Sponsoring Poker : Quand le rêve tourne au cauchemar
Signer un contrat avec une salle de poker et devenir un joueur sponsorisé est le rêve de beaucoup de joueurs, encore plus quand le sponsoring en question prévoit de jouer le Main Event des World Series Of Poker. Toujours lire les petits caractères. Cette phrase devenue proverbiale prend tout son sens quand il s'agit de signer un contrat et aurait dû servir de leçon à Ken Horrell, un joueur d'Honolulu, Hawaii, pour qui la signature d'un contrat a tourné au cauchemar.
Horrell a débuté le poker en 2010, en jouant sur des sites gratuits tels que Zynga Poker sur Facebook et Emil Interactive’s Attack Poker. Plus tôt cette année, Horrell a gagné la promotion Attack Poker’s Battle for the Seat sous le pseudo “QUENCHED” et a décroché son ticket pour le Main Event des WSOP 2013.
En route pour Las Vegas
Le ticket gagné par Horrell ne prenait pas en compte les frais pour le transport et le logement, ce qui a eu un fort effet dissuasif sur ce chef de famille. Hésitant à accepter les 2.500$ de compensation en cash, Horrel finit par accepter le ticket et vend 22% de ses 10.000$ pour couvrir ses frais à ses collègues de Gordon Biersch.
Les fonds nécessaires étant réunis et le Main Event approchant à grand pas, Horrel contacte Tomas Yi, du staff d'Attack Poker.
Horrell s'est rendu à Las Vegas, dans les bureaux d'Emil Interactive où il fut invité à dîner. C'est à ce moment que selon lui, on lui a proposé une offre de sponsoring au sein de la Team Attack Pro pour le Main Event des WSOP 2013.
“[On m'a] proposé deux contrats. Le premier était : tu as gagné 10.000$, on te paye le buy-in, tu portes notre logo, chapeau, etc ... au cas où tu passes sur ESPN” affirme Horrell. “Le second était un staking d'un an, où ils payaient mes buy-ins dans les tournois et où je devais leur laisser 50% de mes gains [dans le Main Event] si j'étais in the money et 25% si j'arrivais en table finale. Je devrais aussi rendre la moitié des 10.000$ déjà gagnés. J'ai choisi le second contrat et signé avec empressement”.
Ken Horrell's Sponsorship Agreement with Attack Poker
Ils disent que j'ai dit qu'ils ont dit ...
Horrell était excité mais a vite réalisé que certains détails – comme les tournois auxquels il serait autorisé à participer – n'étaient mentionnés nulle part. Après une lecture plus détaillée, il se rendit compte qu'il n'était pas fait mention d'un sponsoring futur après le Main Event des WSOP 2013.
“Ce que vous ne pouvez pas voir dans ce contrat, c'est qu'Attack Poker était réticent à me stacker pendant un an dans des tournois futurs” explique Horrell. “Ils ont voulu signer un Online Pro. Ils m'ont dit que j'aurais le même contrat que [les membres de la Team Pro Attack] Lisa Hamilton, Eli Elezra et Luke Schwartz”.
“Après deux jours j'ai finalement eu Tomas au téléphone et lui ai dit que j'avais l'intention de jouer le tournoi du WSOP Circuit à Foxwoods puis celui au Seminole. C'est alors que Tomas m'a révélé que si j'étais payé dans le Main Event, ils me stackeraient” explique Horrell. “Je suis naïf et je me rends compte. Mais je suis assez intelligent pour réaliser qu'ils veulent me prendre 50% de mes gains éventuels dans le Main Event pour me redonner des parts de mes propres gains à leur discrétion. C'est totalement différent de notre accord et j'ai alors retiré mon gain de 10.000$ avant de rentrer à la maison”.
Dimanche 07 juillet 2013, un jour avant celui où il était censé jouer le Main Event, Horrell retire les 10.000$ de buy-in qu'il a gagné et répond négativement aux tentatives d'Attack Poker pour le convaincre de jouer ou de rendre l'argent. Par exemple cet email de Yi:
Ken
Nous manquons vraiment une grande opportunité avec votre décision de ne pas jouer le Main Event des WSOP cette année.
