Mike Leah, La victoire à tout prix
Membre de la franchise GPL des Paris Aviators, Mike Leah est un joueur professionnel canadien fan de hockey et notamment des Maple Leafs de Toronto.
Pas maladroit online, il a aussi cumulé plus de 6,6 millions de dollars sur les tournois de la planète entière. Son spot préféré semble être celui de Niagara Falls puisqu'il y a remporté les trois derniers tournois à 1100 dollars du Canada, battant plus de 3000 joueurs au passage !
Entre les updates de tournois et les GIF d'animaux, Leah c'est le bon mec toujours au top sur la Toile.
Pas de sarcasme, ni de pensées négatives sur le mur du joueur de l'Ontario. C'est pourquoi ce gazouillis nous a interpellé. L'occasion de demander à Mike Leah ce qui le motive au quotidien et ses objectifs.
Le grand oublié des American Awards
Leah habite au nord de Toronto. Le Canadien fait souvent la route vers le Sud pour se rendre au Fallsview Casino, l'établissement des chûtes du Niagara.
Cette fois, il allait disputer un tournoi annexe du festival Fallsview Poker Classic et la distance lui permet de réfléchir et de se préparer pour la partie à venir.
Membre du panel proposant les nominations pour les American Poker Awards, Leah a alors commencé à revoir mentalement le chemin qui l'avait conduit à la victoire lors de ses trois derniers essais.
C'est alors que la puissance de ce qu'il avait accompli lui est apparue. Mike Leah a remporté trois fois le même tournoi en 4 ans, et on ne parle pas d'un field de 50 joueurs avec des débutants puisqu'André Difelice, Evan Jarvis, Manig Loeser ou encore le November Nine Bryan Piccioli ont aussi fait l'argent lors de ces trois succès.
"Je m'attendais à une nomination car je pensais avoir eu une très bonne année. j'étais très fier de cet enchaînement, pas pour la beauté de la statistique mais plutôt pour la constance que cela implique. J'étais donc un peu surpris de ne pas obtenir une nomination", a indiqué le Canadien. "J'étais tout de même loin d'avoir la rage ou un truc du genre", a-t-il ajouté.
Mike Leah a donc retranscrit son état d'esprit sur Twitter après une longue réflexion sur la route. Ce run incroyable sur le side principal du festival a pris fin puisqu'il n'a pas réussi à entrer dans les 175 places payées d'un field de 1,387 entrants lors de l'édition 2018.
Pas démobilisé pour autant, le Canadien était encore en lice la nuit dernière pour le Jour 3 du World Poker Tour Fallswiew Poker Classic à 5000 dollars du Canada l'entrée ! Leah avait le troisième tapis des 20 survivants du tournoi à l'entame du Final Day, en route vers un énorme exploit puisqu'il était encore en course à 8 left.
Les updates du WPT Fallsview Poker Classic
Trophy day in Niagara Falls ##@fallsviewcasino @WPT 20 players left; playing to a winner tonight - I’m currently 3… https://t.co/PMMwSKfQFE
— Mike Leah (@GoLeafsGoEh)
Mike Leah le Grinder
En regardant dans le dictionnaire du poker, il y a probablement une photo de Leah à côté de la définition du grinder. Le Canadien a beau avoir cumulé 40 lignes en Live et réalisé au moins un cash par mois (excepté en mai, ndlr) durant toute l'année 2017, il est loin de se voir comme un forçat du poker, toujours collé à son écran ou aux tables.
"Si ce n'est pas important à mes yeux, je ne vais probablement pas évoluer à mon meilleur niveau".
"Ce n'est pas comme si je grindais non-stop toute l'année. Je ne joue pas la totalité des tournois au programme, je fais une sélection et je choisis ceux qui m'importent. J'ai appris il y a longtemps que si ce n'est pas important à mes yeux, je ne vais probablement pas évoluer à mon meilleur niveau", explique Mike Leah.
Si ce n'est pas pour l'argent, qu'est ce qui fait avancer l'ancien coéquipier de Fabrice Soulier et Alexandre Luneau ? "Je suis un mec qui adore la compétition donc je programme des événements qui vont m'aider à construire un palmarès, gagner un bracelet, une bague ou un leaderboard. Je choisis évidemment les festivals et les tournois où cela s'est bien déroulé dans le passé, notamment la Fallsview Poker Classic", explique celui qui compte 22 succès en carrière, de Las Vegas à Saint-Martin en passant par Enghien-les-Bains, l'Australie et les Bahamas.
