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Cédric Billot : l'avenir du poker serait-il en Belgique ?

7 min à lire
Cécric Billot, EPT, FPS Pokerstars

En charge du notamment du développement des tournois de la marque Pokerstars en France et en Belgique, Cédric Billot évoque avec la rédaction Pokernews la pérennité de l'European Poker Tour à Deauville, la fermeture du cercle de jeux parisien Cadet et le dynamisme du poker belge. Entretien nocturne lors du Belgian Poker Challenge 2014 au casino de Namur.

Quelle position occupez-vous chez Pokerstars aujourd'hui ?

Cédric Billot : "Je m'occupe de beaucoup de tournois live en Europe, les France Poker Series (Ndlr : FPS, 1100€ l'entrée) évidemment, l'European Poker Tour (Ndlr : EPT, 5.000€ et 10.000€ l'entrée) de Deauville, de Monaco et de Malte, c'est à dire les trois prochains EPT en 2015, ainsi que tout ce qui se passe en Belgique et en Italie. Je m'implique également dans la stratégie globale "live events" en Europe."

La décision d'ouverture de la salle en ligne Pokerstars aux paris et au casino remet-elle en question l'engagement de la marque dans le poker de haut niveau ?

"Depuis la reprise de Pokerstars par Amaya Gaming, notre stratégie des tournois live dans le monde ne change pas du tout. A savoir que ces tournois doivent rester l'un des éléments essentiels du marketing de la marque. Le choix d'élargir l'offre de Pokerstars aux paris sportifs et aux jeux de casino aidera à ramener plus de joueurs sur les tables de poker en ligne. Si certains peuvent considérer ce choix comme aux antipodes des valeurs sportives prônées par Pokerstars, cette stratégie est importante pour amener du sang neuf via les autres nouveaux jeux en ligne proposés."

Y aura-t-il du mouvement pour les tournois European Poker Tour en France ?

"L'EPT va retourner à Deauville en janvier 2015, ce sera la dixième fois en onze saison European Poker Tour, après on verra comment se présente 2015, aujourd'hui, il y a très peu de chance de voir un second EPT en France, parce que la France n'est pas le marché le plus dynamique en terme de poker, soyons réaliste. On garde tout de même un œil ouvert."

Deauville : tous les EPT sont sur la sellette

Malgré l'aspect mythique de Deauville, la fréquentation est en baisse. L'EPT peut-il rester à Deauville ?

"En fait, tous les EPT sont un peu sur la sellette, si on exclut ceux qui cartonnent depuis un an ou deux, Barcelone et Prague ayant une progression de 20% à 30%. On a des contrats qui durent plus ou moins longtemps, mais après on en parle avec notre partenaire forcément, c'est dans l'intérêt de notre partenaire également que l'EPT marche bien. Dire que Deauville sera sur la carte du Pokerstars European Poker Tour dans deux, trois ou cinq ans, ce n'est pas sûr à 100% en effet."

Etre une grosse destination touristique, c'est la formule du succès ?

"C'est une combinaison de plusieurs facteurs, Barcelone, on sait qu'il y a le soleil, on peut venir en famille et en profiter, un célibataire va pouvoir passer du temps également. Ces destinations sont attirantes pour tous les budgets. Prague est la l'équivalent en mode hiver, c'est une ville magnifique au niveau des sorties que ce soit le jour ou nocturne. Si on ajoute à ce cocktail un aéroport international, des vols pas chers, un EPT cartonne."

Nous sommes au Belgian Poker Challenge à Namur, quelle est la spécificité de la Belgique ?

"Les Belges sont des passionnés de jeu, quand on regarde la participation aux tournois par rapport à la population de la Belgique, ce qu'ils font est magnifique. Nous sommes là au casino de Namur, le premier casino à avoir proposé du poker, ils ont toujours mis le paquet, le poker est important pour eux, c'est un des rares casinos qui fait des efforts pour accueillir des joueurs de poker, ce qui n'est pas le cas en France où beaucoup de casinos ne le font pas, ils estiment qu'ils ne gagneront pas d'argent avec ça."

Ont-ils raison ?

"Ils ont raison si on regarde juste les revenus tirés du poker, mais après, c'est peut-être le seul moyen d'attirer de nouveaux joueurs dans les casinos. Il y a également des façons de gérer le poker, en maîtrisant le nombre d'employés, le matériel engagé, comme dans tous les business, il s'agit d'amortir. Le casino de Namur arrive a très bien s'en sortir avec ça, car plus ils ont de joueurs, plus ils peuvent amortir leurs coûts. On le voit depuis deux jours, le casino est complètement plein. Il y a forcément une retombée économique sur les autres activités, les jeux du casino, ainsi que sur l’hôtellerie.

