Blog : Quand Negreanu raconte la grosse partie avec Phil Ivey et Gus Hansen
Daniel Negreanu est en tête de la All Time Money List avec plus de 32,6 millions de dollars de gains amassés sur toute la planète poker. Le Canadien est aussi le joueur le plus populaire de la base de donnée Hendon Mob avec plus de 500 000 cliques sur son profil depuis le 1er janvier 2008. En un exemple comme en dix, le Team Pro PokerStars est au sommet de la pyramide du poker world !
Si le Canadien est populaire, il le doit à son palmarès mais pas uniquement. Désormais citoyen américain, le joueur d'origine roumaine est un hyper-actif qui s'est toujours diversifié. Entre le documentaire KidPoker qui vient de sortir sur Netflix), sa croisade anti Trump sur Twitter ou encore son soutien à l'implantation d'une équipe de NHL à Las vegas s et la fin des WSOP, Negreanu connaît un été chargé. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à jouer... en cash-game.
Si Daniel Negreanu ne s'assoit plus aux tables de l'European Poker Tour pour autre chose que des tournois, il pousse encore la porte du Bellagio plusieurs fois dans l'année. Mieux encore, Daniel Negreanu nous permet via son blog d'observer les meilleurs joueurs de la planètes et les parties les plus chères de la Bobby's Room.
Le joueur vient d'ailleurs de publier un post dans lequel il parle d'une partie de cash game disputée aux blindes 1500-3000$ où chaque joueur peut décider de la variante qui sera jouée lors d'un tour complet. Daniel Negreanu et consorts peuvent choisir parmi 11 variantes de poker... et il ne faut pas se tromper puisque les meilleurs sont là.
Phil Ivey, Doyle Brunson, Gus Hansen, Patrik Antonius, Jennifer Harman étaient ainsi présents ce soir là à Las Vegas. Daniel Negreanu parle d'une partie "qui n'a pas cassée depuis plus de 5 jours" et à laquelle "une trentaine de pros de la ville ont fait des apparitions". Une partie "à l'ancienne, avec des paris à gogo". "Je me souviens du temps où nous faisions des prop bets dans les émissions comme Poker After Dark et High Stakes Poker... cela pouvait être perturbant pour les spectateurs et cela amène encore de la confusion aujourd'hui", explique le Canadien avant de nous raconter une main de Stud ou Phil Ivey l'a obligé à passer deux paires :
Quelques joueurs sont en pause, nous sommes trois à jouer pour quelques instants. Phil Ivey doit mettre son bring-in de $500 avec le 3♠. Gus Hansen relance avec un A♣. Je découvre (7x7x) et avec mon 4♥ apparent je décide de 3-bet Gus. Gus va relancer la totalité de ses As dans cette situation et ma paire est souvent devant. Phil Ivey me revient dessus et fait folder Gus. Je paye.
Avec la sur-relance d'Ivey, il a souvent une paire en main (les deux cartes privatives, ndlr). Quand vous savez que votre adversaire à une paire faite, vous obtenez la chance de voir s'il fait deux paires jusqu'à la 6e stret et vous pouvez jouer parfaitement en dépit du fait que vous êtes souvent derrière. Mon plan c'était donc de ne pas folder à moins que Phil fasse une paire ouverte (la 4e, 5e et 6e carte que le joueur reçoit est visible par son adversaire, ndlr).
Phil prend une Q♦ alors que je tire un 6♦ sur la 4e street. Pas la plus mauvaise carte du paquet pour moi puisqu'il ne me manquait plus que deux cartes pour faire quinte. Il mise, je paye et à la 5e street, voilà ce que nous avions.
Phil Ivey: | XxXx | 3♠Q♦J♣ |
Daniel Negreanu: | 7x7x | 4♥6♦4♣ |
Ce 4♣ est une super carte pour moi donc je mise en pensant que Phil va payer ou rendre ses cartes au croupier. Faire une paire avec sa door card représente beaucoup de force car il est probable que vous puissiez avoir fait brelan... mais à ma grande surprise , Ivey a relancé !
Daniel Negreanu ne laisse pas longtemps le suspense et explique son fold en détail. "Je ne sais toujours pas si Ivey était devant et je ne vais jamais le savoir c'est clair. Ce que je peux dire avec un peu plus de recul c'est que je pense que mon fold était prématuré et ma main méritait au moins de tirer la 6e street", termine le Canadien avant de se plonger dans un vieux souvenir.
High Stakes, Low Chips
Daniel Negreanu nous raconte la soirée qui a suivi la fin d'un tournoi à San Diego. Une petite partie entre amis avec des joueurs du calibre de Chip Reese et Johnny Chan.
Un cash-game aux blindes 4000-8000$ se met en place. Gros problème, personne n'a ramené de mallette de jetons pour jouer à ces limites... et personne n'a pris autant de cash pour éventuellement recaver ou poser 300 blindes sur la tables. Nous avons donc décidé de jouer avec des jetons de 1$ et de faire les comptes à Las Vegas. Cela nécessite beaucoup de confiance et je ne crois pas que j'ai entendu un truc pareil arriver depuis.
Au petit matin, après 12 heures de jeu, Daniel ne joue plus qu'en compagnie de ses potes Phil et Gus. La partie de 8-Game est folle malgré un big bet cappé à 100 000$. "Les swings étaient énormes et très rapides", précise Negreanu qui va finir par perdre une somme à 7 chiffres pour la première fois de sa carrière. Mais le Canadien aura au moins enrichi son vocabulaire.
"Sur les coups de 8 heures, Phil me regarde et me dit, "tu t'es cassé la cerise, hein ?" Je ne comprenais pas ce qu'il me disait et je lui demande d'être plus clair. "Tu as atteint Beantown (littéralement la ville du haricot, ndlr). C'est la première fois que tu perds un gros haricot ?" Je n'étais toujours pas sûr de comprendre quand ça m'est tombé dessus, j'étais perdant de 1,3 million alors qu'il avait un grand sourire. Je crois donc qu'un "gros haricot", c'est un million... C'est bon à savoir"
La fin des haricots pour le KidPoker ? Pas vraiment puisque le Canadien a su resté positif. "J'ai absolument dégusté cette bataille. Nous avons finalement joué plus de 24 heures et j'ai eu le droit à un rush tardif qui m'a permis de prendre la totalité du pot cappé en PLO, deux fois de suite alors que nous étions tous les 3 concernés par l'action. Cela m'a permis de sortir de mon trou", termine Negreanu à propos de cette nuit "surréaliste".
"Je sais qu'Ivey a le même sentiment que moi (à propos de cette nuit). Il m'en parle régulièrement comme une des nuits les plus fun où il a joué au poker. Avoir gagné une fortune a joué un rôle dans la création de son souvenir mais il y avait quelque chose en plus. [...] C'était spécial et cela restera toujours collé à moi [...] Trois jeunes taureaux en pleine bataille pour des millions dans un petit casino à l'écart de San Diego... avec des jetons de 1$. Je ne crois pas me souvenir aussi nettement d'une autre session de cash-game comme celle là", finit le Canadien qui s'amuse " de son retour au grosses tables du Bellagio".
Perdant de 276 200$ après 89 heures de jeu, le joueur PokerStars est toujours dans les clous pour atteindre son objectif de 200 heures de jeu pour un profit de 250 000$ en 2016. D'ici quelques jours il devra mettre cette envie en pause pour se rendre en Europe et participer à l'European Poker Tour. EPT Barcelona is coming !