Pouvez-vous m'expliquer ce qui vous a décidé à ne pas vous inscrire ?
Tomas Yi
Horrell a simplement répondu : “Contrat vague et ambigu, conditions sur l'encaissement des gains au Main Event avec aucune garantie pour l'avenir”.
“Ils m'avaient arnaqué en ne me donnant que la moitié des gains et ne voulaient prendre aucun risque à l'avenir, à moins que je rapporte de l'argent avec le prix déjà gagné. En fait, ils voulaient me rendre mes propres gains si et seulement si eux le souhaiter” affirme Horrell à PokerNews. “J'ai été trompé et on m'a délibérément menti. En fait, il n'y a jamais eu d'accord de sponsoring pour un an”.
Attack Poker passe à l'offensive
PokerNews a contacté Attack Poker pour avoir leur point de vue sur cette situation. Nous avons reçu une réponse de Marie Vozikis d'Emil Interactive Game, qui fait partie des signataires du contrat d'Horrell :
Nous apprécions l'opportunité que vous nous donner d'écrire à propos de ce problème et sentons que cela fera l'objet d'un bon article. Le fait est que M. Horrel n'est pas une victime. Les victimes sont les milliers de joueurs qui ont pris part à cette compétition en espérant jouer les WSOP et qui se sentent flouées par M. Horrel.
Notre entreprise a investi des millions de dollars pour créer l'une des meilleures plate-formes de poker gratuit. Il était très important de montrer à nos joueurs cette opportunité offerte par Attack Poker. M. Horrell était attendu au Main Event, auquel il a délibérément choisi de ne pas participer. Nous avions une équipe vidéo, les modèles Attack Girls et un photographe professionnel qui attendait M Horrell.
L'enregistrement en pièce jointe démontre que M Horrell a dans un premier temps profité de l'accord dont il est fait la publicité sur le site internet. Il a ensuite choisi un accord pour entrer dans l'Attack Poker Team Pro qui requiert 50% de participation.
Le plus gros dans cette histoire est que M Horrell a délibérément eu l'intention d'agir ainsi depuis le début, comme le montrent ses commentaires sur Facebook ou sur OnTilt Radio*. Il espère maintenant tirer profit d'une campagne de dénigrement à l'encontre de notre entreprise.
Notre entreprises a l'intention d'utiliser tous les recours juridiques à disposition contre M. Horrell.
En effet, Emil Interactive Games, LLC a déposé plainte contre Horrell devant la cour du district du comté de Clark au Nevada, avec les accusations suivantes :
- Rupture de contrat
- Violation d'un engagement de bonne foi et de loyauté
- Restitution des sommes dues et exigibles
- Dommages-intérêts punitifs
- Quantum Meruit/Enrichissement injustifié
- Préclusion
- Jugement déclaratoire
- Fraude/Fausse déclaration intentionnelle
Emil Interactive Games, LLC réclame plus de 30.000$ à Horrell. Voir une copie de la plainte.
La dispute sur le contrat est devenu une affaire où chacun accuse l'autre de malveillance préméditée. Horrel affirme qu'Attack Poker a abusé de sa naïveté tandis qu'Emil Interactive Games, LLC affirme qu'Horrell n'est qu'un escroc. La vérité est sans doute quelque part entre les deux - et Horrell est inquiet du fait que les officiels d'Attack Poker ne connaissent que la version de Yi qui, selon Horrell , aurait quitté l'entreprise depuis.
“Je pense en fait que les gens d'Attack Poker n'ont que sa version de l'histoire et ils doivent penser que je suis venu uniquement pour voler 10.000$” déclare Horrell.
Qui a raison ? Qui a tort ? C'est à présent à la justice de trancher. D'ici là, l'histoire devra servir de leçon : Au poker comme ailleurs, il faut lire les petites lignes avant de signer.
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