Brian Benhamou, l’homme qui voulait vivre son rêve
Avocat fiscaliste pendant plusieurs années, Brian Benhamou a décidé de tout sacrifier pour le poker. Depuis un an environ, il est joueur professionnel dans les rangs de PMU. Derrière l'image de gendre idéal un peu lisse, se cache une personnalité forte avec des convictions solides. Une voix qui va compter dans les années à venir, c'est sûr ! Portrait.
Juin 2010, Las Vegas, 6 h du matin, Brian Benhamou est seul. Sa chambre d'hôtel de l'Imperial Palace n'affiche pas le luxe de beaucoup d'hôtels du Strip. Cet été là, il s'en moque, il venu pour jouer au poker et rien d'autre. Les WSOP battent leur plein. Brian est à un tournant de sa vie. Il vient de passer un coup de fil à son amie de l’époque pour lui indiquer qu'il avait pris la décision de devenir joueur professionnel et de démissionner de son travail. Il possède pourtant un job en or d’avocat fiscaliste dans une grande banque française. Il a sauté le pas ! De retour à Paris, il devient joueur professionnel le 22 septembre 2010, le jour de ses 30 ans. Malgré les doutes et les inquiétudes de sa famille, il n’a jamais été freiné dans sa démarche.
Étudiant brillant
Né en Caroline du Nord, Brian a vécu aux Etats-Unis jusqu’à l’âge de 6 ans. De retour en France, il a mené une scolarité sans encombre. Le Bac en poche, il fait 5 ans d’études de Droit, qu’il poursuit ensuite aux Etats-Unis. Le garçon bosse comme un forcené. Pour passer le barreau de New-York, il dort 5 h par nuit et révise « 16h par jour ! ».
Il découvre le poker au pays de l’Oncle Sam, « hypnotisé » par une émission sur le WPT. Rapidement, il adore « l’aspect compétition du poker » de ce jeu « éminemment complexe. » Au fil du temps, le poker va prendre de plus en plus de place dans sa vie.
Avocat du beau jeu
Brian a passé beaucoup de temps à grinder online en solitaire pendant de longs mois. Il progresse et fait ses armes sur le circuit par le biais de MyPokerSquad notamment. Après une sélection drastique, sa candidature est retenue par les dirigeants de PMU pour représenter la room. Il devient joueur sponsorisé. Le Graal ! Il aime communiquer, parler de sa passion. Son ego ne semble pas avoir enflé avec la médiatisation au sein de la communauté poker.
Brian est l’une des voix qui commencent à compter. Il est l’un des concepteurs des tournois « Carte Blanche » de PMU. Ses idées sont assez claires : « je suis partisan de niveaux d’une heure. Les hyper-Deepstack ne me plaisent pas trop. » Lâche-t-il.
Il aime le Fair-Play à la table. Lors d’un tournoi, un homme qu’il a éliminé à 2 places de la bulle, vient le voir pour lui dire qu’il a vécu « une superbe expérience ». Le poker doit posséder aussi une dimension de divertissement pour Brian. Il est assez attristé par la fermeture des cercles parisiens, en particulier l’ACF. Les jeunes joueurs parisiens pouvaient facilement s’initier en Live, « c’est plus compliqué aujourd’hui » peste-t-il !
Fibre de gauche
Brian Benhamou est aussi un citoyen concerné par l’actualité. « Je suis un homme de gauche depuis toujours » affirme-t-il. Sa famille lui a légué cette sensibilité. « L’idée du partage des richesses est vraiment centrale pour moi », il rejette l’individualisme ambiant. Les salaires exorbitants des grands patrons l’interpellent vraiment. Il estime que les idées de gauche « sont belles » ! Malgré tout, il ne se lance pas dans de grands débats avec d’autres joueurs qu’il sait souvent « classés à droite ».
« Juif non pratiquant », il aime les valeurs de partage et de solidarité qui peuvent exister dans la religion et rejette toute forme d’extrémisme. Très attristé par les attentats qui ont ensanglantés Paris en janvier dernier, il a mis du temps à réagir tellement il était abasourdi. « Je voulait être dans la sincérité et pas dans le pathos. » « Si j’avais été à Paris ce jour là, je serai allé à cette marche républicaine », il «espère que le soufflé ne va pas retomber ». Il se dit inquiet par l’effritement du concept de Nation et les dissensions au sein de notre société.
Couple
Brian reconnaît que concilier poker et vie de couple n’est pas toujours facile. « Mon ex-petite amie supportait de moins en moins mes absences à répétition ». Un mois ½ après leur rupture, il gagne un tournoi à Marrakech et pourtant à ce moment là, il était vraiment mal. Brian s’est posé des tas de questions sur les sacrifices liés au poker. Il reconnaît aujourd’hui encore que « ça reste compliqué ». Mais il se dit épanouit.
Amoureux de Paris
« Je me sens tellement bien à Paris, j’ai ma famille et mes amis à Paris » me dit le jeune trentenaire. « Ces amis là sont essentiels à mon équilibre » prolonge-t-il. Il ne se verrait pas partir à Malte ou Londres juste pour grinder. Il est ravi de fréquenter des personnes qui ne connaissent rien au poker. « J’aime avoir ce bol d’air ! » reconnaît-il.
Objectif Top 10 France
En 2015, Brian Benhamou souhaite figurer dans le top 10 du classement GPI France. « Je suis vraiment animé par l’esprit de compétition. ». Gagner un titre EPT fait vraiment partie de ses objectifs. Il a d’ailleurs décidé de suivre une préparation physique et fait une heure de sport par jour. Lorsque je lui demande s’il existe une rivalité avec Erwann Pécheux, le numéro un français au classement GPI en 2014. Il me répond par la négative. « Erwann est un excellent joueur. Il y a surtout de l’émulation entre nous. Je n’éprouve pas de jalousie à son égard. Je suis très heureux pour lui ». Il a hâte de voir ce que vont donner les Global Poker Masters. Il aurait aimé y participer. Il apprécie l’analogie avec le sport qu’Alexandre Dreyfus cherche à insuffler.
Il est assez admiratif de Davidi Kitai, actuellement 2eme au GPI Monde, « un génie », reconnaît-il. Un joueur qui est au-dessus du lot pour lui.
Dans son cercle d’amis proches, il cite facilement Ronan Monfort, Steven Moreau ou Paul Tedeschi, Erwann Pécheux, Damien Lhommeau ou [Removed:253]. Il aime la solidarité qui peut exister entre les joueurs français sur les tournois à l’étranger.
Avenir
« Le jour où je n’aurai plus envie, j’arrêterais, tant que je m’éclate, je continuerais » lâche-t-il. Fin connaisseur de l’industrie du jeu, il pense que le marché du poker est arrivé à un moment de maturité. L’arrivée possible d’un casino à Paris lui apparaît très hypothétique. Quand on parle de l’avenir, il se verrait bien se reconvertir dans l’industrie, Team Manager ou chef de produit. Mais pour l’instant, Brian veut continuer à vivre son rêve !