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Jonathan Duhamel à la PCA 2012 : l'histoire d'une revanche

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Rich Ryan
7 min à lire
jonathan duhamel pca 2012

Fin décembre 2011, le Champion du Main Event des World Series of Poker 2010 Jonathan Duhamel a été la victime d'une effraction de domicile au cours de laquelle deux hommes l'ont battu, lui on volé de l'argent ainsi qu'une montre Rolex et son bracelet de Champion du Monde. Pour rendre les choses encore plus sordides, son ex-petite amie Bianca Rojas-Latraverse s'est révelée être la complice des malfaiteurs. Elle est actuellement détenue au Quebec et doit faire face à cinq chefs d'inculpation, dont une de 'conspiration'. Son interrrogatoire a mené à l'identification de deux suspects, Jon Stephan Clark-Lemay et André Robert-Perron, ce dernier portant encore la fameuse Rolex à son poignet au moment de son arrestation.

Quand le sort s'acharne...

Duhamel a donc vécu une fin d'année particulièrement brutale et le signe indien s'est acharné sur lui jusqu'au Jour 1 du Super High-Roller à 100.000$ de la PokerStars Caribbean Adventure 2012. A la fin du Niveau 2, le canadien était assis au big blind avc AK et faisait face à une relance d'ouverture de 2.600 de la part de Viktor “Isildur1” Blom et à un 3-bet 10.500 d'Isaac Haxton au small blind. Duhamel décida donc de 4-bet à 24.200, Blom se coucha, Haxton fit un 5-bet à 42,200 et Duhamel partit à tapis pour 205.000. Haxton paya avec — (roulements de tambours) — QQ. Les Dames. Oh! Douce ironie.

Les Dames tinrent sur un tableau J82510 et Duhamel fut le premier joueur à sauter du premier tournoi Super High-Roller de l'année.

Bien sûr, certains trouveront difficile de ressentir un tant soit peu de pitié pour un ancien Champion du Main Event. Lorsque vous gagnez le plus gros tournoi du monde, c'est que vous avez épuisé votre "quota de chance" et que vous devrez fatalement faire face à un revers de fortune un jour ou l'autre. Lorsque ça arrive, même si votre maison a été cambriolée et que vous vous êtes fait agresser au cours de l'opération, ne venez surtout pas vous plaindre. Restez plutôt stoïque et allez vous consoler avec les millions de dollars qui dorment sur votre compte en banque. C'est en tout cas l'argumentation qui a été développée par pas mal de 'trolls' sur les forums de poker du monde entier. Duhamel, lui, a préféré se venger aux tables.

Super High-Roller PCA, 2ème essai

A peine une demi-heure après avoir été éjecté du Super High Roller, Duhamel s'y est ré-inscrit et a démarré une phénoménale série qui ne devait plus s'arrêter avant la fin de la PCA. Bill Perkins (qui lui aussi était ré-entré dans le tournoi entre temps) a été bougé à la table de Duhamel et lui a permis de doubler. Un peu plus tard, le quebecois a fini le travail en éliminant Perkins, ce qui lui a permis de terminer le Jour 1 avec le 4ème plus gros tapis en course.

Le Jour 2 s'est globalement déroulé de la même manière, avec un départ difficile (illustré notamment par un coup où il permis à David “Doc” Sands de doubler) suivi d'une envolée irrésistible. Duhamel a d'abord doublé contre Scott Seiver avant de devenir l'un des tout premiers joueurs à atteindre la barre du million de jetons. Il a terminé cette journée second en jetons. En table finale, les choses ne se sont pas aussi bien passées, notre homme ne touchant plus aucune carte. Au bout du compte, il est difficilement parvenu à se qualifier pour le jeu à quatre avant de se faire éliminer par le futur vainqueur de l'épreuve, Viktor Blom.

L'ultime coup de Duhamel est intervenu quand il a 5-bet à tapis pour environ 1,6 million avec J6 sur un flop J75. Blom a égalisé avec AQ et touché sa couleur sur le 7 du turn. Duhamel avait besoin d'un Valet ou d'un Sept pour s'en sortir mais c'est le K qui est sorti sur la dernière carte du tableau. Sa 4ème place lui a tout de même rapporté 313.600$.

Jonathan Duhamel : "Perdu un énooooorme flip contre Viktor pour finir 4ème...Enfin, bon début 2012 quand même, très content de mon jeu ! L'année va être bonne ! " 07 janvier 2012

Side Event Turbo PCA

Le lendemain, Duhamel a rapidement sauté du Main Event à 10.000$ — les Dames de son adversaire ayant craqué sa paire d'As — et il s'est donc inscrit au tournoi Turbo de no-limit Hold’em à 5.000$. Quelques heures plus tard, il participait à sa seconde table finale d'affilée et s'y classait 5ème pour 17.990$.

