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Didier Cicurel : 'globe-trotter du poker'

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Gwenn Rigal
6 min à lire
Didier Cicurel : 'globe-trotter du poker' 0001

Nous connaissons tous les stars de tournoi, les Phil Ivey, les Patrik Antonius et consorts, grâce aux multiples articles consacrés à leurs exploits et aux retransmissions télévisées des plus grands circuits mondiaux, World Poker Tour, World Series of Poker ou European Poker Tour en tête.

Mais la plupart des joueurs pros ne se retrouvent que rarement sous le feu des projecteurs. Ce sont tous ces réguliers des parties de cash-game qui écument à longueur d'année les moyennes ou grosses limites des cercles et des casinos, sans avoir à se soucier de pression médiatique.

Pour une fois, PokerNews a donc tendu son micro à l'un d'entre eux, le suisse Didier Cicurel, rencontré à Las Vegas. Nous l'avons interrogé sur son parcours et sur ce qui fait le quotidien d'un régulier des parties d'argent en 'Live'.

L'un des rares pros du poker en Suisse

Didier Cicurel est un oiseau rare. C'est l'un des seuls joueurs professionnels de poker suisse, qui écume les tables de cash game du monde entier depuis 2005. Cela dit, si le cash-game est son pain quotidien, Cicurel prend de plus en plus de plaisir en tournoi et il l'a d'ailleurs encore démontré en début d'année, en réalisant sa meilleure performance à Manille, où il a terminé 4ème de l'étape locale de l'Asian Poker Tour (46.000$).

Comme chaque année à pareille époque, il était présent cet été à Las Vegas pour disputer les World Series Of Poker. Maintenant qu'il vient de sauter du Jour 1a du Main Event suite à une horreur qu'il a réussi à évacuer avec une rapidité déconcertante - "un joueur à tapis au flop avec top paire, qui touche une quinte runner-runner pour craquer mon brelan de Rois. Cinq minutes après, j'avais encore les oreilles qui bourdonnaient mais maintenant ça va bien, c'est le poker" - Didier a pris le temps de répondre à nos questions, confortablement installé à l'écart de la poker room du MGM Grand, où il a ses habitudes.

Comment devient-on joueur de poker professionnel ?

Notre première interrogation concerne le cheminement qui conduit un joueur à décider qu'il gagnera sa vie en jouant aux cartes : "

C'est la passion avant tout, évidemment. Je suis un joueur dans l'âme et, comme Gus Hansen, François Tardieu ou Arnaud Mattern, je viens du monde du Backgammon. Mais j'ai très vite réussi la transition vers le poker, plus intéressant financièrement, épaulé en cela par les bons conseils de Gérard Duruz, l'un des rares joueurs pros suisses avec Claudio Rinaldi et quelques autres. Et puis les aléas de la vie ont accéléré ce processus. J'avais un projet de Club branché à Lausanne, qui a capoté suite à des problèmes administratifs. J'avais retiré mes billes d'une première affaire, une société de location de voitures de luxe, pour me lancer dans cette nouvelle aventure. Quand c'est tombé à l'eau, je me suis retrouvé du jour au lendemain sans projet immédiat, mais avec une bankroll plus que confortable.

J'avais déjà mes habitudes aux Seychelles, où je passais trois mois par an depuis plusieurs années et le coût de la vie là-bas - surtout comparé à la Suisse! - fait qu'en gagnant quelques milliers d'euros aux tables chaque mois, j'ai un niveau de vie incomparable avec celui que je pourrais revendiquer en Europe. J'ai donc décidé de m'y installer à l'année. Ca fait quatre ans maintenant que j'habite à Victoria (la capitale des Seychelles) en 'grindant' tous les jours aux tables de No-Limit Hold'em du casino Victoria International et du Beauvallon Bay

".

