Légendes du Poker : Stu Ungar
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Considéré comme le plus grand joueur de No Limit Hold'em de tous les temps, Stuart Ungar n'est pas né champion de poker, mais avec un don : cette capacité infaillible de sentir la faiblesse de ses adversaires et le bon moment pour prendre un risque élevé et calculé.
Stu est né le 8 septembre 1953 et a grandi dans le « Lower East Side » à Manhattan. Au coin de la rue où sa famille habitait, le père de Stu tenait un bar et un grill. On y trouvait de la nourriture, des boissons et de nombreux paris entre les clients. Stu a appris jeune ce que signifiait le mot « juice » sur un pari sportif, et aussi ce que cela signifiait quand vous alliez dans la rue pour un obtenir un crédit.
Sa mère était une joueuse de poker invétérée, et pendant les vacances dans les « Catskill Mountains », Stu s'essaya contre le staff de l'hôtel. A 10 ans, la mémoire visuelle de Stu a payé pour la première fois quand il gagna un tournoi de gin dans la station de Catskill.
Stu avait 13 ans quand son père est mort, et il n'avait pas envie d'aller au lycée. En fait, il y allait de temps à autres, mais la plupart du temps, il jouait aux cartes et participait à des paris sportifs, y compris des courses. Dans les clubs privés de New York, on pouvait le trouver en train de jouer ou de distribuer des parties de poker. Son jeu au gin était si bon qu'il arrivait souvent à gagner des parties dans les country clubs locaux, ou sa carrure (1.67 m pour 45.3 kg) n'a jamais fait peur à ses adversaires. Cependant, sa technique était si géniale que les parties se vidaient toujours en définitive.
Pendant ce temps, Stu dépensait la plupart de ce qu'il gagnait aux cartes sur des paris sportifs. En fait, il dépensait plus que ce qu'il ne gagnait, redevable aux bookmakers de sommes souvent significatives.
En 1976, Stu a pris la route de Las Vegas dans l'espoir de trouver des joueurs de gin qui ne connaissent pas ses talents et de garder au loin les bookmakers à qui il devait plus de 20.000$. Avec ses derniers 1.500$, Stu s'est inscrit à un tournoi de gin et l'a remporté, empochant 50.000$. Il n'avait que 23 ans, mais à la fin de l'année, il n'y avait plus de parties de gin pour lui et ses chances de pouvoir jouer au black-jack étaient quasi nulles car les casinos ne voulaient plus en entendre parler. Il faut dire que ses 80.000$ de gains au Caesars Palace ne plaidaient pas en sa faveur.
Il ajouta 100.000$ à son budget en pariant à 10 contre 1 avec Bob Stupak (propriétaire du casino "Vegas World" à Las Vegas) qu'il pouvait compter les cartes des 3 jeux restants d'un sabot de 6 jeux. Il fut capable d'énumérer les 156 cartes restantes. Son argent fut dépensé en une semaine.
Stu dépensait son argent en alcool, avec les femmes, et en drogue. Il pariait sur tous les sports même sur ses propres parties de golf où il était bien moins bon que des joueurs comme Doyle Brunson, Puggy Pearson ou Jack Straus. Il commença alors à réellement se concentrer sur le poker. C'était sans aucun doute une bonne idée car lors de son premier pari lors d'une partie de golf, il perdit plus de 75.000$ face à Jack Strauss… sur le « putting green », avant même le premier tee.
Stu n'était pas le favori dans les parties de poker qui comprenaient des champions locaux, mais il avait suffisamment appris le jeu pour être compétitif. Dans les tournois de No-Limit, Stu n'avait pas peur. Absolument pas peur !
Stu était suffisamment confiant pour s'inscrire à quelques tournois lors des World Series of Poker de 1980. Après avoir survécu au premier jour, Stu attaqua le second avec 21.000$ en chips et se trouvait 12ème sur les 50 joueurs restants. A la fin de la journée, Stu était deuxième avec 92.000 chips. A l'amorce du troisième jour, le chip leader était Gabe Kaplan, se trouvait également à la table finale Johnny Moss et Doyle Brunson.
Aux environs de 18 heures, Stu suivit une mise à tapis de Richard Clayton avec A-Q et il l'emporta avec sa paire de 9. A ce stade de la partie, il ne restait que six joueurs. Stu avait changé de place avec Gabe Kaplan. Plus tard, Kaplan floppa un brelan de 4 et s'est retrouvé à tapis pour perdre une main face à Johnny Moss qui toucha sa couleur sur le turn. Moss est ainsi remonté à la seconde place, mais avec deux fois moins de jetons que Stu.
Le jour suivant, Stu et Doyle se retrouvèrent pour un tête à tête final et la dernière main arriva. Stu avait environ 110.000 jetons de plus, ils jouaient pour un pot de 17.000. Sur un flop A-7-2, Doyle toucha une double paire A-7 et misa 10.000$. Stu suivit avec 4-5. Le turn amena un 3 qui donnait une suite pour Stu. Il fit une mise de 40.000$ s'attendant à ce que Doyle relance et il ne fut pas déçu. Doyle relança à tapis mais ne put améliorer sa main et Stu devint le champion 1980 des World Series Of Poker, remportant 365 000$.
Après la finale, Doyle déclara : « Stu me rappelle Puggy Pearson jeune, un naturel. Il fait les choses naturellement et elles vont dans son sens. Il sera le plus grand joueur de tous les temps. » C'était osé après les WSOP 1980, mais les mots de Doyle ont sonné vrai, l'année suivante Stu a une fois de plus remporté le championnat du monde. Il gagna également le championnat WSOP « Deuce-to-Seven Lowball » en cette année 1981.
Au fil des ans, Stu continua à combattre son addiction à la drogue, mais gagna aussi un total de 10 tournois majeurs sur les 30 auxquels il participa. Cela inclut le "Super Bowl of Poker" qu'il remporta en 1983, 1988 et 1989. Dans les années 1990, soit Stu était fauché, soit il jouait toutes les parties que son budget lui permettait.
En 1997, il entra dans le championnat a 10.000$ WSOP alors que, comme il le disait lui même, « quatre jours auparavant, personne ne voulait me parler. » Il se raconte que Billy Baxter (un joueur pro local et un bon ami) lui aurait prêté l'argent. Peu importe l'origine de cet argent, c'était toujours mieux que les 20$ dépensés pour un tournoi local un mois avant au casino Orleans.
Dans un show incroyable d'agression, d'instinct et de force, Stu remporta le Championnat du monde WSOP 1997 dont la table finale se jouait en extérieur sur "Fremont Street". La température dépassait les 38 degrés. La scène était ventilée, mais il faisait tout de même très chaud et le style ultra-agressif de Stu augmentait la température ambiante.
L'énorme prix d'1 million de dollars était dépensé avant la fin de l'année, mais Stu signa un arrangement avec son ami de longue date Bob Stupak lui permettant de régler ses dettes. Bob lui donna également 2.000$ en cash mais cela devait être la dernière fois qu'il le verrait. Il n'y aurait pas de nouveau départ.
Stu Ungar est mort à l'âge de 45 ans perdant sa longue bataille avec la drogue, mais gagnant le respect et l'admiration de presque tous les joueurs à gros enjeux qui ont joué avec lui dans un tournoi de No-Limit. Stu aura gagné au total 5 bracelets WSOP et plus de 2.000.000$ de gains. Il nous manque.
Stu Ungar