Pius Heinz champion WSOP 2011 : " super frustré"
Mardi soir, Pius Heinz, le tout dernier membre du Team PokerStars Pro, a remporté 8.715.638$ grâce à sa victoire au Main Event des World Series Of Poker à Las Vegas. Le lendemain, il était de retour au Penn & Teller Theater du Rio Casino pour répondre aux questions des journalistes. PokerNews était bien sûr de la partie et voici la première partie de notre interview avec le tout nouveau Champion du Monde de Poker.
Pius heinz s'est entrainé avec Timex
- Pius, toute première chose : As-tu trouvé le temps de dormir un peu ?
- Ah. Rires]. J'ai dormi, trois heures, environ.
- C'est mieux que rien. Commençons par parler du hiatus de quatre mois entre le Main Event et sa table finale. Tu en as profité pour remporter un side event à l'EPT Barcelone. Comment as-tu vécu cette pause forcée, as-tu beaucoup joué au poker et comment t'es-tu préparé ?
- Oui. Durant la majeure partie de cette période, j'ai juste essayé de me détendre et de ne pas trop penser à la finale. Je suis allé à Barcelone et j'y ai passé du bon temps. j'ai aussi remporté un side là-bas, ce qui fait plaisir, et puis gagner un tournoi c'est toujours bon pour la confiance.
Sinon, honnêtement, je n'ai pas accordé beaucoup de temps à ma préparation. J'ai eu une ou deux séances de coaching avec Mike McDonald "Timex"], qui m'a surtout aidé à propos de l'ICM et de l'aspect mathématique d'une table finale. Mais c'est à peu près tout ce que j'ai entrepris en matière de stratégie parce que j'avais déjà une grande confiance en mon jeu. Je savais que je pouvais super bien jouer et produire du beau poker. Alors je me suis dit que j'allais juste continuer à faire ce que je savais faire et ça a marché.
Une table finale rapide mais compliquée
- Ca t'a pris un certain temps pour remporter ta première main dimanche. Est-ce que tu as commencé à t'inquiéter et à devenir nerveux quand tu as vu que les choses n'allaient pas dans ton sens au départ ?
- Non, je ne me suis pas laissé gagner par la nervosité. Par contre, j'ai été super frustré de ne pas réussir à toucher. Et puis j'ai rarement eu du jeu. J'ai eu les As deux fois mais à part ça, rien. Surtout post-flop. Je n'ai strictement jamais touché top paire — pas une seule fois.
Et Martin Staszko], je crois, n'arrêtait pas de flopper de bonnes mains. Donc ça a été très, très dur. J'ai essayé de ne pas trop m'en faire et de jouer mon jeu ; jouer du mieux possible et espérer que les cartes reviennent.
- As-tu été surpris du rythme de cette table finale ou est-ce que c'est quelque chose que tu avais anticipé ?
- Oui, plus ou moins. Disons que c'est allé raisonnablement vite. Une fois qu'on a atteint les blindes 400K/800K, je crois que quatre ou cinq stacks sont passés à 20 blindes ou moins. A partir de là, c'est presque un turbo. Donc tu t'attends à ce que les gens sautent vite parce qu'ils vont devoir ouvrir à tapis avec pas mal de mains. Et donc, ça a été plutôt rapide. Surtout une fois arrivés à trois joueurs, le jeu à trois a été super-rapide.
- Est-ce que tu as utilisé le différé de quinze minutes sur ESPN pendant cette table finale ? Est-ce que tu avais des amis qui le regardaient et te passaient les infos ?
- Oui, oui, ils ont fait le boulot.
La main-clé des WSOP contre Eoghan O'Dea
- Quels sont les moments forts qui resteront gravés dans ta mémoire ?
- Dimanche, c'est sûrement quand j'ai eu les Dames contre Eoghan O'Dea] et où il m'a mis dans une situation super difficile. J'ai lu les analyses de plusieurs personnes sur cette main et je pense qu'ils ont tout faux, en gros. Dans ce spot, ce n'est pas si évident que ça d'aller à tapis avec les Dames. Si tu regardes son éventail pour value, je suis loin derrière. Ce n'est pas le genre de spot où tu t'attends à ce que ton adversaire t'envoie souvent deux 'barrels', ma main étant quand même plus ou moins transparente. Tu essaieras rarement de faire coucher deux Dames au mec en face.
