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Daniel Dodet, joueur de poker live : "Ma force ? c'est le Read et la Cote"

5 min à lire
Daniel Dodet, joueur de poker live :

Troisième meilleur joueur belge de poker en terme de gain accumulés (359.633$), Daniel Dodet parcourt l'Europe pour participer aux tournois internationaux et aux tables de cash games des grands casinos. Parmi les plus belles performances du joueur de 44 ans sur le circuit pro des tournois internationaux, on peut citer une table finale en 2006 à l'EPT Baden où il termina à la quatrième place. Pur joueur de poker Live, Daniel Dodet vient d'intégrer l'équipe professionnelle de la salle RedKings Poker. Interview.

Pokernews : "Quel distinguo faites-vous entre les joueurs live et les joueurs online ?"

Daniel Dodet : "Il existe une forte dominante des mathématiques et de l'agressivité dans le jeu des joueurs en ligne. L'importance d'être devant ou derrière au niveau des cartes est mineure. La lecture des mains est moins présente chez eux. Les joueurs online sont plus préoccupés par le "squeeze" et le "fold equity" avec des relances et sur-relances par exemple. La force des joueurs live, c'est à dire ma force à la table, c'est le "read" et la cote. Elle réside dans la lecture des mains de mes adversaires et la stratégie du respect de la cote financière d'une main. Je peux payer sur une quatrième carte du tableau si je sens que je suis devant.

Pokernews : "Comment gérer vous cette différence en tant que joueur live ?"

DD : "J'ai moins de respect désormais pour les relances de ce type de joueurs venus de l'internet. Lorsque je me trouve engagé dans un coup, je peux mieux le gérer en fonction du style du joueur, online ou live. Mon jeu et mon comportement seront différents contre un jeune Suédois venu de l'internet et un vieil Américain pilier des casinos live."

Pokernews : "Comment jugez-vous le jeu généré par les joueurs online?"

DD : "Je suis épaté par leur jeu. Ils font des choses jamais vues auparavant : relance, sur-relance, sur-sur-relance en bluff. C'est merveilleux. Il faut avoir du courage pour être très agressif. D'un autre côté, il y a le fait de monter vite des jetons, et il y a le fait de gagner au final. Les joueurs online montent vite de gros tapis, ils jouent leur tournoi sur un move, mais ils peuvent être

souvent sortis après deux niveaux. Lorsqu'ils sont dans le top 3 une fois par an, ils sont contents. Les joueurs live, c'est le contraire, ils montent moins vite, mais sont souvent payés. C'est une claire différence d'état d'esprit."

Pokernews :

"Les joueurs online sont ils aujourd'hui meilleurs

que les joueurs live ?"

DD : "Les gens du online disent aujourd'hui qu'ils sont les meilleurs,

qu'ils apprennent plus vite, voient plus de mains... On ne peut pas

tout remettre en cause, remiser au placard les joueurs formés au live. C'est un peu facile. Quand j'entends que Phil Hellmuth est un joueur dépassé, je n'aime pas cette attitude. Il est encore là, il a gagné un nombre record de bracelets aux World Series. On sait que le poker se joue sur le long terme. On peut avoir des résultats fabuleux pendant un an et ne plus rien faire du tout l'année suivante, s'écrouler. Lorsqu'il faut choisir et prendre parti pour un joueur, je suis toujours derrière un joueur du live. Je suis content de voir que Durrrr peut tout de même avoir du mal face à des joueurs venant live, contre Antonius par exemple. Antonius a un jeu varié et illisible. Il y a des joueurs exceptionnels sur Internet, mais pour ma part, l'arrogance de certains joueurs online peut parfois me déranger, surtout ceux qui n'ont pas encore de palmarès live."

Pokernews : "L'équipe Red Kings Poker est à dominante scandinave. Comment expliquer le succès spécifique des joueurs scandinaves ?"

DD : "Le style des nouveaux joueurs scandinaves est très, très

agressif. Ces joueurs sont aussi très présents sur le circuit, ils y

sont venus en masse, une armada de jeunes joueurs norvégiens et

suédois, en jouant souvent des tournois à 10.000$ de buy-in sans la

pression de l'argent. Les joueurs scandinaves ont une culture commune,

ils sont très liés et très soudés. A l'inverse, en Belgique comme en

France, quand un joueur a des résultats, ce n'est pas la même manière

d'aborder les choses. Il y a énormément de jalousie. Mais cela est en

train de changer. Prenez par exemple l'équipe franco-belge

Winamax, elle a des résultats. Nous faisons de même chez RedKings

Poker."

Pokernews : "Les joueurs belges changent-ils aussi ?"

DD : "La situation en Belgique est encore très particulière. Les joueurs de poker ne sont pas reconnus en Belgique. Je ne joue plus en Belgique, en tous cas en tournoi. Je travaillais dans les assurances à Liège et lorsque je me suis fait connaître par mes résultats, mon employeur m'a demandé en 2006 de choisir entre le poker et mon activité professionnelle. Le jeu et mon métier n'était pas compatibles au niveau de l'image. J'ai dit "ok", j'ai choisi, je suis parti. Et je peux vous dire que de nombreux joueurs sont dans le même cas. J'ai aussi lors des World Series 2008 été filmé pour une émission télévisée sur le poker. Je me suis fait piégé. Les commentaires des journalistes ont été cassant et le reportage était accompagné d'un autre sur une descente de police dans une salle de jeu illégale. Bon, il faut dire aussi que la popularité du poker est vraiment phénomène nouveau en Belgique. Le poker se développe depuis les années 2006-2007. Cela devrait donc évoluer comme partout ailleurs."

Pour clôturer le débat joueurs online / live, Daniel Dodet vous donne rendez prochainement sur RedKings Poker pour un tournoi avec un bounty sur sa tête.

TV Pokerstars - Table finale ETP Baden 2006 - Daniel Dodet


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