Histoire des WSOP partie 2 : le boom du poker et l'acquisition par Harrah's
La semaine dernière, PokerNews publiait le premier article d'une série consacrée à l'Histoire des World Series of Poker. Après avoir relaté la naissance des WSOP, nous allons cette semaine nous intéresser à la transformation des WSOP, leur croissance extraordinaire lors des dernières décennies et au rachat par le groupe Harrah’s Entertainment.
Le boom du poker au début des années 2000
De 1970 à 1981, les WSOP ont vu leur nombre de participants sur l'ensemble des tournois croître de manière constante, mais il a fallu attendre jusqu'à 1982 pour dépasser pour la première fois la barre des 1.000 joueurs. En 1987, on atteignait les 2.000 joueurs – sans jamais repasser dessous.
Comme déjà mentionné dans la première partie, une bonne part de cette croissance est due au directeur de tournoi Eric Drache et son idée révolutionnaire de créer des tournois satellites pour les WSOP. Hormis de 1991 à 1992, le nombre de participants au Main Event des WSOP n'a jamais cessé d'augmenter, pour passer de six en 1971 à 393 en 1999. L'an 2000 a vu 512 inscriptions au Main Event et 2001 a compté 613 joueurs.
En 2003, année de la victoire de Chris Moneymaker, le Main Event a compté 839 joueurs. Cette année là, le nombre total d'inscrits aux WSOP fut de 7.572, en légère baisse contre les 7.593 joueurs de 2002. Mais l'histoire incroyable de Chris Moneymaker, devenu millionnaire après s'être qualifié pour quelque dollars, son nom prédestiné et l'apparition des "hole cards" lors des diffusions télévisées ont créé un véritable boom du poker. En 2004, le nombre total de participants aux Main Event doublait quasiment pour atteindre 14.054, dont 2.576 pour le seul Main Event.
Cette croissance si rapide entre la fin des années 1990 et le début des années 2000 n'a pas été sans quelques difficultés. Directeur média des WSOP et grand historiens du jeu, Nolan Dalla raconte cette époque sur le site WSOP.com:
"Etrangement, le 'boom supersonic' du poker a coïncidé avec le déclin du Horseshoe, autrefois si réputé. Une scission dans la famille Binion a résulté en l'exclusion de Jack des opérations concernant les WSOP. Beaucoup de grands noms se sont mis à boycotter le casino et ses tournois entre 1999 et 2002. Malgré sa réputation historique, les WSOP étaient sujettes à certaines controverses de longues dates, dont des conflits de grande envergure entre joueurs et croupiers, qui ont fait les gros titres de l'époque".
"En 2003, les critiques commencèrent à faire penser que les beaux jours des WSOP appartenaient au passé. Un nouveau rival, le World Poker Tour, commençait à recevoir la sympathie des joueurs et l'attention du public. Durant les premières semaines des WSOP 2003, les tournois WSOP ont vu leur nombre d'inscriptions fondre, cela étant dû en grande partie à la concurrence directe du WPT".
Malgré cette période difficile, la victoire de Moneymaker avait changé à jamais le visage du poker et a provoqué une explosion que personne n'aurait su prévoir. Le poker a soudainement captivé les foules et tout à chacun voulait venir tenter sa chance d'entrer dans l'histoire aux WSOP. L'image ci-dessous retrace le nombre total de participants aux WSOP depuis 2000.
Malgré cette explosion en terme de participation aux WSOP, de nouveaux bouleversements sont survenus en 2004, année où le Binion’s Horseshoe a été vendu et où Harrah’s Entertainment a acquis les WSOP. Il est vrai que la croissance soudaine des WSOP imposait de disposer de davantage d'espace, mais c'est une série d'événements improbables qui ont conduit au rachat par le groupe Harrah’s, qui ont commencé avec le décès de Benny Binion survenu le jour de Noël 1989 puis avec le décès de son épouse Teddy Jane, en 1994.
Quand Doyle Brunson boycottait les WSOP
Le Horseshoe fut alors divisé entre les enfants Binion. Brenda reçut 20,5% mais ne participait pas aux opérations quotidiennes du casino. Jack et Ted reçurent 42% et 20% respectivement, tout en continuant d'assurer la gestion des opérations du Horseshoe; tandis que leur soeur Becky contrôlait seulement 18%. La situation se dégrada rapidement entre Becky et ses frères et soeur. Ted a développé une dépendance aux stupéfiants qui lui fit perdre sa licence de jeu et il lui fut interdit d'entrer au Horseshoe. Il fut de plus condamné à une amende de 250.000$ et à l'interdiction de recevoir de l'argent tiré des opérations du casino. Le décor était planté pour voir Jack et Becky s'affronter.
En janvier 1996, Becky a déposé une plainte contre Jack l'accusant de mauvaise gestion. La plainte prétendait que Jack filtrait les fonds et les ressources vers ses nouveaux casinos en Louisianne et au Mississippi aux dépens du Binion’s Horseshoe de Las Vegas. Le but de Becky était de faire perdre à Jack la direction du Horseshoe. Jack et Ted tentèrent d'apaiser la querelle familiale en rachetant les parts de Brenda pour les revendre à Becky. Un accord fut trouvé le 07 juillet 1998, deux mois seulement avant la mort de Ted. Becky pris le contrôle du Binion’s Horseshoe après une longue bataille juridique. Comme nouveau président du Horseshoe, Becky engagea alors son mari Nick Behnen, tous deux firent quelques changements dans la manière d'opérer.
