des SNG et MTT à 3$ à ceux à 75$, tandis que l'autre troquait tout aussi rapidement les tête-à-tête à 5$ contre ceux à 200$.
PN: Est-ce que vos poulains bénéficient d'autres avantages encore, en plus des séances de coaching?
CM: Une fois que j'ai établi une relation de confiance avec un joueur et qu'il m'a prouvé sa valeur, on se met ensemble à faire des plans à long terme. Avec des récompenses à la clé. Que ce soient des tickets gratuits pour un match, un séjour à Las Vegas, du Cash. On s'assoit et on discute d'un plan pour y arriver. Le truc, c'est que la récompense soit adaptée aux objectifs personnels du joueur.
PN: Quelles sont les qualités les plus importantes d'un 'staker'? Est-ce qu'il suffit d'avoir l'argent nécessaire ou est-ce que c'est un boulot à plein temps?
CM: Un bon financier doit avoir suffisamment de connaissances et de ressources, bien sûr, mais il doit aussi avoir le désir permanent d'accompagner ses joueurs jusqu'aux tables où ils feront le plus d'argent. Le temps nécessaire dépend du nombre de joueurs sous votre aile, mais ne se limitera jamais à simplement envoyer de l'argent en croisant les doigts.
PN: Quels sont les travers à absolument éviter dans une relation financeur/financé?
CM: Ne pas s'entendre sur tous les cas de figure avant de démarrer. Que quelque chose d'inattendu se produise et l'association risque de ne pas y survivre. Ne vous dits jamais : "Ce genre de trucs ne peut pas arriver", parce que je vous assure que si!
PN: Comment financez-vous les joueurs que vous coachez également?
CM: Généralement, ils ont une certaine somme avec laquelle jouer, financée par moi à 100%, et je prend un pourcentage sur leurs gains.
PN: Est-ce qu'il arrive que des joueurs fassent des progrès très rapides, décident tout d'un coup qu'ils n'ont plus besoin d'un accord 'staking/coaching' et essaient de renégocier les termes du contrat?
CM: Je ne recherche des relations 'staking/coaching" que sur le long-terme. Je comprends parfaitement que les circonstances puissent changer et ça me va très bien. Les joueurs que je me contente de financer peuvent me quitter à tout moment. Le problème est un peu différent pour les joueurs que je coache également, puisqu'avec eux j''ai un contrat qui court sur une période de temps définie. Imaginons que je prenne sous mon aile quelqu'un qui commence comme un joueur perdant, et que je le coache sur un pourcentage de ses gains. Je ne m' attends pas à faire le moindre profit au départ, au contraire, je vais sans doute perdre de l'argent. Ça me va parce que je sais que j'aurai une bonne chance de gagner de l'argent le jour où je l'aurai transformé en un solide joueur gagnant. Le seul moment où je risque d'avoir un problème, c'est si on marche sur un contrat qui dit, par exemple, 6 mois de coaching, et que le joueur en question veut me quitter après deux mois intensifs, alors que je viens de révolutionner son jeu.
PN: Le trafic en SNG a baissé ces derniers mois, peut-on imaginer que vous finirez par avoir un problème le jour où vous financerez trop de joueurs qui se retrouveront trop souvent à jouer les uns contre les autres?
CM: Avec les autres coachs et poker schools online, on nous accuse de ça assez régulièrement. J'en prends ma juste part de responsabilité, mais pas plus ! Il y a des joueurs qui révisent ensemble leurs sessions précédentes et se conseillent sur leurs mains. Logiquement, ils évitent en général de s'inscrire aux mêmes SNG. Mais la plupart de mes poulains ne se connaissent pas entre eux et ne savent donc absolument pas si ils sont en train de jouer les uns contre les autres ou pas. Ca ne me gêne pas, dans le sens où je sais que tous les joueurs dont je m'occupe sont absolument honnêtes, ils ne vont pas se mettre à se 'slow player' ou à jouer en collusion.