- Lorsque tu es parti à tapis avec ces Dames, est-ce que tu t'attendais à ce qu'il paie ?
- Non. En tout cas, j'espérais qu'il ne me paierait pas. Disons simplement que je ne pouvais pas juste payer au turn, pour ré-évaluer à la rivière. Ce n'est même pas envisageable parce qu'il y a déjà beaucoup trop d'argent au milieu. S'il avait prononcé le mot 'call', ça voulait dire que j'étais mort. Donc, quand j'ai vu qu'il ne se précipitait pas pour payer, j'étais super content.
- Est-ce que tu réalises ?
- Rires] Toujours pas.
Un nouveau poker boom en Allemagne ?
- Non seulement, tu es le premier joueur allemand à remporter le Main Event des WSOP mais tu es même le premier allemand à parvenir jusqu'en finale du Main Event ! Comment ont réagi les gens en Allemagne quand tu t'es qualifié pour la table finale?
- Ca a pas mal attiré l'attention. Beaucoup de journaux ont voulu m'interviewer. Et maintenant que j'ai gagné, ça va être la folie là-bas. J'ai des amis qui me disent que les médias les appellent pour les faire parler de moi ! Quand je vais revenir, je crois qu'ils ne vont pas me lâcher.
- Pense-tu que ta victoire puisse provoquer un nouveau 'poker boom' en Allemagne ?
- Il y a des chances, oui.
Pius Heinz et Pokerstars
- Remporter le Main Event des WSOP, c'est une lourde responsabilité, tu devient un ambassadeur pour le jeu. L'année dernière, Jonathan Duhamel, qui est ton collègue au sein du Team Pokerstars, a très bien fait le job. Penses-tu que tu vas être capable de faire aussi bien ?
- Je vais attendre de voir un peu comment ça se passe. Tout ça est complètement nouveau pour moi. Il faut que je m'habitue. Et ça va prendre un peu de temps. Mais je vais essayer d'être le meilleur ambassadeur possible pour notre discipline. Et pour PokerStars aussi, dont je suis très fier d'avoir rejoint l'équipe.
- En parlant de PokerStars, tu as signé avec le Team Pro Allemagne avant le coup d'envoi de la table finale et tu as rejoint du même coup des joueurs comme Chris Moneymaker, Joe Hachem, Joe Cada et Jonathan Duhamel, tous récents Champions du Main Event des WSOP. Sans compter Daniel Negreanu ou Barry Greenstein. Quel effet ça fait d'être aussi bien entouré ?
- C'est un grand honneur de rejoindre PokerStars, le Team PokerStars. Je pense que PokerStars est de loin la plus belle room du monde, la plus fiable, la plus sûre et celle qui rassemble les meilleurs talents. Et j'adore l'idée de travailler avec les meilleurs.
Un joueur de poker, pas une célébrité
- Quel est ton principal objectif maintenant ? Tu as des projets?
- Honnêtement, le truc qui me fait le plus envie c'est tout simplement de me rendre à l'EPT Prague et de me remettre à jouer au poker. Et puis je vais aussi essayer de ne pas trop abuser des médias, je me considère comme un joueur de poker avant tout, pas comme ue célébrité. J'ai juste envie de m'asseoir à nouveau à une table.
- La grande question que tout le monde se pose c'est ce que tu vas faire avec tout cet argent.
- Pour le moment, aucune idée. Je ne voulais pas trop y penser avant la table finale parce que je ne savais pas encore combien j'allais gagner au final.
- Dans ces cas-là, il vaut mieux ne pas trop faire des plans sur la comète.
- Ouais, c'est exactement ça. Donc je ne sais pas. Ma famille a quelques rêves que je peux peut-être maintenant aider à réaliser, donc je ne vais pas m'en priver. Mais en ce qui me concerne moi, personnellement, je n'ai pas encore d'idée précise. Mais je ne vais pas me lancer dans des dépenses hallucinantes.
- Tu vas tenter des tournois à plus gros buy-ins, des 100.000$ ou des 250.000$ ? Ou tu vas rester sur des buy-ins à 10.000$ ?
- Je ne sais pas. Pour l'instant, 10.000$, ça me semble bien. Claquer 250.000$ sur un seul tournoi, c'est quand même super sick.
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