Le ''whine' de Vitaly Lunkin après sa victoire dans le 10.000€ Turbo EPT Monte Carlo
S'il n'avait pas gagné le €10,000 Turbo Six-Max du PokerStars European Poker Tour Grand Final à Monte Carlo, le séjour du Russe Vitaly Lunkin sur les bords de la Méditerranée aurait tourné au désastre.
"J'ai dépensé 65.000€ de buy-in et je n'ai été in the money que trois fois" déclare Lunkin à PokerNews. "Je n'aurais pas gagné le €10,000 turbo event, je serais rentré perdant".
Pendant le mois qu'il a passé en Italie et en France, les cartes n'ont pas été favorables au troisième plus gros gagnant de Russie en tournois avec 6$ millions de gains. Il gagne 1.500€ à Sanremo lors de l'Italian Poker Tour €700 main event et 8.200€ à Monte Carlo dans le France Poker Series €2,000 High Roller. Mais les bad runs ne sont pas éternels et Lunkin met un terme à sa mauvaise passe le 02 mai, quand il remporte l'EPT Grand Final €10,000 Turbo Six-Max event et empoche 180.400€.
Ilja Kuteinikov de PokerNews Russie a pu s'entretenir avec Lunkin pour discuter de son périple à l'EPT Grand Final et à la table finale qu'il remporte après un heads-up face au Suédois Viktor "Isildur1" Blom.
Avant tout, félicitations pour votre récent résultat lors de l'European Poker Tour Grand Final. Etes-vous satisfait de votre voyage ?
Merci, mais laissez moi vous dire que ce ne fut pas un voyage facile. Je me suis d'abord rendu à San Remo, puis à Monte Carlo – et dans l'ensemble, les choses ne se sont pas passées comme je l'avais prévu, j'ai perdu plusieurs mains clés que je ne pensais pas perdre. Dans le Main Event comme dans le €25,000 High Roller, je perds dans des situations de brelans contre tirage.
L'un dans l'autre, j'ai 65.000€ de buy-ins et j'ai atteint les places payées trois fois. Bien sûr, l'une de ces places payées est une victoire, mais elle est arrivée le dernier jour de mon voyage. Sans cette victoire, je serais revenu perdant de ce voyage. [Au poker], on ne sait jamais quand vous allez gagner – il faut juste faire confiance à l'expected value, qui réclame toujours du temps avant de se concrétiser en quelque-chose de bon autour des tables. Et, malheureusement, personne ne sait combien de temps cela peut prendre.
Peut-on dire que votre victoire dans le tournoi à 10.000€ à Monte Carlo a mis fin à une mauvaise série ?
Grâce à cette victoire, j'ai terminé mon voyage en étant bénéficiaire. Mais tout le monde préférerait avoir un résultat comme le mien au début de la série de tournoi, plutôt qu'à la fin. Cela permet de jouer de meilleure humeur, avec un état d'esprit différent. Bien que j'ai toujours essayé de rester positif.
Le tournoi que je gagne avait 63 joueurs, ce qui est assez impressionnant pour un tournoi turbo. Cela a aidé à faire grossir le prizepool.
Parlez nous du tournoi. Comment l'avez-vous gagné ?
Le tapis de départ de 100.000 jetons permet de jouer normalement pendant quatre heures, après quoi la structure turbo reprend ses droits. Si vous réussissez à monter un tapis pendant ces quatre heures, vous pouvez jouer de manière très confortable.
J'ai eu ma part de chance au début. J'ai doublé rapidement et les choses se sont plutôt bien passées par la suite. Cela a changé quand nous nous sommes retrouvés à 10 joueurs pour neuf place payées. Jusqu'à la bulle, tout allait bien pour moi. Je contrôlais la taille du stack, faisais des sur-relances au bon moment et changeais de vitesse quand il le fallait.
Puis, j'ai mal joué une main car je me suis trompé en comptant mes propres jetons, cela m'a coûté 45.000. Et je me suis retrouvé card dead alors que le shortstack de la table doublait.
Le moment le plus critique fut quand je suis allé all-in avec KxQx assortis et que je me suis fait payé par Ax4x. Heureusement je touche une quinte sur la turn et je double.
