Cash Games Poker – Comment lire le jeu adverse : exemple
Je me souviens avoir vu quand j'étais un enfant des publicités pour des lunettes à rayons X. C'était une photo de ce type qui portait des lunettes de soleil et regardait une femme qui lui apparaissait totalement nue. C'est exactement le genre d'image qui excite l'imagination d'un enfant vulnérable de 12 ans.
Je n'avais pas assez d'argent à ce moment là pour me laisser tenter et envoyer les 1,95$ nécessaires pour obtenir les lunettes. Et pour être honnête, mon grand-père (qui m'a aussi appris le poker) m'a enseigné la prudence à l'égard des publicités. Mais mon imagination était toujours enflammée. Quels seraient les avantages d'avoir de vraies lunettes à rayons X ! Il s'agissait de raisons purement salaces mais aussi plus lucratives, comme par exemple à une table de poker.
Bien entendu, il n'y a rien de tel que des lunettes à rayons X pour dévoiler les cartes de vos adversaire. Il existe cependant des techniques de lecture des cartes qu'un bon joueur peut apprendre et qui peuvent avoir le même effet.
Prenons quelques exemples de situations qui ont souvent lieu à une table de stud. Je présenterai un premier exemple dans cet article et un autre dans l'article suivant. Dans ces exemples, vous pouvez trouver quelques outils qui peuvent vous aider à deviner ce que possède votre adversaire. Dans un sens, ce sera comme porter des lunettes à rayons X.
Vous avez une « split pair » de Valets avec un 7 comme « kicker ». Le « bring in », à votre droite immédiate, apporte la mise obligatoire de 5$ dans cette partie à 20/40$. Vous êtes vus comme un joueur relativement serré, certainement pas sauvage. Les joueurs à votre gauche ont, dans l'ordre, un Roi, une Dame et un 9. Il y a quelques cartes plus faibles entre eux. Votre relance est suivie tout d'abord par le Roi (un joueur très lâche et passif) et ensuite le 9 (un joueur serré agressif comme vous, mais contre lequel vous n'avez pas souvent joué). Tous les autres joueurs, y compris le « bring in », se couche face à votre relance. Trois d'entre vous voient la « fourth street ».
Le Roi obtient un 4 assorti, le 9 un As non assorti et vous obtenez un 6. L'As fait parole. Vous suspectez que vous êtes encore devant donc vous misez avec votre paire de Valets. Le Roi, vérifiant ses cartes, suit. L'As relance, il fait un « check-raise ». Vous réfléchissez.
Ce serait le bon moment d'avoir des lunettes à rayons X, non ? Que voyez-vous ? Pouvez-vous discerner les cartes ? Je peux.
Il a un As ferme. Soit il a touché deux paires, s'il y a un 9 parmi ses cartes, ou bien une paire d'As. Vous ne pouvez pas discerner l'autre carte mais vous êtes sûr que l'une de ses cartes est un As.
Comment puis-je le savoir ? Bien, je ne sais pas vraiment. Je n'ai pas vraiment de lunettes à rayons X bien sûr. Mais ses actions ont dévoilé sa main. Réfléchissez-y. Que peut-il avoir d'autre ?
Revenons sur la « third street ». C'est un joueur serré la plupart du temps. Pourquoi suivrait-il votre relance, quand un Roi a aussi suivi ? Il lui aurait fallu quelque chose pour vous dépasser sur la quatrième carte. Il aurait certainement voulu tirer un As. Et il le tire sur la « fourth street » d'où le « check-raise ».
Pourrait-il vous faire un coup de bluff ? Bien sûr, c'est possible. Mais c'est hautement improbable et le poker est un jeu de probabilités pas de certitude. Contre deux adversaires, il y a peu de chances qu'il bluffe en comparaison d'un face à face avec vous. En face à face, il pourrait tenter de prendre le pot en pensant que vous pourriez vous coucher face à son agression. Mais avec le troisième joueur dans le coup, un joueur lâche, il y a peu de chances que ce soit un bluff. Va-t-il pousser deux joueurs à se coucher pour une mise après qu'ils aient déjà chacun misé dans le pot sur la « fourth street » ? Encore une fois, c'est possible, mais il y a peu de chances.
Peut être pensez-vous encore à suivre ? Regardez les cartes de votre autre adversaire. Vos lunettes à rayons X ne marcheront pas aussi bien contre lui. Il est lâche et passif rendant ses cartes plus dures à lire. Malgré tout, il a jeté un coup d'œil furtif à ses cartes après la « fourth street » quand il a touché sa seconde haute carte assortie. Vous rappelez-vous de ce qu'il a fait ?
Il a jeté un rapide coup d'œil. Pourquoi ? Il s'agit souvent d'un bon indicateur qu'un joueur vérifie si l'une de ses cartes fermées est assortie à la couleur de ses deux cartes ouvertes. Il s'en serait souvenu si ses trois cartes étaient de la même couleur. Il serait sur un tirage couleur et il s'en rappellerait. De la même façon, s'il avait une paire fermée, il s'en souviendrait certainement aussi. Il y aurait donc peu de chance qu'il vérifie s'il avait touché le brelan. Etant donne qu'il n'a pas sur-relancé votre main sur la « third street », il est peu probable qu'il ait commence avec une paire de Rois et qu'il ait fait parole pour deux paires. Soit il possède deux cartes hautes et une « 3-flush », soit peut être une paire fermée avec un Roi en « kicker » et une « 3-flush ».
Quelles sont donc vos chances de gagner le coup si vous restez jusqu'à la rivière quand vous avez une paire de Valets avec un 7 et un 6 contre un adversaire avec une « 3-flush » et deux cartes supérieures et un autre adversaire qui a une paire d'As ? Vous allez gagner, en moyenne, moins d'un tiers du temps (environ 29,5%). Et si votre adversaire lâche avec le Roi a commencé avec une petite paire fermée et a maintenant une 3-flush qui va avec, vous êtes encore moins bien (environ 24%). Ces probabilités ne justifient pas de suivre. Sachant ce que vous avez vu des cartes de vos adversaires, votre meilleur coup est probablement de jeter.
Votre réflexion est votre substitut pour les lunettes spéciales des bandes dessinées. Essayez-la la prochaine fois que vous jouerez. Vous pourriez trouver l'exercice très révélateur.
NDR: qualifiez-vous pour les WSOP sur Everest Poker