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Julien Brecard : "Revenir à l'essentiel"

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Giovanni Angioni
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Julien Tissot
6 min à lire
Julien Brecard

Présent dans l'industrie du poker depuis plus d’une décennie, Julien Brécard est l'un des visages les plus connus et les plus respectés du poker français. Joueur pro PokerStars.fr depuis 2010, Brécard est un homme qui porte plusieurs casquettes. Interview.

Dans sa carrière de joueur, il a déjà gagné plus de 300 000 $ de gains en tournois live, avec des résultats qui incluent des places payées aux World Series of Poker (WSOP), European Poker Tour (EPT), PokerStars Caribbean Adventure (PCA), et aux France Poker Series (FPS).

En tant que manager et consultant, "Yu" a réussi à se faire un nom grâce à ses nombreux projets dans le monde du poker. Ancien homme-clé d’Everest Poker et de Winamax, au fil des ans, Julien Brécard a réussi à devenir l'un des commentateurs de poker les plus appréciés en France et un rouage important de La Maison du Bluff. Brécard a atterri dans le monde du poker après quelques années passées dans le monde du football, il reconnaît d'ailleurs : "je n'étais pas assez bon."

PokerNews a rencontré Julien Brécard pour discuter de son aventure dans le monde du poker et partager quelques idées sur ce que l'industrie pourrait faire pour regagner en popularité.

Tu es dans l'industrie depuis plus de 10 ans déjà. Tu as commencé chez Everest, puis tu es allé chez Winamax et enfin tu as atterri chez PokerStars. Peux-tu nous parler de ta trajectoire ?

J’ai commencé en tant que coordonnateur des événements et responsable des relations presse pour Everest Poker en 2006 et j’ai gardé cette fonction pendant environ deux ans. Quand je me suis rendu compte que j'appréciais vraiment les tournois live, j’ai demandé à ne plus m’occuper que de ça.
J’ai été attiré par les grands événements, donc je voulais aller aux WSOP et suivre l'EPT. Ma chance a été qu’à ce moment là, Everest a signé un accord avec les WSOP, ce qui m'a offert la possibilité de faire ce que j'avais vraiment envie. À l'époque, je devais gérer un grand salon à Las Vegas. Cela m'a permis de rencontrer tous les joueurs français qui étaient là.

Un an plus tard, j’ai été contacté par Winamax. Quand ils m’ont demandé de les rejoindre en tant que Team Manager, je savais c’était une offre que je ne pouvais pas refuser. Passer d’Everest à Winamax, à l'époque, c’était un peu comme de passer d'une équipe de deuxième division à la Ligue des Champions.
Lorsque j’ai rejoint Winamax en 2008, je me suis installé à Londres et j’ai pris un appartement avec Arnaud Mattern.

Là, ma façon m’appréhender le jeu a changé. Je commençais à assister à des séances de Brainstorming avec les autres joueurs, à analyser des sessions de poker avec eux. J’ai regardé le jeu avec une perspective différente. Pour être honnête, je ne suis pas un très bon joueur de poker à l'époque. Je suis le genre de joueur que vous trouveriez sur un tournoi à 10 € de buy-in.

Julien Brécard / Copyright PokerStars
Julien Brécard / Copyright PokerStars

Tout a changé quand tu es allé à Vegas pour les WSOP en tant que membre de l'équipe Winamax, c’est ça ?

Oui, je pense que ma carrière a connu un tournant au cours des deux mois passés à Las Vegas avec Winamax en 2009. Dès que je suis arrivé, j’ai gagné un Event (buy-in 500 $) pour un gain d’environ 50 000 $. Puis, lorsque les WSOP ont commencé, je me suis immédiatement inscrit sur un tournoi au buy-in de 1500 $. Cela m'a donné confiance de penser que, peut-être, je pourrais jouer un rôle dans le monde du poker en tant que joueur et que je ne devrais pas toujours rester dans les coulisses.

