John O'Rourke "UMDtennis" : poker et finance
Récemment, nous nous sommes assis avec John "UMDTennis" O'Rourke pour discuter poker, évoquer ses récents succès aux tables, l'importance qu'il accorde aux études et évoquer les liens entre poker et finance.
- PokerNews : Félicitations pour ta place de N°1 cette semaine au classement PokerTableRatings des tables de cash-game no limit à 25$/50$. Gagner 65.000$ en sept jours, c'est assez impressionnant ! Comment te sens-tu ?
- John O'Rourke : Merci ! Jusqu'à présent, mon année poker se passe super bien. Cet automne, j'avais un peu plus de mal et je ne jouais pas autant, ayant juste démarré mon troisième cycle à la fac. J'ai profité de mon premier break, durant les vacances d'hiver, pour me concentrer sur mon jeu et discuter avec d'autre joueurs, qui sont aussi d'excellents joueurs, comme Evan Panesis ou Ryan Fees. Ils m'ont beaucoup aidé. En janvier, je jouais surtout en 2$/4$ et en 3$/6$ et j'ai essayé pas mal de nouveaux trucs. Depuis, tout s'est merveilleusement bien passé, ce qui m'a permis de grimper régulièrement de limite tout en menant de front mon parcours universitaire.
- PN : Passer des 2$/4$ aux 25$/50$, ça représente quand même du chemin, surtout en cinq mois. Est-ce qu'il t'est arrivé de jouer au-dessus de tes moyens et de tenter des 'shots' aux limites supérieures ?
- O'Rourke : Je suis resté en 2$/4$ et en 3$/6$ tout l'automne, en me construisant patiemment une bankroll. Comme la plupart des joueurs de poker, j'ai appris à mes dépends les dures leçons de la gestion de bankroll lorsque j'ai commencé ma carrière et je ne voulais donc pas tenter de 'shots' sans le capital nécessaire. En février, j'ai commencé à jouer en 5$/10$ et j'y ai connu un magnifique 'rush' de cartes. A partir de là, j'ai décidé de jouer aux tables de 10$/20$ et 25$/50$ qui me semblaient les pus profitables en me faisant 'staker'. Maintenant, je peux me permettre de m'asseoir en 10$/20$ et en 25$/50$ avec mes propres deniers et j'y joue sans pression, avec une bankroll confortable.
- PN : Peux-tu donner à nos lecteurs quelques conseils de 'bankroll management'? Combien de caves faut-il en no-limit pour grimper à la limite supérieure ? Comment contrôles-tu le tilt ?
- O'Rourke : Je pense que la qualité la plus sous-estimée d'un bon joueur de poker réside dans sa capacité à bien gérer sa bankroll. C'est quelque chose d'énorme. Comme je l'ai déjà signalé, les leçons les plus cuisantes à ce niveau m'ont été enseignées en même temps que mes premiers succès. C'est assez répandu, je crois, de faire des erreurs la première fois que tu gagnes pas mal d'argent et que tu n'as pas encore une idée très claire du type de variance à laquelle tu es susceptible de faire face. En fait, la gestion de bankroll et le 'tilt control' sont assez liés parce qu'il est assez facile de se dire : "Oh! Je vais juste consacrer trois caves à un 'shot' à la limite supérieure" et de finir avec un trou de 10 buy-ins sans vraiment comprendre ce qui vient de t'arriver.
Bien sûr, il y a des circonstances où tu ne peux tout simplement pas faire autrement que de jouer pour plus cher que son niveau habituel, mais je recommanderais d'y aller uniquement après s'être fait financer. C'est assez compliqué de te donner un chiffre précis en termes de buy-ins pour une limite donnée. Si vous jouez en micro-limites et que vous avez une gestion de bankroll très agressive, je dirais 30 caves avant de tenter un 'shot' à la limite supérieure.¨Parce que vous voulez grimper aussi rapidement que possible et que, si ça ne se passe pas bien, vous reconstruire une bankroll ne sera pas trop compliqué. Une fois que vous atteignez les 'mid-stakes', qui sont devenus très agressifs ces derniers temps, je dirais 50 caves minimum, sans doute plus. Je pense qu'il est logique de tenter des 'shots' avec moins que ça dans des situations qui vous semblent très profitables, mais uniquement si vous vous connaissez bien et que vous êtes capable de vous imposer une limite et d'arrêter les frais à temps.
- PN : Pas mal! Tu m'as dit que tu ne participeras pas aux World Series of Poker pour cause de fac. Tu prends tes études vraiment très à coeur. Comment arrive-tu à mener de front ces deux carrières ?
