L'interview exclusive de Tapis_Volant après son European Poker Awards
Victor Saumont alias Tapis_Volant a reçu le prix du meilleur contenu média aux European Poker Awards remis à Malte la semaine dernière. Pour Pokernews, il revient sur cette nouvelle récompense accordée pour sa création, Nosebleed...
Félicitations Victor, grâce à ton film Nosebleed, tu remportes le prix du contenu média de l'année. Un Français qui gagne aux European Poker Awards c'est plutôt rare... ça fait quel effet ?
C’était un grand moment pour moi. Même si tout le monde m’avait dit que j’allais gagner, j’avais du mal à y croire. Je me suis beaucoup donné pour faire exister ce film et voir qu’il a pu toucher autant de monde me ravit. On ne fait pas des films pour obtenir des récompenses, mais ça fait quand même bien plaisir de monter sur scène pour recevoir un prix après Liv Boeree.
Tu as aussi reçu un prix spécial du jury aux France Poker Awards 2014 pour ce même film. Le prochain objectif c'est un César ?
Je ne vois pas quelle autre récompense je peux avoir avec ce film. Mais ces deux Awards me font bien plaisir. Les César, ce sera pour un prochain projet...
Pour ceux qui ne suivent pas, peux-tu nous raconter la genèse du projet ?
Je l’ai en effet déjà racontée à plusieurs reprises. L’anecdote est plutôt marrante : je suis à Londres fin 2013 pour couvrir l’EPT. Lors du Jour 1, je remarque la présence de Sébastien Sabic et Alexandre Luneau dans le field, ce qui ne manque pas d’intriguer le couvreur-fanboy que je suis. Je discute rapidement avec Alex... qui me demande si sa copine peut entrer dans l’aire de tournoi. Epic fail ! Je m’en veux un peu car c’est Alex Luneau qui vient te demander un service, et tu n'’arrives même pas à l’aider !
Deux jours plus tard, alors que les deux ont bust, je trouve un MP dans ma boîte ClubPoker, signé « Seb86 ». Il me dit qu’il aime bien mes vidéos et qu’il a un projet à me proposer. En fait, le projet n’a rien à voir avec le Poker. Il veut que je réalise une bande-demo pour sa copine coréenne. Une artiste qui souhaite postuler à une sorte d’émission de télé-réalité. Je me dis "why not", ce sera une occasion de le connaître un peu mieux. A la fin de l’EPT, je reste donc un jour de plus pour réaliser cette vidéo et je discute pas mal avec Seb de sa carrière, de sa récente prise de décision d’arrêter les Nosebleed et d’Alex.
Puis, lors d'un trajet assez surréaliste à Londres, il me parle de Gus Hansen, d’Isildur1, d’anecdotes de high-stakes, de Las Vegas … et au moment de quitter Londres, je lui demande s’il serait chaud pour que je revienne les filmer, mais cette fois pour un projet Poker. Il n’est pas contre, reste juste à convaincre Alex Luneau qui a jusqu’à maintenant refuser quasiment toute mise en avant.
Les deux protagonistes du film t'ont-ils fait un retour sur ce prix maltais ?
Alexandre Luneau et Sébastien Sabic étaient très contents pour moi. Ils m’ont envoyé un sms pour me féliciter et semblaient très heureux que le film rencontre son public et que mon travail acharné soit reconnu. Je pense qu’ils ont bien compris à Vegas que faire ce film représentait beaucoup de travail.
Nosebleed est un projet personnel qui a nécessité beaucoup d'investissement de ta part. As-tu des regrets sur ce film ?
Des regrets, oui et non. Disons que j’aurais aimé passer plus de temps pour observer le grind quotidien de Seb et Alex. Après, ça reste quand même assez compliqué, vu l’importance des enjeux, de se poser derrière l’ordi d’Alex quand il joue contre Phil Ivey ou Gus Hansen. Idéalement, j’aurais aimé les suivre plus longtemps et ne pas forcément focus la grosse majorité du film sur Vegas. Mais disons que vu qu’ils ont décidé de faire un gros Vegas, le projet a un peu muté de lui-même.
Tu continues à réaliser des reportages, notamment celui des coulisses de La Maison du Bluff 5. As-tu déjà un projet en tête pour ton prochain film ?
Je ne sais pas encore vraiment pour mon prochain projet documentaire. D'abord, je vais sans doute faire un petit projet sur la performance de Joseph "Jojopoker" Carlino à l'EPT Deauville. Cela restera un film assez court, pas comparable à Live in Deauville ou One Time par exemple. Vu le temps que me prend ma formation d’écriture cette année, c’est assez compliqué de développer un projet d’envergure. Même si ça reste quand même dans un coin de ma tête.
Tu continues à te former à l'École nationale supérieure des métiers de l'image et du son. Comment se passe ta formation à la Femis ?
Elle se déroule très bien pour le moment. Je suis à l’Atelier Scénario où j’écris un long-métrage, épaulé par des professionnels et entouré d’autres « élèves » avec qui on discute des projets de chacun. C’est très enrichissant et ça m'encourage vraiment à me dépasser pour revenir aux choses "sérieuses", à savoir faire du cinéma.
Hormis «Dans la tête d'un pro», produit par Winamax et ton travail chez PokerStars, pourquoi le monde de la vidéo et celui du poker ne s'articulent-ils pas davantage ?
Je pense qu’ils ont tout pour bien s’articuler, et j’essaie de le prouver par mon travail. Dans un autre registre, "Dans la tête d’un pro" montre d’une belle manière que le poker de tournoi peut faire rêver les gens et que les spectateurs se régalent de connaître le processus de réflexion des grands joueurs. Je suis assez optimiste sur les possibilité de contenus médias autour du Poker. Il y a de la place pour faire de belles choses, il ne faut juste pas prendre ce travail à la légère et proposer des vidéos bas de gamme.
Lorsque tu repenses à ton premier pas dans le poker et notamment aux Deepstack en région parisienne avec la New Team ou encore Steven Moreau, tu es fier du chemin parcouru ?
C’est assez amusant de repenser à mes « débuts » avec ces magnifiques tournois de poker amateur en région parisienne. J’avais déjà envie de parler de Poker, je faisais des compte-rendus de mes tournois sur mon blog et j’ai en effet rencontré les joueurs de la Newteam. C’est sans doute ce qui m’a poussé vers les coverages écrits, à une époque où c’était compliqué pour moi dans le monde du cinéma.
Après, mes deux passions se sont un peu rejointes, et j’ai basculé pour repasser derrière la caméra. Quand je repense au chemin parcouru, c’est pas forcément de la fierté, mais ça me fait sourire, surtout quand tu te retrouves au Rhino avec Alex Luneau alors que t’étais en train de le rail online cinq ans plus tôt.
Vas-tu réussir à tenir jusqu'à la fin du coverage ou Paceville (le quartier des boîtes et des clubs, ndlr) va te tuer avant ?
Vu que les français sont en forme et nous proposent pas mal de spectacle, je pense qu’on va essayer de tenir jusqu’à la victoire de Valentin Messina (cet entretien a été réalisé avant la TF de l'EPT Malte, ndlr), même si c’est vrai que Paceville est très tentante le soir...
Nosebleed de Victor Saumont