Patrick Bruel s'invite au tour de table de Winamax
En 2009, les événements s'accélèrent et le futur paysage des jeux d'argent en ligne français est en train de prendre forme sous nos yeux. Dernière annonce en date, qui nous vient de l'édition du 13 mai du quotidien économique Les Echos: celle d'un accord entre le comédien Patrick Bruel, le fondateur du site de rencontres en ligne Meetic Marc Simoncini et les anciens fondateurs du site de messagerie électronique Caramail Alexandre Roos et Christophe Schamming, pour reprendre à parts "à peu près égales" (selon les termes de M. Simoncini) le site de poker en ligne britannique Winamax.
Patrick Bruel et Winamax : une longue histoire
Les trajectoires du chanteur-comédien-présentateur-joueur de poker et de Winamax sont liées depuis de nombreuses années déjà. Cela fait longtemps qu'il porte les couleurs de cette room fondée par d'autres français exilés à Londres (des anciens de Havas Interactive). Patrick Bruel avait déjà été entendu par les Renseignements Généraux à la fin 2006 sur ses liens avec Winamax. Pour éviter les poursuites, Bruel avait ouvert Wam-Poker l'été précédent, un forum et une room de poker dont le nom est proche de celui de la room britannique mais qui ne propose que des parties gratuites. Or, on retrouvait déjà au nombre des dirigeants de WAM-Poker Marc Simoncini et Alexandre Roos, tous deux aujourd'hui actionnaires déclarés de Winamax. Alors ? Prise de participation récente ou médiatisation d'un tour de table déjà ancien mais qui peut désormais être officialisé, alors que l'ouverture des jeux d'argent en ligne en France n'est plus qu'une question de temps et que tous les futurs acteurs du marché affichent ouvertement leurs ambitions ?
Winamax candidat à une licence en France
Quoi qu'il en soit, Winamax a profité de cette annonce pour se porter officiellement candidat à une licence de poker en France. La room de poker en ligne, qui compte 150.000 joueurs pour plus de 600.000 inscrits, a depuis longtemps déjà jeté son dévolu sur le marché français, avec la création de la plus grosse équipe de joueurs professionnels francophones, le célèbre Team Winamax, ses accords multiples avec des clubs de poker locaux, l'organisation du King V (sorte de championnats de France de poker en ligne par équipe) et, bien sûr, le forum Wam-Poker, animé par les deux compères Patrick Bruel et Michel Abécassis. Winamax a beau être installé à Londres, la room compte depuis belle lurette une majorité de joueurs français dans ses rangs et Marc Simoncini explique même aux Echos qu'"après l'obtention de la licence, transférer le siège en France ferait du sens. Les effectifs devraient également croître pour passer à une centaine de personnes fin 2010" (contre une trentaine actuellement).
Contre les 'Global Player', une stratégie de niche
Quant aux synergies possibles entre Winamax et Meetic, elles sont à rechercher du côté du coeur de cible similaire des deux sites: les jeunes célibataires. Mis-à-part des campagnes de pub pour Winamax sur Meetic, rien n'a encore filtré à propos d'éventuelles économies d'échelle. Une autre interrogation concerne le périmètre que se sont choisis les dirigeants de Winamax, centré sur la France et le poker exclusivement, soit une stratégie de niche à laquelle tous les futurs acteurs du marché ne croient pas forcément. Il en va ainsi de Patrick le Lay, le patron de Serendipity Investment — une co-entreprise entre Bouygues et Pinault — qui vient de faire parler d'elle en annonçant l'ouverture d'Eurosportbet, un site de paris sportifs créé en association avec la chaîne sportive Eurosport et opérationnel en Grande-Bretagne depuis avril dernier. A ce sujet, Le Lay confie le 13 mai au Figaro: "En France, il n'y a de la place que pour quatre ou cinq gros acteurs et nous espérons en faire partie. Ce qui compte, c'est d'être paneuropéen et de proposer toutes les catégories de jeux.". Ce n'est clairement pas le business model privilégié par Winamax.
Chili Poker, Unibet, Betclic et Bwin dans les starting-blocks [/B]
Un autre ancien de Winamax, Alexandre Dreyfuss, a annoncé il y a peu un partenariat entre sa société ChiliGaming et l'opérateur télécom Free. Dorénavant, toutes les infos 'poker' du portail Free proviennent du site MadeInPoker animé par Fabrice Soulier, une autre entité de ChiliGaming. Et les sites ChiliPoker et ChiliBet sont évidemment dans les starting-blocks pour proposer du poker et des paris sportifs sur la freebox dès l'ouverture du marché, soit officiellement le 1er janvier 2010.
Autres futurs nouveaux entrants dans le paysage 'légal' des jeux d'argent en ligne l'année prochaine, BetClic et Unibet ont eux aussi défrayé la chronique. Le premier, récemment racheté par la société Mangas capital Gaming de Stéphane Courbit, a noué en avril des accords publicitaires avec Europe 1 tandis qu'Unibet, outre un contrat de sponsoring avec le PSG, parrainait également une émission de paris sportifs sur RMC! Or, jusqu'au 1er janvier prochain, la Française des Jeux et le PMU sont toujours officiellement en situation de monopole et sont donc les seuls à pouvoir faire de la publicité sur ce marché. Et c'est justement là que le bât blesse car la FdJ et le PMU ne s'en sont effectivement par privés, nouant des accords à tour de bras, avec RTL, 20 Minutes, Canal + et France 2 notamment. BetClic et Unibet ont bien entendu crié à la distorsion de concurrence en phase de pré-ouverture du marché et ont donc menacé de continuer leurs opérations tant que tous les opérateurs ne bénéficieraient pas d'une égalité de traitement. Le Ministre du Budget Eric Woerth a ainsi dû demander à la FdJ et au PMU un 'moratoire' sur la publicité pour les paris sportifs, hippiques et le poker en ligne. Les deux mastdontes ont obtempéré le 29 avril dernier et, depuis cette date, les accords radiophoniques de BetClic et Unibet sont également suspendus.
Si l'on rajoute à tout cela l'ouverture du site de poker en ligne du Groupe Partouche en fin d'année dernière, accessible dès à présent aux joueurs français, et l'annonce en début d'année d'un partenariat entre le Groupe Amaury (propriétaire de L'Equipe, de France Football, de Vélo Magazine, et du Journal du Tennis notamment) et le site autrichien bwin, on voit que le futur marché des jeux d'argent en ligne est en ébullition et on imagine bien que les places seront de plus en plus chères d'ici à la date fatidique du 1er janvier. De grands groupes comme Orange, M6 ou France Televisions, des casinotiers comme Barrière et Tranchant ne devraient plus rester très longtemps les bras croisés. Des annonces à venir ?
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