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Vidéo : Dans les coulisses d'un pot à 1 million entre Phil Ivey et Tom Dwan

Paul Seaton
Paul Seaton
6 min à lire

Il ya près de dix ans, le Full Tilt Poker Million Dollar Cash Game ne concernait plus que trois joueurs, les trois légendes Phil Ivey, Tom Dwan et Patrik Antonius. La suite reste dans la mémoire de tous les fans de poker !

Aux commentaires à l'époque, David Tuchman se souvient avec nous : "C'est devenu le show d'Antonius, Ivey et Dwan, c'était dément; un plan à trois avec ces légendes. J'ai beaucoup de chance d'avoir été là".

"Nous avons fait l'émission un peu plus de trois ans, j'ai appris beaucoup de choses sur le poker et la production d'émissions. J'étais dirigé par Martin Turner qui ne connaissait rien au au poker, il venait du rugby et de Sky Sports. Un super mec qui m'a aidé avant de partir vers la Formule 1", ajoute Tuchman.

Phil Ivey versus Tom Dwan

Million Dollar Cash Game Set-Up

Ce que l'on ne voit pas dans l'émission, c'est la durée de l'enregistrement et de la session : "Cette année là en particulier cela pouvait durer 24 heures de suite, je me réveillais d'une sorte de rêve en me disant 'wow, j'ai commenté 20 des dernières 24 heures' - C'était incroyable".

"Full Tilt ramenait ses pros pour participer à l'émission mais ils n'étaient pas tous spécialistes du cash-game. Tu te rendais vite compte des gens en contrôle, confortable et ceux qui n'avaient pas l'habitude d'avoir autant d'argent devant eux. Bref la partie se réduit, il y a de moins en moins de joueurs à la table. Et cela devient le Patrik Antonius, Tom Dwan & Phil Ivey show", poursuit Tuchman

Qui n'a jamais rêvé d'assister à une session entre Johnny Moss et Doyle Brunson ? Ce cash game permettait un plongeon dans l'élite du poker. Tuchman nous en raconte l'envers du décors.

"La partie n'était pas retransmise en direct en live streaming mais nous avons filmé dans les conditions du direct, c'est la raison pour laquelle j'ai participé car j'avais l'habitude de cet exercice grâce à Live at the Bike. C'est ce que voulait FullTilt, je pense que cela limitait les coûts car éditer le programme puis refaire des voix par-dessus en post-production est beaucoup plus onéreux".

Le trio se bat donc depuis des heures et le pot d'une vie arrive avec Robert Williamson III et David Tuchman aux commentaires. "Chaque main était énorme, personne ne se cachait,cela jouait à fond. Il n'y a que trois joueurs et dans mon oreille Turner me dit de la fermer avec son accent british à couper au couteau. Et LA main arrive enfin, du néant. Le flop arrive et Ivey a hauteur Ax dans un pot head's up, il a une ventrale pour la quinte, il ne va jamais passer. Dwan a des cartes au dessus et une gutshot pour les nuts, il ne va pas abandonner non plus. De mon côté j'avais l'habitude de jouer à ce jeu où tu choisis la 'carte de la mort', celle qui va provoquer un carnage et je déclare donc 'si un 4x pas de trèfle tombe...'

Cette carte magique (pour les téléspectateurs) est déballée par le croupier. La gin card provoque un "Oh my gosh" des deux commentateurs.

"Le bain de sang est proche, nous étions en direct mais nous savions que c'était pour la télé donc pas le droit de jurer. J'aime employer des mots vulgaires mais si mon cerveau criait 'holy fuck!' c'est un 'oh my gosh' qui est sorti. C'est une phrase que je n'utilise jamais, je pense que c'est la seule fois de ma vie que j'ai dit cela et maintenant c'est devenu un classique du poker", raconte Tuchman à propose de ce moment incroyable capté par les caméras.

Le temps d'apprécier le moment était venu : "C'est ce que Turner m'a appris. Plus les images sont ennuyeuses, plus il faut y mettre de l'animation, s'exciter aux commentaires. Mais il y a des moments qui parlent pour eux même. Il faut laisser le jeu respirer. J'ai donc couvert le micro de mon partenaire, coupé le son en lui disant 'ferme-là'. Nous savions ce qui allait se passer, il fallait regarder simplement et profiter du moment, le sentir".

Phil Ivey perd la main et un pot de 1,1 million de dollars termine sa course dans les poches de Tom Dwan. Le plus gros pot de l'histoire du cash-game à la télévision : "Cette excitation. Quelle chance d'assister à cela. Ivey portait un t-shirt FTP d'ailleurs et c'est ce moment qu'a choisi un assistant de la production pour aller le voir pour tenter de faire disparaître le logo ou mettre du scotch. Ivey n'était pas content du timing évidemment, il a râlé et lâché un 'vous n'auriez pu choisir un pire timing'", continue Tuchman qui a continué à suivre la carrière des deux hommes avec attention.

Phil Ivey versus Tom Dwan

"J'ai revu les deux joueurs à plusieurs reprises mais nous n'avons jamais reparlé de cette main. Je n'ai pas envie de me prendre une claque de Phil... tu imagines j'arrive et je lui dis 'c'était génial de commenter ce moment, comment tu t'es senti quand tu as perdu ce pot énorme ?' Ivey était déjà une légende quand ce pot s'est déroulé. C'était l'homme mystère du poker, un joueur parlant peu mais avec des pouvoirs extraordinaires à la table. Ivey était ce que nous avions tous rêvé d'être".

"Chaque fan a entendu parler de sa fausse carte d'identité pour jouer à Atlantic City, le surnom No Home Jerome... Quand vous pensiez à Ivey, et malgré son jeune âge, vous le considériez comme un sage. C'est évident que Phil Ivey pense la vie, le jeu de poker et le monde d'une façon différente du commun des mortels. Il a une intelligence à un niveau que la plupart d'entre nous, et probablement lui-même, a du mal à comprendre ou à articuler".

Fan confirmé d'Ivey, Tuchman admire aussi Tom Dwan. "J'étais tombé en amour avec Tom Dwan; c'était Mickey Mantle. Il avait émergé du poker online, c'était une force nouvelle, un joueur en train de devenir un homme mais qui prenait le monde du poker de force. Il jouait sur Internet sans peur, avec de la folie, de l'agressivité... c'était le porte-parole d'une nouvelle génération de joueurs. Son style avait aussi énormément de variance et probablement que 99% des joueurs avec ce style ont terminé broke. Un seul a déjoué les statistiques pour devenir Tom Dwan".

"Shaun Deeb m'a dit un jour que s'il n'avait pas bien run les six premiers mois où il avait débuté le poker, il n'aurait jamais continué 'J'étais nul mais j'ai eu de la chance comme Dieu, j'ai fait une tonne d'argent... et puis j'ai appris à jouer'. Cela me fait penser à Tom Dwan. Le mec avait tirage contre brelan et frappait. La confiance s'est ajoutée, la bankroll s'est construite et une légende est née. C'est compliqué de jouer contre un homme comme cela car tu as l'impression de jouer contre un joueur qui a trois cartes. Ca fait peur".

"Après nous ne connaissons jamais vraiment ces acteurs, joueurs de poker et ces athlètes. Nous avons le jugement facile à la télévision", tempère Tuchman. Si des milliers de fans ont commenté la main, le duo n'a en effet jamais évoqué ce moment légendaire du poker moderne... un moment à déguster sans modération.

Phil Ivey versus Tom Dwan
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