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Antonin Teisseire, 'survivor' du poker

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Truculent et attachant, Antonin Teisseire est un joueur de poker français qu'on peut qualifier d'atypique, et qui en impose à plus d'un titre. Grand et fort, cet Azuréen pur jus de 43 ans fait souvent lever les têtes lors des tournois de poker live lorsque sa voix de stentor résonne pour apostropher un ami assis à plusieurs tables de lui.

Passionné de sport dans sa jeunesse, Teisseire a de qui tenir puisque son père Jean-Pierre Teisseire était joueur de football professionnel au milieu des années 60, notamment pour l'Olympique Lyonnais. C'est d'ailleurs à Lyon qu'Antonin Teisseire a vu le jour en 1965, « par accident » précise-t-il. « Toute ma famille est originaire de La Colle-sur-Loup (NDLR : un village sur les contreforts des Alpes-Maritimes dans le sud de la France), dont mon grand-père a même été maire dans le temps », explique Antonin. En effet, ce n'est pas pour rien que l'artère principale de La Colle-sur-Loup porte son nom de famille, tout comme l'école du village.

Antonin Teisseire, de Nice à Las Vegas en passant par Paris

Adolescent il se passionne comme son père pour le foot, et son gabarit athlétique (1m91) lui permet de faire des ravages dans les défenses adverses. « J'étais avant-centre. Mes points forts étaient la couverture de balle, une bonne vision de jeu et une grosse frappe. Intelligent, mais un peu fainéant. » Et au poker ? « Ah non, certainement pas fainéant ! A 20 heures par jour de poker, impossible! ».

En revanche sur les tapis verts, Antonin sait protéger son jeu comme autrefois le ballon sur les gazons. Celui que tous surnomment 'Tonin' n'est pas un flambeur. Au contraire, il est robuste et résistant dans le temps. Ses adversaires ont les pires difficultés à lui arracher des jetons. Des parties entre amis dans son village aux grands tournois qu'il fréquente désormais assidûment, Antonin n'a finalement que très peu changé son style. « A l'époque, mon père spirituel était Jacky Bovis, dit 'Le Prof'. Une vraie légende du poker Niçois. Il m'a pris sous son aile avec 3 ou 4 autres gars, et m'a montré les subtilités du jeu sous tous ses aspects. On pouvait passer 15 heures à parler poker avec lui au restaurant ou autour d'un verre. C'est 'Le Prof' qui m'a fait faire le plus de progrès, même si c'était une autre époque et que le jeu a beaucoup changé depuis. ».

Mais il n'y pas que la variante qui a changé, l'image du poker a elle-même beaucoup évolué ces dernières années. Considéré à l'époque comme un vice quasi-honteux, le poker a désormais une image qui se rapproche plus de celles des grands sportifs ou des stars du showbiz. « Avant, tu jouais dans des trous, il fallait se cacher. Tu ne pouvais pas dire que tu jouais au poker, y compris à tes parents. Ça a changé notamment quand le poker est arrivé a la télé. Je connais des gens de ma famille qui n'avaient jamais joué une belote de leur vie. Eh bien maintenant, ils jouent au poker! »

Quand comme Teisseire on survit à des parties privées de poker fermé pendant des années sans y laisser sa chemise, on apprend vite à faire fructifier cette capacité de résistance dans les tournois live tels qu'ils se multiplient de nos jours. De ce point de vue, Antonin est un survivor du poker à plus d'un titre : « Quand j'avais 16 ans, je n'avais qu'un seul but : gagner. Je n'ai jamais joué en me disant que ce n'étais pas si grave de perdre. C'est une question de caractère. Quand le Hold'em est arrivé en France, j'ai immédiatement compris que je pouvais gagner plus. »

Après avoir fait ses armes dans les cercles de jeux Parisiens, Antonin Teisseire va se prendre de passion pour les tournois de No Limit Hold'em où ce fervent supporter du 'Gym' (le club de foot OGC Nice qu'il va souvent voir au stade) croise nombre de ses amis proches, « tous des Sudistes », comme il dit. Son casino fétiche, le Palm Beach de Cannes, l'a ainsi vu signer ses deux plus belles performances : une 2ème place dans un tournoi à 1.000€, et sa récente 3ème place lors du Main Event PPT 2008. Pour sa première année en tant que joueur de tournoi sponsorisé, Teisseire a transformé sa passion en métier : « Avant je payais pour jouer. Maintenant on me paie ! ».

La vie de joueur sponsorisé? "95% de frustration, 5% d'espoir"

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Ce nouveau statut de joueur de poker professionnel lui permet de se concentrer sur tous les grands tournois mondiaux, mais tout n'est pas rose pour autant. « C'est dur. On peut dire que c'est 95% de frustration, pour 5% d'espoir. Tu souffres tout le temps, sauf quand tu gagnes. C'est surtout vrai en tournoi. En cash game, à la limite, quand tu perds tu perds et voilà. »

En tournoi, les enjeux sont souvent très importants et la tension accumulée peut vraiment retourner les tripes même des joueurs les plus endurcis comme lui. « A Monte-Carlo (NDLR : Finale EPT 2009, Day 3), il reste 35 joueurs, donc tu regardes autour de toi et il n'y a plus que 4 tables. Tu te dis 'je suis là'. Arrive un coup aux blinds 8.000/16.000 et ante de 2.000. Je fais tapis avec As-Roi de carreau, contre paire de Dames, et je perds presque tout sur un tableau avec cinq cartes hauteur 8. On est des joueurs d'instinct. Dans ces moments-là tu as une grosse boule dans le ventre, et dès que je vois les deux cartes noires du flop je sais que c'est cuit. C'est plus dur par exemple de jeter K-K que de faire tapis avec n'importe quoi en pensant 'allez-y finissez-moi !', là tu n'as plus de souci. Mais jeter une paire de Rois, ce n'est que de la souffrance. »

'Tonin' Teisseire à l'assaut du "Disneyland des joueurs"

Ce voyage dans la capitale du poker est une première pour Antonin Teisseire, qui découvre d'un coup les États-Unis, Las Vegas et les WSOP. Ses premières impressions ? « C'est vraiment La Mecque du jeu. Je crois que si j'avais connu ça à l'époque du poker fermé, je serais milliardaire ! C'est vraiment Disneyland pour les joueurs, mais au final très peu voient Mickey ! ». Avant le Main Event qui arrive, Teisseire a joué 5 tournois WSOP, où sa truculence bien connue fait impression. Son attitude débonnaire et sa grosse voix impressionnent autant ici qu'ailleurs et il sait bien que certains joueurs en profitent pour le cibler, un paramètre dont il tient compte dans son jeu. « C'est mon caractère. En fait ça me fait surtout du bien d'extérioriser, ça me permet de lâcher un peu de pression ».

'Tonin' prévoit de jouer le superbe tournoi à 15.000$ qui se déroulera au Bellagio après les WSOP. « Mais ça dépendra de mon état d'esprit après le Main Event en fonction de ce que j'y ferai. » Et lorsqu'on lui demande ce qu'on peut lui souhaiter, à part gagner le Main Event bien sûr, la réponse fuse : « Que la balance arrête d'afficher 'ERREUR' quand je monte dessus ! »

Antonin Teisseire - Principaux Résultats Tournois Live

Main Event EPT Monte Carlo - Mai 2009 - 35e (40.000€)

Main Event Finale PPT - Septembre 2008 - 3e (335.000€)

PPT Aix-en-Provence - Mai 2008 - 12e (9.000€)

PPT Cannes - Novembre 2007 - 7e (10.000€)

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