J'ai été très chanceux une seconde fois quand il restait quatre joueurs en courses. Un shortstack push all-in pour 300.000, un joueur qui me couvre paye et je vais all in avec AxJx. Le shortstack avait les Rois mais heureusement le dealer a tiré un As. Je triple et passe second en jetons à la table.
Ensuite est venu le match en heads-up. Comment est-ce de jouer contre Viktor Blom ?
Blom est parti avec un avantage de 3/1 en jetons, mais j'ai renversé la situation et réussi à repasser devant. J'ai ensuite perdu un pot énorme avec couleur contre couleur, mais je suis quand même parvenu à regagner tous mes jetons.
Comment a-t-il joué contre vous ?
J'aime beaucoup son jeu. Viktor a un très bon feeling quand il s'agit de re-steal, il varie beaucoup son jeu selon la taille des stacks. Il a eu des difficultés à monter un tapis au départ mais il y est arrivé et a joué de manière impeccable. "Isildur" avec un gros stack est un joueur extrêmement dangereux.
Notre heads-up a duré 75 minutes et il est difficile d'en parler. Blom adore le pot control. Ayant cela en tête, j'ai attaqué la turn plus souvent que d'habitude et j'ai aussi plus souvent misé deux streets – soit flop-turn ou turn-river.
Beaucoup pensent que les tournois turbos sont difficiles pour l'ancienne génération de joueurs car les mathématiques sont essentiels dans ce format. Mais votre résultat dans ce tournoi remet en cause ce stéréotype. Quelle est votre opinion sur le sujet ?
Je pense avoir une très bonne connaissance de cet aspect du jeu. En 2007, j'ai enseigné le limit hold'em et nous avons analysé de nombreuses situations mathématiques.
Vous devez savoir que les math comptent davantage en limit qu'en no limit. De plus, à Moscou, j'ai joué de très nombreux tournois avec des petits tapis au début des années 2000. Konstantin Puchkov et moi avons gagné beaucoup de ces tournois. D'un autre côté, je ne me suis pas penché sur ces questions mathématiques depuis longtemps. Je ne fais pas de calcul précis dans toutes les situations.
Je pense être tout de même un joueur ''old-school'', dans la mesure où je ne 3-bet pas mes adversaires très souvent. D'un autre côté, j'aime utiliser des tactiques alternatives post-flop, en particulier quand j'ai un tapis confortable. Je pense que ces situations non-orthodoxes ont une meilleure EV et fonctionnent mieux pour moi.
En fait, je me sens à l'aise avec un petit tapis comme avec un gros. Je réalise parfaitement que quand on joue avec de petits tapis, le plus chanceux gagne. Avec cela à l'esprit, j'essaie d'atteindre le stade du push/fold avec le plus gros tapis.
Concernant mon jeu en général, je ne pense pas avoir un niveau aussi bon qu'en 2009. Je jouais alors mieux parce qu'aujourd'hui je fais des erreurs qui auraient été impensables il y a quelques années.
Je n'ai pas trop joué pendant un an et je m'en rends compte, j'ai des lacunes dans certains aspects du jeu. Mais je commence à réajuster mon jeu et à revoir mes tactiques en observant de jeunes joueurs russes comme Anatoly Filatov et Dmitry Yurasov. Ces ''jeunes loups'' m'aident à améliorer mon jeu et à trouver des idées sur le jeu contemporain.
Les World Series of Poker vont bientôt débuter. Allez-vous à Las Vegas cette année ?
Mon plan initial était de m'y rendre la fin des WSOP mais avoir des tickets aux dates que je veux revient très cher maintenant. Alors, j'hésite. Pour être franc, j'en ai assez de Las Vegas et du désert. Les premières années étaient intéressantes mais maintenant que j'ai fait le tour des spectacles, il n'y a pas pas grand chose à faire.
Aussi, la cuisine locale m'intéresse moins alors je perd en motivation. J'irai probablement à la fin des WSOP, jouer quelques tournois bon marché et le Main Event.
Bien sûr, tout est toujours possible. Je peux aussi aller à Las Vegas le 10 juin, arrêter de ''whine'' et avoir des résultats corrects. On verra !
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