Side Event 5k$ PCA, 3ème table finale

Le jour suivant, il s'inscrivait dans un autre Side Event à 5.000$ et terminait le Jour 1 avec la moitié du tapis moyen. 16 des 22 joueurs restants allaient rentrer dans l'argent. Au départ du Jour 2, après trois élimination, Duhamel était encore le 'short stack' des survivants. Mais il passait alors la sur-multipliée.

Jonathan Duhamel : "Doublé avec KK vs JJ, puis à nouveau avec JJ vs 99, j'ai maintenant 220k (moyenne 125!) 19 joueurs restants" 10 janvier 2012

Trois heures plus tard, Duhamel était qualifié pour sa 3ème table finale de la PCA. Une TF difficile, comptant notamment dans ses rangs son collègue du Team PokerStars Pro et champion du monde en titre Pius Heinz, Jason Mercier, Owen Crowe et Keven Stammen. Qu'à cela ne tienne, Duhamel les a tous battus pour s'adjuger les 239.830$ de la victoire.

High Roller PCA, et de quatre !

Le tournoi suivant dans lequel il s'est inscrit était le High Roller à 25.000$.

c'est le karma” a-t-il déclaré tout sourire après la fin du Jour 2. Il venait juste de noter “1.530.000” sur son sac de jetons et était une fois de plus second au classement au départ de la table finale — la quatrième de son séjour bahaméen.

Lors de cette TF, Duhamel a éliminé trois joueurs, dont le Chipleader du Jour 2 Jason Koon, et il s'est présenté dans le tête-à-tête final avec un solide avantage en jetons sur son opposant Leonid Bilokur. Un avantage qui n'a néanmoins pas suffi, Bilokur remontant son handicap pour remporter le tournoi.

Sur ce coup, Duhamel ne fut pas très content de son jeu. Douze heures après sa défaite, il tweetait ceci :

Jonathan Duhamel : "Désolé pour mon absence de tweets hier, dégoûté de ne pas l'avoir gagné mais bon, pas trop le droit de me plaindre. 2 semaines de folie aux Bahamas!!! #rollin" 15 janvier 2012

Duhamel à la Pokerstars Caribbean Adventure : Résumé

Le parcours de Duhamel à la Pokerstars Caribbean Adventure est tout simplement fantastique. Il a éclaboussé de sa classe ces championnats. D'ailleurs, les chiffres parlent d'eux-même :

EventPlaceGain
$100,000 Super High Roller4ème313.600$
$5,000 No-Limit Hold’em Turbo5ème17.990$
$5,000 No-Limit Hold’em1er239.830$
$25,000 High Roller2nd634.550$
Total 1.205.970$

Ces 1,2M$ de gains sur deux semaines auraient suffi à faire de lui le 50ème plus gros gagnant de l'année 2011. Incroyable, on vous dit.

Et si c'était vraiment le karma, Jonathan ?

Nous ne saurons jamais avec précision quelle place a joué le karma dans toute cette histoire — comme tout argument religieux, il restera sujet à d'éternelles discussions — mais la succession des événements ne manque pas de laisser songeur. Il y a un peu plus d'un mois, Duhamel était trahi et agressé dans sa propre maison. Aujourd'hui, il est plus riche d'un million de dollars et, d'après la Gazette de Montreal, ses tourmenteurs sont sur le point de recevoir le châtiment qu'ils méritent. Rojas-Latraverse et Clark-Lemay se sont vus refuser leur liberté sous caution. Ils resteront donc en prison jusqu'à l'issue de leur procès.

Le sentiment d'injustice est banal au poker. On ne compte plus le nombre de fois où on est parti devant et où s'est finalement pris un gros 'suckout' de la part d'un type qui n'avait aucune idée de la manière dont les cartes se manient. Mais il n'est pas question ici d'une simple main de poker. Ou même d'un seul tournoi. C'est l'histoire d'un homme qui a été blessé dans sa chair, probablement traumatisé, et qui est quand même remonté en selle pour connaître au final un succès inouï. Jonathan Duhamel est un gars charmant, un homme bon dans tous les sens du terme — quiconque le connaît un peu pourra en témoigner — et le voir réussir de la sorte nous a procuré à tous un intense sentiment de satisfaction.

Les hommes bons ne connaissent pas toujours le succès mais, dans ce cas très précis, c'est pourtant ce qui s'est produit. Duhamel a peut-être raison. Après tout, c'était peut-être bel et bien une histoire de karma.

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Jonathan Duhamel à la PCA 2012 : l'histoire d'une revanche 101

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