Avec cela à l'esprit, une nuit, je suis allé jouer aux machines à sous du Wynn pour la première fois. Je n’avais jamais joué à aucun jeu de machine à sous, mais quelques 16 heures plus tard, je me suis retrouvé avec 20 000 $. C’est à ce moment là que j’ai pris la décision de me payer le Main Event des WSOP.

Initialement, mon patron n’était pas très heureux à ce sujet et je me souviens que nous avions décidé que je rentrerai lorsque qu’il n’y aurait plus de joueurs Winamax en course. Mais j’ai joué jusqu’au Day 6. À la fin, j’ai terminé à la 97e place pour 47 000 $ !

En quoi ce séjour à Vegas a-t-il constitué un tournant ?

L'aventure à Las Vegas ne m’a pas donné envie de retourner travailler dans un bureau. Après, j’ai appelé Winamax et je leur ai dit que je voulais m’orienter vers une carrière de joueur. Cependant, comme il était impossible de travailler en tant que Manager de leur Team pro et en tant que joueur dans le même temps, nous avons décidé de nous séparer.

A ce moment là, PokerStars est venu me proposer exactement ce que je voulais : la chance de jouer et d'être responsable d'une équipe qui comprenait de grands joueurs comme Bertrand «ElkY» Grospellier, Tomas Bichon, Arnaud Mattern et Vanessa Rousso.

Après un certain temps, les gars de PokerStars m'ont demandé de choisir entre mon job de Team Manager et mon statut de joueur. J’ai décidé de rester joueur et compte tenu du fait que, cinq ans plus tard, je suis encore ici, je pense avoir fait le bon choix.

Sur Everest, Winamax et PokerStars, tu as eu la possibilité de t’occuper des meilleurs joueurs de poker français. À ton avis, comment la figure du joueur pro a évolué au cours des dernières années?

Il y a cinq ou six ans ils étaient considérés comme des personnes qui portaient des logos à une table. Maintenant, ils sont bien plus que cela. Aujourd'hui, en tant que joueur pro, vous avez besoin de faire beaucoup plus. Vous devez alimenter un blog sur le poker, faire des interviews, participer à des sessions de poker, faire des vidéos et promouvoir le poker dans les médias. Si vous ne le faites pas, vous ne pourrez pas rester joueur sponsorisé. Les qualités pour devenir joueur pro ont changé. Etre un grand joueur de poker ne suffit plus. Vous devez être capable de gérer beaucoup plus que juste le poker.

Parlons de la France. Chaque fois que l'ARJEL publie ses chiffres concernant le marché français, nous remarquons que l'industrie continue de décliner. Il y a seulement quelques jours, nous avons écrit qu'il est peu probable de la loi change avant 2017. Comment les rooms pourraient agir pour améliorer les choses?

Il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire, surtout si vous voulez sortir d'une situation défavorable. Ce qui me plaît chez PokerStars, c’est qu'ils ne se plaignent pas de ce que le gouvernement fait ou ne fait pas. Ils essaient de se développer grâce à l'innovation.

Pour évoluer, vous devez essayer de trouver de nouvelles solutions. Par exemple,La Maison du Bluff est un bon moyen d'attirer de nouveaux joueurs et ceci est la contribution la plus importante que nous puissions apporter pour permettre à notre industrie de se redresser. À La Maison du Bluff, nous avons essayé de dire aux gens que s’ils sont bons en calculs mathématiques, s’ils ont des tripes, s’ils sont bons pour bluffer, alors ils peuvent être bon au poker.

Dans des pays comme la France, où la réglementation a créé un marché fermé, nous avons une base de joueurs limitée et cela signifie que nous devons trouver de nouvelles façons de vendre le poker et de faire découvrir le jeu à un public plus large. Personnellement, je pense que nous devrions revenir à l'essentiel et nous demander qu'est-ce qui nous a fait aimer le poker quand nous avons joué pour la première fois.

Pour moi, c’est l'adrénaline, la possibilité de se sentir comme un champion assez rapidement et je pense que nous devons trouver un moyen de partager tout cela avec de plus en plus de gens. Si nous voulons que le poker se développe, nous devons montrer à tous que l’on peut prendre beaucoup de plaisir à la table de poker. Ensuite, ils joueront.

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