- O'Rourke : Oui, c'est pas facile de ne pas pouvoir aller à Vegas, avec tous ces tournois WSOP qui se jouent en ce moment-même et dont les échos me reviennent grâce à mes amis qui sont sur place. Heureusement, j'ai quand même prévu d'aller participer au Main Event. De toutes manières, c'est le seul tournoi que j'ai vraiment envie de gagner. Ce n'est pas toujours évident non plus de réussir à trouver le bon équilibre entre fac et poker mais ça marche généralement par cycles : une semaine, il faut que je bosse à fond pour mes études et la semaine suivante je me rattrape au poker. Parfois, ça me fait même du bien de pouvoir multiplier les pauses entre deux cash-games, ca me permet de penser à autre chose et d'être plus concentré quand je décide de revenir aux tables.
L'université, c'est très important pour moi parce que j'ai vraiment envie de me dégoter un 'vrai' job, bien payé. je vois tellement de types qui sont actuellement à la fac et qui envisagent de tout laisser tomber pour se consacrer au poker à plein temps. Certains n'ont même pas encore rencontré le succès. Je pense que c'est une grosse erreur. C'est à la fac que j'ai passé les quatre plus belles années de ma vie. On a suffisamment de temps pour tout mener de front. Une fois que vous avez votre diplôme en poche, il est bien temps de prendre une vraie décision. Avant ça, je pense que la question ne se pose pas et que si vous décider d'arrêter les études, vous le regretterez un jour ou l'autre. D'ailleurs, le fait que pas mal de types se réinscrivent en fac après avoir décidé d'arrêter pour s'adonner au poker à plein temps est assez parlant, il me semble.
- PN : Dans quoi t'es-tu spécialisé et quel est le type de boulot auquel tu te destines ? Est-ce que ça gravitera autour de l'industrie du poker ou est-ce que le poker t'y aura préparé, d'une manière ou d'une autre ? Si oui, comment ?
- O'Rourke : Je suis en train de passer un Master en finance et mon job idéal, ce serait de travailler dans une salle de marché. D'ailleurs, poker et finance partagent des points communs : le niveau d'analyse statistique requis, la gestion de son capital et du risque, la capacité à prendre des décisions rapides dans un environnement à informations incomplètes, etc... Les métiers de la finance sont super durs à obtenir, d'après ce que j'ai entendu dire. Je crois que mes résultats au poker me permettront d'être plus facilement repéré. Mes frères et mon cousin (qui sont tous traders à News-York) me disent qu'il y a plein de traders qui adorent jouer au poker. Ca me fera au moins un sujet de conversation avec les chasseurs de têtes et je pense que ce sera un atout lors de n'importe quel entretien d'embauche.
- PN : C'est vrai, il y avait d'ailleurs un article le mois dernier qui disait que la plupart des grosses boites de Wall Street demandaient désormais un bon niveau de poker. Apparemment, le fait de ne pas jouer au poker est un mauvais point dans un processus de recrutement. Lire le 'Wall Street Journal' ne suffit plus. Passons à des questions plus légères. Si tu n'es pas dans une bibliothèque universitaire ou occupé à fixer un écran en cliquant furieusement, où a-t-on le plus de chances de croiser UMDtennis ?
- O'Rourke : Mon passe-temps préféré, c'est le sport, la pétanque surtout. J'aime aussi beaucoup les quizz de toutes sortes et, sinon, je fais modèle pour sous-vêtement masculins. Mais ne le répétez à personne.
- PN : Evan "MacDaddy34" Panesis nous a dit que tu aimais bien faire la fête. Si c'est vrai, quelle est ta boisson préférée ?
- O'Rourke : [Rires] je suis un grand fan de bière. C'est la 'Dogfish Head' que je préfère mais je suis un fan de tout les types de bière blonde. Sinon, j'essaie de ne pas abuser des alcools forts mais j'adore la tequila. Je crois que j'ai jeté mon dévolu sur la tequila lorsque je me suis rendu compte que tout le monde la détestait. J'ai dû finir par me convaincre que c'était vraiment bon. Dès que c'est l'anniversaire de quelqu'un, je lui apporte une bouteille de ma tequila préférée, la "gorilla fart" (NdT : 'pet de gorille'), qui contient un soupçon de mayonnaise !
- PN : Pour finir, si tu devais vivre ailleurs qu'aux Etats-Unis durant un an, où irais-tu et pourquoi ?
- O'Rourke : J'ai toujours voulu vivre en Australie pendant un an. Je n'y suis encore jamais allé mais ca me plairait vraiment beaucoup. J'adore l'océan et c'est là-bas qu'on trouve certaines des plus belles plages et des plus belles vagues du monde. Et puis, là-bas, je n'aurai pas le problème de la barrière de la langue. Comprends-moi bien, je n'ai rien contre le fait de partir en vacances dans plein de pays différents où on n'arrive presque pas à communiquer avec les autochtones. Mais si je devais partir un an, je choisirais en priorité un pays où on parle anglais.
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