Becky a commencé par prendre des décisions très impopulaires afin de réduire les coûts d'exploitation. La plus mémorable, suggérée par son mari, fut de vendre la vitrine où était exposé depuis 1964, un million de dollars, sous la forme de 100 billets de 10.000$. Cette attraction était pourtant l'un des passages obligés de Las Vegas où les touristes venaient se faire photographier. En 2000, la collection fut vendue à Jay Parrino, numismate, pour un montant gardé secret. Cette décision a été extrêmement impopulaire, en particulier parmi les anciens amis et partenaires de poker de Benny Binion au bon vieux temps. Bob Stupak, alors responsable du Stratosphere, réagit à la vente en déclarant “Cela fait quasiment partie de l'histoire de la famille, c'est extrêmement décevant".
Les réticences à l'encontre de Becky continuèrent de s'accroître durant les années suivantes. Les joueurs remarquèrent que le buffet ne proposait plus le service haut de gamme que l'on attendait du Horseshoe. Becky mis fin au Poker Hall of Fame Classic et réduit la proportion d'or dans les bracelets WSOP pour passer de 18 à 14 carats tout en expérimentant un design allégé qui n'était plus celui de Neiman Marcus. Becky et Nick, décidèrent aussi de remplacer tous les employés liés à ses frères y compris les populaires Jim et Susie Albrecht, managers de la poker-room du Horseshoe, et Jack McClelland, directeur des WSOP. Ajouté à l'éviction de Jack Binion, le licenciement de tant d'employés a mené au boycott du Horseshoe et des WSOP par quelques uns des plus grands noms du poker, incluant Doyle Brunson et Chip Reese.
La fin des Binion, l'arrivée du groupe Harrah’s Entertainment
Un service clients médiocre, la baisse des limites de jeux, la restriction des offres de fidélité, l'insatisfaction envers les nouveaux employés, tout ceci a poussé les joueurs autrefois fidèles à aller voir ailleurs. Beaucoup de gens ont considéré la nouvelle direction comme incompétente et ont estimé que l'image auparavant excellente du Horseshoe était maintenant ternie. Les ennuis ont continué pour Becky quand la Culinary Union [syndicat des salariés] s'est rendue compte que les montants déduits des salaires de ses membres, qui étaient supposés financer l'assurance maladie des salariés, étaient gardés par les propriétaires du casino. Une fois l'Internal Revenue Service [services fiscaux] informés, ils déposèrent une plainte en novembre 2003. L'IRS réclamait au Horseshoe 5$ millions de taxes non payées sur les salaires datant de 2002. Une seconde plainte fut déposée un mois plus tard pour réclamer 2,5$ millions de plus en arriérés d'impôts. Ces fonds étaient dus à l'Etat du Nevada, au Southern Nevada Culinary and Bartenders Pension Trust Fund et à l'Hotel Employees and Restaurant Employees International Union Welfare Fund.
Le 11 janvier 2004 à 17h30, la Metro Police, l'IRS, le FBI et la Nevada Gaming Commission ont débarqué dans la cage du Binion’s Horseshoe et y ont saisi tout l'argent liquide disponible, soit plus d'1$ million. Avec un capital réduit et incapable de couvrir les mises, le Binion’s Horseshoe, qui accueillait les WSOP depuis 1970, fut fermé le jour même.
Le groupe Harrah’s Entertainment a officiellement pris le contrôle des WSOP début 2004, mais il y avait peu de différences avec les tournois de l'année précédente. D'abord parce que Harrah’s avait gardé le même personnel pour organiser les WSOP que celui du Binion’s Horseshoe. Hormis quelques réglementations concernant les médias, le Harrah's n'avait pas pu faire beaucoup de changements, faute de temps entre le moment de l'acquisition et le début des WSOP le 21 avril 2004. Par la suite, Harrah’s a conservé la marque WSOP et vendu le casino Horseshoe (aujourd'hui connu sous le nom de Binion’s).
En 2005, la décision fut prise de déplacer les WSOP du Binion’s vers le Rio All-Suite Las Vegas Hotel and Casino – disposant d'une surface plus grande pour organiser des tournois en plein cœur du Strip de Las Vegas. Les changements de lieu et de direction furent un succès et les joueurs sont venus en nombre. Les années suivantes, les chiffres ont explosés, y compris le prizepool total distribué pendant les WSOP. En 2005, ce chiffre a atteint 106.055.907$. Pour la première fois, les WSOP passait la barre des 100.000.000$ de prizepool, explosant le record de l'année précédente établi à 45.973.770$.
C'est à partir de 2004 que les WSOP sont devenues ce qu'elles sont aujourd'hui : des fields énormes, avec des joueurs venus du monde entier, des centaines de millions de prizepool, des sponsors importants et des tables télévisées.
La semaine prochaine, nous aborderons les WSOP telles qu'elles sont aujourd'hui.
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