To Do List
Leah ne se cache pas, il vise le classement de WSOP Player of the Year depuis quelques années. Il effectuera encore un gros volume à Las Vegas en 2018. En 2017 et en 2016, Mike Leah avait réussi le petit exploit d'emballer des jetons le même jour sur deux tournois différents.
Cette réussite projette l'image d'un joueur "InDansTout. Pour Mike Leah c'est la plus grosse fausse idée que les observateurs se font de lui : "Les gens pensent que je jouent non-stop", avoue-t-il.
Nous risquons bien de revoir Leah multitabler et courir dans les allées du Rio l'été prochain car le Canadien ne va pas écorner le mythe. Le calendrier chaotique des WSOP est unique et le joueur de Toronto ne fait le coureur de fond que deux mois dans l'année. Il prend définitivement une pause avant et après le grand raout annuel des championnats du monde.
Motivation et consistance
Mike Leah a longtemps joué le leaderboard aux WSOP, il ne s'est pas reposé durant l'automne puisqu'il a aussi joué une tonne de tournois durant les WCOOP.
Le Canadien assure qu'il sélectionne avec choix ses tournois pour se donner à 100% et être motivé au maximum. Pas question de prendre un événement à la légère... il faut donc participer à des tournois qui comptent.
Leah attribue sa consistance aux tables à son désir de jouer son A-Game en permanence et au volume qu'il effectue. S'il étudie le jeu, c'est surtout en observant directement ses adversaires de tables.
"Mon envie de bien figurer en permanence m'aide à produire des résultats consistants".
"Mon envie de bien figurer en permanence m'aide à produire des résultats consistants. Evidemment j'analyse le jeu et je l'étudie de temps en temps pour progresser continuellement et pouvoir continuer à me battre. Parfois je discute aussi avec d'autres joueurs, mais, je me répète, c'est surtout de l'apprentissage par moi-même", explique-t-il.
Le désir de gagner et de bien figurer dans le classement de chaque compétition à laquelle il participe est le plus gros avantage que se donne Leah par rapport au reste du field. "Je pense que je veux gagner et que je suis prêt à tout pour atteindre mon but. Probablement plus que d'autres".
La vie hors Poker
Malgré 1 bracelet WSOP et 5 bagues WSOPC, Mike Leah ne passe pas sa vie sur PokerStars en pyjama devant son ordinateur, il n'est pas non plus fourré dans un casino 24 heures sur 24. A quoi ressemble son quotidien de jeune homme ?
"J'affectionne une tonne de trucs hors du poker. Je suis un grand malade de sports, je passe une grande partie de mon temps libre à mater beaucoup de matchs et à participer à des ligues de Fantasy sports. Je vais aussi à la salle tous les jours et je pratique très régulièrement le yoga. Et puis j'adore passer du temps avec mon chien, j'ai aussi une tonne de nièces et de neveux", confesse celui qui ne se voit pas du tout comme un grinder de l'extrême.
Mike Leah surprend son monde quand il annonce son âge. Avant de jouer au poker, il a travaillé 16 ans dans la vente : "J'ai 43 ans et je reste un peu immature, c'est donc plutôt facile de comprendre pourquoi les gens sont surpris quand ils apprennent que je suis aussi vieux", rigole le Canadien qui évoque ensuite ses objectifs de vie.
"Je veux juste continuer à simplement m'efforcer de maintenir un bon équilibre. Continuer à prendre du temps pour les choses qui me plaisent. Partir en vacances. Passer du temps avec ma famille. Aller à des événements sportifs sympathiques et voir des concerts. Simplement profiter des bonnes choses que ma carrière et mes succès m'ont permis", indique Leah.
WSOP 2018
A quelques mois des World Series Of Poker, la série n°1 du monde du poker est déjà dans un coin de la tête de Mike Leah. "Pour moi les WSOP c'est de manière basique une partie de poker qui continue tous les jours. Dès que je saute d'un tournoi, je passe au suivant. Je vais sûrement multitabler plus au début qu'à la fin du festival. Après, si je suis en piste pour le Player of the Year, je jouerais encore un peu plus mais il n'y aura presque aucun changement car je joue déjà presque tout ce qu'il est possible", raconte le Canadien, pas effrayé par sept semaines de poker.
"Mon plus gros challenge à Las Vegas c'est de ne pas penser au programme qui vient ensuite, ni d'anticiper le tournoi suivant. Il faut que je sois uniquement concentré sur ce que je joue car il y a toujours un tournoi excitant qui arrive et cela peut être dérangeant", ajoute celui qui se définit plus par sa capacité de concentration et son envie de remettre le couvert, encore et encore.