Stratégie Poker - Gérer votre image (II)
Il est important de maîtriser son image à une table de poker. S'agissant de cette image, l'historique récent du jeu est souvent bien plus important que l'histoire entière d'une session.
Vous jouez contre des adversaires pour un temps limité. Regardez donc autour de la table de poker la prochaine fois que vous jouez. Vous être peut-être assis face un joueur que vous n'avez jamais joué. Tel autre joueur ne fait pas attention à vous. Un troisième vous connaît sans doute parfaitement, jouant avec vous depuis des années. Deux autres joueurs sont peut être si distraits par une conversation, par l'alcool qu'ils n'ont rien remarqué à propos de votre jeu.
Chaque joueur aboutira à sa propre conclusion à votre sujet et au sujet de votre style de jeu au sens large. Même les bons joueurs de poker ont tendance à avoir une mémoire très limitée lorsqu'il s'agit de leurs adversaires.
Considérez la situation suivante.
Vous êtes en général un joueur très serré et agressif, relançant quand vous pensez être devant, jetant quand vous avez rien ou presque, et chassant seulement lorsque vous avez une cote. Vous savez que vous ne jouez pas comme cela 100% du temps, mais en général cette stratégie définit votre jeu. C'est votre image.
Cependant, vous touchez trois mains inhabituelles en l'espace d'environ 15 minutes. Elles ont toutes engendré le schéma que je vais décrire ci-dessous :
Vous étiez en position tardive par rapport au bring-in avec (77)A en 7Stud. Le bring-in est l'ouverture obligatoire faîte par le joueur ayant ayant la plus petite carte visible. Les joueurs avant vous se couchent. Vous avez relancé pour voler les « ante » et vous avez été uniquement suivi par le bring-in qui avait un 2. Sur la « fourth » et la « fifth street », vous avez tiré dans l'ordre un Roi et un Valet, et vous avez misé à chaque fois que votre adversaire ne semblait rien avoir. Vous espériez l'avoir convaincu qu'avec votre tableau AKJ, vous aviez au moins une paire premium. Mais il a suivi chacune de vos mises.
Sur la « sixth street », vous touchez une Dame. C'était aussi votre troisième trèfle exposé. Votre adversaire a touché un deuxième 8, pas sur sa carte fermée. Il était fort sur le tableau et a fait parole. Vous avez misé, espérant désespérément que la combinaison de vos trois cartes assorties, vos quatre cartes pour la suite et sa faiblesse (marquée par son « check ») le convaincraient de se coucher. Il ne l'a pas fait et a suivi.
Au final sur la rivière, vous n'avez rien amélioré. Il a fait parole. Vous avez réalisé qu'avec sa paire de 8 contre votre paire de 7, le seul moyen pour vous de gagner ce pot était de miser. Vous vous rendez compte qu'il y avait environ huit grosses mises dans le pot. Même s'il s'était couché uniquement 15% du temps ou vous avez misé sur la rivière, votre coup aurait été profitable. Donc vous misez en bluffant sachant que votre seule chance de gagner était qu'il se couche.
Il fait une pause pendant un moment et vous a suivit. Zut. Vous avez chacun montré vos mains et il a gagné seulement avec une paire de 8. Terrible !
Comme je l'ai déja dit , il y avait deux autres mains pendant ces 15 minutes qui se sont jouées de la même façon. Cette série d'évènements inhabituels a un impact bien plus large. Cela a affecté votre image dans les esprits de quelques uns de vos adversaires.
Les joueurs qui ne se souviennent pas de votre jeu antérieur ou qui n'ont pas vu votre coup sont désormais convaincus que vous êtes un joueur faible, un bluffer désespéré. Ils n'ont pas bien analysé la main dans leur esprit. Inutile. Ce qu'ils ont vu et ce dont ils se rappelleront est assez simple. Vous avez poussé une petite paire jusqu'à la rivière pour perdre à l'abattage. Que c'est étique. Ce n'était pas un coup isolé dont ils ont été témoins. C'était la façon dont vous avez joué, l'ayant fait pas une seule fois mais trois.
Votre image dans leur esprit était celle d'un joueur perdant et étique. Le fait que vous vous sachiez bien meilleur que ce que ces mains atypiques ont montré était hors de propos. Vous devez reconnaitre votre image telle qu'elle apparaît. Peu importe si elle ne reflète pas vraiment la représentation que vous vous faites de vous même. Ce n'est pas le résumé d'une évaluation que vous pouvez contester auprès de votre supérieur. C'est un coup instantané qui n'a pas de recours.
Le joueur de stud à succès doit être capable de reconnaitre ce qu'est son image en réalité, afin de l'utiliser à son avantage. Il doit être suffisamment flexible pour reconnaître qu'elle change à la fois dans le temps et d'un joueur à l'autre. Vous devez vous adapter.
Avant de devenir fou, il faut admettre que la plupart des situations à la table de poker ne nécessite pas une prise en compte de votre image. 75% du temps ou plus, vous allez jeter vos trois cartes de départ car elles ne sont pas jouables sans tenir compte de votre image. De la même façon, votre main se jouera agressivement ou passivement sans se soucier de votre image, ceci étant strictement basé sur les cartes que vous avez et les cartes que vous voyez.
En général, la notion d'image entre en jeu uniquement lorsque vous vous retrouvez face à des sortes de « close calls », des coups difficiles, lorsque la motivation de votre adversaire doit être évaluée avant que vous ne décidiez de votre action de mise. Mais bien que ces situations n'arrivent pas fréquemment, elles sont très importantes lorsqu'elles se présentent. Les jouer correctement peut faire la différence entre une session gagnante et une session perdante.
La prochaine fois, j'analyserai quelques exemples de comment vous devriez prendre avantage de ces situations de jeu lorsqu'elles se présentent.
NDR: téléchargez Titan Poker et profitez de 50$ de bonus