Débat Poker : Tables anonymes et protection des joueurs récréatifs
Le réseau iPoker a décidé de proposer à ses joueurs de cash game destables anonymes : ni pseudo, ni avatar ne permettent d'identifier les joueurs, chacun étant rebaptisé "Joueur 1", "Joueur 2", etc ... Cette mesure provoque des critiques chez les joueurs réguliers du réseau, dont certains appellent à un "sit-out" de protestation.
Si ce type de mesure visant à protéger les joueurs récréatifs des "sharks" n'est pas une première, il semble se dessiner une tendance où de plus en plus de salles cherchent à protéger davantage leurs joueurs récréatifs au détriment des joueurs réguliers. Quel serait l'impact à long terme sur le poker si l'anonymat devenait la norme plutôt que l'exception ?
Tables anonymes et autres mesures "anti-regs"
Le réseau iPoker, qui regroupe des salles commeTurboPoker.fr ou EverestPoker.fr, a pris une mesure qui provoque certains remous dans la communauté des joueurs en ligne, certains appelant même à un sit-out pour protester. Lancées en début de mois sur le .com, les tables anonymes débarquent à présent sur le .fr.
L'objectif est de protéger les joueurs débutants et joueurs récréatifs des "sharks", ces joueurs réguliers, souvent équipés de logiciels d'aide à la décision (trackers), qui ratissent les tables. iPoker n'est pas le premier réseau à rendre anonymes ses tables. Bodog avait déjà pris des mesures identiques, remplaçant les pseudos des joueurs par un numéro, différents sur chaque table. Néanmoins, contrairement à Bodog, iPoker laisse la possibilité de choisir entre tables anonymes et tables ordinaires.
D'autres salles prennent des mesures dans le même sens, mais de manière moins drastiques. Par exemple,Full Tilt a récemment ajouter des tables réservées aux nouveaux joueurs. Le réseau PartyGaming a mis en place un système qui n'affiche que certaines tables selon le niveau du joueur : ainsi, un joueur largement gagnant ne peut plus s'asseoir à une table essentiellement composée de joueurs perdants - celle-ci étant invisible dans son lobby. CakePoker.comavait déjà, il y a plusieurs années, proscrit les trackers sur ses tables, sans pour autant anonymiser les joueurs – bien qu'ils aient la possibilité de changer de pseudo à intervalle régulier.
Un modèle destiné à devenir la norme ?
Il est intéressant de noter la tendance des rooms à prendre davantage de mesures pour protéger les joueurs récréatifs. Si ceux-ci acceptent de perdre de l'argent en jouant, encore faut-il qu'ils jouent suffisamment longtemps pour se divertir. Toutefois, si un joueur régulier joue c'est surtout parce qu'il gagne et donc possède un "edge" (avantage) sur ses adversaires. Continuera-t-il à jouer si on lui enlève cet edge ?
Cette question est d'autant plus importante sur le .fr où le cloisonnement mène à une baisse continuelle du nombre de comptes actifs selon les données de l'ARJEL. De plus, les prélèvements en moyenne plus élevés que sur le .com font que la "durée de vie" d'un joueur récréatif est en moyenne plus courte. Si ce type de modèle relève encore aujourd'hui de l'exception, pourrait-il à terme devenir la norme ?
Si l'ambition de protéger l'écosystème du poker en équilibrant le nombre de joueurs réguliers et de joueurs récréatifs est louable, l'anonymat total risque de faire perdre beaucoup de son intérêt au jeu. Sans prise de notes, sans historique à long terme, sans sélection de tables, il ne sera plus question de "jouer le joueur" mais uniquement ses cartes.
Cela créerait aussi un grand vide pour les railbirds : comment suivre les swings spectaculaires d'un "Isildur1" si celui-ci devient un numéro perdu dans la foule ? De plus, l'un des plus grands plaisirs du joueur récréatif (et même régulier) est de pouvoir affronter ses idoles les plus célèbres - ce qui deviendra impossible si jamais "ElkY" devenait "joueur123".
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