Aux gens qui se plaignent que le pool de joueurs est en train de se vider; je réponds qu'il y a encore plein de parties très profitables, avec des 'fishs' qui jettent l'argent par les fenêtres. Il faut juste savoir où chercher mais ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus. A moins que je vous coache...
PN: Est-ce que vous trouvez toujours le temps de jouer, malgré vos occupations de 'staker'?
CM: Je joue toujours, et je pense qu'en tant que coach, c'est important de connaître parfaitement l'état du jeu à n'importe quel moment. Comme vous le savez, le poker évolue constamment. Mais enfin, les journées ne font que 24h et donc, oui, je joue moins qu'avant.
PN: Tous les joueurs expérimentent à un moment donné de grosses périodes perdantes. Comment gérez-vous ces moments délicats?
CM: Obliger un joueur à redescendre de limite est souvent injuste et un bon exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Si quelqu'un parvient à retirer très rapidement 2.000$ dans des parties à 20$, et que vous le forcez tout d'un coup à redescendre à 10$, ne vous attendez pas à ce qu'il donne le meilleur de lui-même. Il vaut bien mieux passer un peu de temps avec un joueur et essayer de détecter très vite s'il y a un problème. Je me penche sur leur historique de mains, pour voir si leur jeu est toujours au top ou pas, avant d'ouvrir mon portefeuille. Mais les gros swings sont assez fréquents et c'est important, je crois, que les joueurs ne ressentent pas de pression additionnelle de la part du type qui les finance. Souvent, un rapide examen de santé et la confirmation qu'ils jouent toujours bien est tout ce qu'il leur faut.
PN: A l'inverse, un joueur est en train de faire des étincelles. Combien de temps vous faut-il pour décider de le faire passer à la limite supérieure ? Y allez-vous progressivement, en leur permettant juste de faire des 'shots' rapides aux grosses tables ?
CM: C'est toujours une décision commune, puisque j'ai déjà dit que certains joueurs ne se sentent pas prêts à grimper. Mais dès que leurs résultats le leur permettent, je ne m'y oppose pas. Parfois, certains joueurs auront besoin d'un peu de temps pour parvenir à effectuer les ajustements nécessaires à leur nouvelle limite. Parfois, on parle d'un joueur accompli qui a fait banqueroute, a lâché le poker pendant un an et est désormais de retour aux tables, mais à deux limites en-dessous de son ancien terrain de chasse. Dès que je sens qu'ils sont suffisamment dé-rouillés, je n'hésite pas à les faire grimper très rapidement. En ce qui concerne les 'shots', je m'en sers souvent comme d'une récompense, pour les joueurs qui ont un tempérament aventurier. Je préfère que les joueurs testent les eaux d'abord, plutôt que de plonger la tête la première dans un marigot inconnu.
PN: Est-ce que vous financez aussi des joueurs sur le circuit 'live'? Vous pensez que c'est prudent?
CM: Ça m'arrive mais uniquement avec des joueurs que je connais depuis longtemps, ou sur des tournois que je peux surveiller de près. Mais oui, j'ai déjà financé quelques joueurs sur des MTT ou des cash games 'live'.
PN: Avez-vous une anecdote de staking que vous aimeriez nous raconter?
CM: La plupart des trucs drôles sont en fait des candidatures ridicules. Des joueurs qui sont de gros perdants en micro-limite et qui me demandent de les financer pour un tournoi des WSOP. Ou des joueurs qui m'avouent super candidement que leur accord avec leur staker actuel vient de se terminer parce que le financeur en question les suspecte de leur avoir piqué de l'argent. Alors, bien sur, ils sont à la recherche d'un nouveau staker. Mais enfin, la plupart des gens qui m'écrivent sont des gens de qualité et plusieurs de mes étudiants ou poulains .
sont aussi devenus de très bons amis
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