Association Poker Belgique, 5.000 membres

Il n'y a aucune inquiétude, le poker en Belgique a un bel avenir devant lui. Il y a eu également un changement dans la loi en Belgique, qui a permis aux clubs de poker, qui sont des associations, de proposer des tournois avec des faibles buy-ins, chose qui n'est pas autorisé en France. Quand je dis faible buy-in, il s'agit de 10 euros, 20 euros, chose qui ne se fait absolument pas en casino mais qui permet justement de "recruter", d'attirer un certain nombre de joueurs qui ne viendraient jamais en casino, de leur faire découvrir le poker, c'est un tremplin pour les casinos, que ce soit en cash game ou des tournois un petit peu plus chers. On peut penser au club "Poker Belgique", partenaire du casino de Namur, qui a je crois 5.000 membres. Si on fait une autre comparaison intéressante, les jeux de tables en Belgique, la roulette, le black jack, représentent un pourcentage trois à quatre fois plus gros de revenus qu'en France. Il y a une culture du jeu de table en Belgique et le poker en fait partie quelque part.

Dans quelle mesure le tournoi principal du Challenge va-t-il bénéficier de la fermeture du cercle parisien Cadet et de l'annulation des France Poker Series ?

"Un certain nombre de qualifiés FPS se sont vu proposer d'échanger leur ticket FPS pour Namur dont les buy-ins sont similaires, 1100€. Il y a un certain manque chez les joueurs de poker, un certain nombre d'entre eux attendaient les FPS Paris qui n'a donc pas eu lieu. Namur est à deux heures et demi, trois heures de Paris, la retombée est sûre et certaine. Après 50 ou 200 joueurs en plus, je ne sais pas. Il reste que Pokerstars a donc mis plus en avant le championnat de Belgique, ce qui aurait été logiquement moins le cas si les FPS avaient eu lieu."

Quelles décisions ont été prises pour faire face à l'arrêt des FPS Paris ?

"Nous avons appris la fermeture du cercle cadet deux mois avant le tournoi, jour pour jour quasiment, ça laissait peu de temps pour se retourner. On ne parle pas d'organiser un petit tournoi avec une centaine de joueurs mais d'un millier de joueurs sur le Main Event, il faut dont trouver les bons partenaires, les bons endroits. Il ne restait plus qu'un seul endroit ouvert à Paris, on n'était pas forcément enthousiaste à l'idée d'y aller, je n'étais pas très confiant sur les conditions d'accueil et il vrai que le Cercle Clichy est fortement associé avec nos principaux concurrents. Deux mois avant, ça aurait pu être pire, comme par exemple une fermeture une semaine avant les Series. Il a fallu gérer toutes les personnes qualifiées, soit sur Internet, soit au cercle. Nous avons proposé aux qualifiés Internet un échange pour d'autres tournois Pokerstars, pour Namur, pour l'Eureka voir des tickets online pour les FCOOP. Les qualifiés du cercle Cadet en fait, vu que les tickets étaient la propriété du Cercle Cadet, on les aide à recouvrer la valeur de leur ticket par les voies légales."

C'est une situation compliquée...

"C'est toujours compliqué, ça prend du temps, parce que c'est l'administration française... Il y a entre 70 et 80 joueurs, je crois, qui vont devoir faire un recours individuel s'ils veulent retrouver leur ticket. On espère qu'ils vont pouvoir y arriver, notre travail est de leur donner toutes les informations pour ça.

Voilà, on a donc pris la décision d'annuler purement et simplement plutôt que de se retrouver à la dernière minute sur un nouvel endroit, qui aurait pu être le cercle Clichy, qui aurait pu être Enghien, mais deux mois avant, ça n'aurait pas été possible. Enghien, ce n'est pas la même chose que d'être dans Paris non plus. On pense également que cela va avoir des retombées sur le prochain FPS à Deauville au moins de janvier."

Pokerstars y voit une note positive au final ?

"C'est dur de parler de note positive, on est forcément attristé de la fermeture du cercle, c'était le plus bel endroit pour les joueurs, le plus dynamique pour le poker à Paris, au fond l'annulation des FPS, c'est certes une tristesse, mais la fermeture du cercle en soi n'est pas bonne du tout pour le poker à Paris. On ne va forcément pas dire que c'est une bonne nouvelle."

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