Les canaux pour découvrir le poker en Suisse sont un peu les mêmes qu'en France, avec des casinos qui se sont mis au Texas Hold'em à la fin de l'année 2006 et des salles de poker en ligne qui évoluent dans la 'zone grise', sans véritable cadre réglementaire.

En fait, la France semble un peu en avance sur le législateur helvète, avec une loi sur l'ouverture du marché des jeux d'argent en ligne qui devrait être promulguée l'année prochaine et des casinos-pilote qui ont ouvert leurs premières tables dès la fin 2005, notamment celui de Divonne-les-bains, alors que les premières tables suisses n'ont fait leur apparition qu'un an plus tard : "Du coup, j'ai beaucoup fréquenté Divonne il y a quelques années, où je suis me suis même rendu tous les soirs pendant 18 mois!".

Un globe-trotter du poker

Didier Cicurel : 'globe-trotter du poker' 101

Mais Didier Cicurel n'est pas vraiment du genre sédentaire. Ce serait même tout le contraire. Il parcourt le monde entier à la recherche des parties les plus profitables : "

Je suis un globe-trotter du poker. Des Seychelles, je me suis mis à rayonner dans tout l'océan indien. Je fais des voyages fréquents à Maurice, dans les casinos de Madagascar, notamment le Cercle de l'Avenue à Antananarivo, et dans le sud-est asiatique, à Macao ou aux Philippines. Lorsque je retourne en Suisse, j'aime bien aussi passer la frontière. J'ai par exemple mes habitudes au casino de Bregenz en Autriche, à San Remo, à Namur, à Bruxelles. Plus près de la frontière suisse, il m'arrive également de me rendre en Italie, à Saint Vincent, ou en France, au Casino de Divonne-les-Bains.

Ceux que je préfère restent tout de même les casinos marocains, à Marrakech, Agadir et Casablanca. Ce sont des parties assez chères, avec pas mal de flambeurs locaux ! Mais le niveau s'est durci récemment, avec l'arrivée de pas mal de très bons joueurs français et les dynamiques de table évoluent en conséquence...

".

Les parties 'Live' avant tout

Cicurel est donc un pur joueur de 'live', ainsi qu'il le reconnaît lui-même : "Je suis très doué pour déceler des tells chez mes adversaires, les signes de force et de faiblesse; toutes choses qui ne me sont pas permises online. Sur Pokerstars, où je suis connu sous le pseudo 'Devil Spirit', il n'y a guère que les patterns de mise auxquels je peux me raccrocher. Du coup, je perds beaucoup de mon 'edge' sur les autres joueurs. En plus, je ne suis pas vraiment un pro de la gestion de bankroll ! (rires). A ma dernière tentative pour me monter une bankroll en ligne, j'ai réussi, après une progression régulière, à vider mon compte en quelques mains. Je jouais tout simplement trop cher...".

La question qui tue

- "Et, justement, tu n'as jamais peur de finir 'broke' (à sec) ?"

- "

Ca m'est déjà arrivé plusieurs fois même si, avec l'âge et l'expérience, ce genre de mésaventures tend à s'espacer de plus en plus. Maintenant, lorsque je perds beaucoup, je ne cherche plus à me refaire, au contraire je réduis la voilure et m'installe à des limites moins élevées. Et puis, lorsque je pars pour mes périples autour du monde, je n'emmène jamais avec moi la totalité de ma bankroll.

Au pire, lorsque ça se passe vraiment mal, j'en suis réduit à manger des pâtes jusqu'à mon retour à Victoria. Mais je garde toujours une poire pour la soif sur mon île, qui me permet de repartir en douceur.

"

Questionné pour conclure sur ses prochains objectifs, il nous confie avoir l'intention de jouer en tournoi plus régulièrement, notamment en participant à la plupart des étapes de la prochaine saison de l'Asian Poker Tour : "Dorénavant, mes tables de cash game suivront mon programme de tournoi. J'irai à Macao au mois d'août et ensuite je mettrai le cap sur l'Australie". Le rendez-vous est pris.

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Gwenn Rigal

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