Paul Guichard : « comme dans un rêve » à l’EPT Deauville (Interview Poker)
A 19 ans, Paul Guichard est un passionné de poker devenu joueur professionnel. Une fois le Bac S obtenu, il s’est « laissé un ou deux ans pour jouer et voir où ça le menait. » Un choix judicieux qui lui a permis de remporter « 130.000/140.000$ » en ligne et qui l’a conduit à prendre la deuxième place de l’événement principal de l’European Poker Tour Deauville 2012, un des plus grands tournois de l’hexagone. Mardi 14 février, le nouveau visage du poker français a accepté de répondre aux questions de PokerNews et de revenir sur sa superbe performance en Normandie. Entretien.
EPT Deauville 2012 : « Comme dans un rêve »
- As-tu payé ou gagné ton siège pour l’EPT Deauville ?
- J’avais gagné un package EPT de mon choix sur PokerStars.fr il y a six mois et j’ai choisi Deauville. Je n’avais pas vraiment d’expérience dans les gros tournois. J’avais juste fait le PPT Cannes mais j’avais bust (ndlr : sauté) très rapidement.
- Tu as toujours fait partie des gros tapis mais as-tu bataillé pour monter des jetons ?
- Non, c’était tranquille tout le temps, comme dans un rêve, je n’ai jamais vu ça. Je prenais tout le temps les bonnes décisions, tout allait bien. Je n’ai pas arrêté de monter mon stack (ndlr : tapis). Je n’ai joué qu’un seul flip pour la survie de mon tournoi.
Fin du Jour 3 : « j’avais l’impression de m’être fait rouler dessus »
- As-tu eu des tables difficiles ?
- Oui, lors du Jour 3. J’avais Julien « Monteirozor » Ehrhardt et Pierre Guillaume Calamusa, alias « le VietFou », à ma table et ça a été un calvaire. Je n’ai pas joué de la journée. J’ai dû jouer quatre mains et c’est ce jour là où j’ai passé le flip (ndlr : Coup à tapis pré-flop où les deux joueurs ont 50% de chance de gagner). Sinon, je me sentais trop mal, je n’avais pas envie d’affronter « Monteirozor » ou « le VietFou » et j’étais très nit (ndlr : serré). Le soir, je ne me sentais pas bien du tout car j’avais l’impression de m’être fait rouler dessus même si j’étais toujours au-dessus de la moyenne des jetons.
- As-tu joué des coups importants ?
- C’est très bizarre car il n’y a jamais eu de coups très importants. Olivier Rogez m’a donné pas mal de jetons à un moment. Dès le début du Jour 5, j’élimine également Kevin Vandersmissen avec AxKx contre Ax10x. Je prends un joli pot mais il n’y a pas eu de coups gigantesques, je n’ai jamais fait de gros bluffs, j’ai juste grindé. J’ai surtout pris les bons spots (ndlr : les bonnes situations).
Paul Guichard impressionne par sa maîtrise
- Tu arrives leader en jetons en table finale et, de l’extérieur, on a le sentiment que tu maîtrises ton sujet et que tu ne ressens pas de pression. Etait-ce le cas ou une fausse impression ?
- Je n’avais pas vraiment de pression. Pendant toute la semaine je me sentais bien, je ne visais pas spécialement le titre, je voulais juste jouer au poker. J’étais calme, serein, je ne regardais pas trop les différences de gains. Par contre, je me souviens avoir eu un gros coup de pression quand on était 3 left (Ndlr : plus que trois joueurs dans le tournoi) et que Vuong est parti à tapis. Je me suis dit que le heads-up c’est méga important et, même si c’est désormais un bon pote, je souhaitais absolument qu’il buste. Ensuite, quand le trophée est arrivé avec le bracelet, j’ai commencé à avoir une grosse boule au ventre. C’est vraiment le bracelet et les titres qui m’importent bien au-delà de l’argent. Je voulais absolument ce trophée.
Heads-up : « je n’ai pas vu qu’il avait la quinte, je pensais avoir gagné »
- Peux-tu revenir sur le heads-up où tu as fait forte impression ?
- Au début, il (Vadzim Kursevich) était tellement énorme que je n’y croyais pas et puis j’ai doublé et je suis revenu et là j’ai commencé à y croire. J’ai vraiment très bien joué le heads-up. Ilan (Boujenah), Clem (Clément Thumy) et principalement Basou (Basile Yaiche) m’ont donné pas mal de conseils. Je les ai appliqués et ça a marché.
- Tu étais très agressif. Tu avais tout le temps du jeu ?
- Non, j’étais tout le temps en bluff à part lorsque je relance au bouton et le flop 2x2x5x sort. J’ai 2x6x et le turn est un 2x qui me donne un carré mais je n’ai pas pris énorme sur ce pot.
- Et sur la dernière main où tu as un brelan de cinq…
- Quand on est partis à tapis, je ne me suis même pas rendu compte qu’il avait la quinte. J’ai serré tout le monde dans mes bras, je pensais que j’avais gagné. Ça, c’était vraiment le pire. J’y ai cru (rire).
- Pas trop déçu au final ?
- Je suis encore un peu déçu. Je pense que je le serai toujours jusqu’à temps d’avoir perfé car je crois qu’on ne retient que le nom du vainqueur. On ne se souvient jamais du deuxième et moi ce que je voulais, c’était le trophée.
Paul Guichard remporte 557.000€ à l’European Poker Tour Deauville
- Tu as gagné 557.000€. Que vas-tu en faire ?
- Je ne sais pas trop, j’attends déjà de voir ce que le fisc va me prendre mais j’aimerais bien investir dans un appartement et faire pas mal de live. Je vais déjà faire le WPT Ile Maurice et peut-être l’EPT Copenhague.
- As-tu déjà fait une petite folie ?
- Oui, à chaque grosse performance je m’achète une Rolex donc c’est la première chose que j’ai acheté. C’est ma deuxième.
Clément Thumy, « je lui dois tout »
- Tu as Clément Thumy comme coach, qu’est ce qu’il t’a apporté ?
- Sans lui, je n’aurais pas été aussi loin, c’est lui qui m’a tout appris, je lui dois tout, c’est vraiment une personne très bien et je pense que c’est le meilleur joueur online français. Je travaille depuis un an et demi avec lui. On s’est rencontrés par le tennis. Je lui avais proposé de jouer (Ndlr : Paul est classé 4/6) et il a accepté. Depuis, on a sympathisé et c’est un de mes meilleurs amis. C’est clairement le point clé de ma carrière. Il est juste génial. D’ailleurs, il avait 5% sur Deauville. C’était le seul, j’avais 95%.
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