Roger Hairabedian, finaliste EPT Monte-Carlo : "je suis mort de vieillesse!"
Depuis le premier jour du Main Event de la Grande Finale EPT Monte Carlo 2010, PokerNews a suivi le parcours de Roger Hairabedian (désigné meilleur joueur de poker français en 2009) dans ce qui fut sa toute première table finale d'un tournoi du European Poker Tour (EPT).
Terminant 7ème sur 848 joueurs dans un des plus beaux tournois de poker live qui soit (droit d'entrée : 10.000€), Roger Hairabedian alias 'Terminator' nous a confié ses premières impressions après sa performance dans un long entretien que nous publions en vidéo et en deux parties.
Le bilan d'Hairabedian : "Une grosse satisfaction"
En tout premier lieu nous avons demandé à Roger quel bilan il faisait de son tournoi : "C'est sûr que c'est une grosse satisfaction d'avoir fait une table finale de l'EPT Monte Carlo, qui est un des tournois les plus prestigieux du monde, ça c'est certain. Mais il est quand même assez frustrant de ne pas pouvoir s'exprimer, de ne pas pas pouvoir jouer au poker (...)."
Effectivement comme ses deux compatriotes finalistes Hervé Costa et [Removed:146], Roger Hairabedian a traversé la finale sans voie le moindre jeu suffisant pour tenir tête aux gros tapis et notamment à l'énorme chipleader Nicolas Chouity dont le rush aura duré du début à la fin de ce tournoi.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, aucun de ces joueurs n'a pris ce manque de réussite à la distribution comme excuse, chacun s'est battu en fonction de ce qu'il était possible de faire dans les circonstances particulières qu'offrait cette finale. "Bon, on ne va pas se plaindre des cartes c'est comme ça et ça changera pas" explique sobrement Roger Hairabedian, "l'important pour moi c'est d'avoir bien joué".
Hairabedian répond aux critiques sur sa finale
A part une paire de 4 et une paire de 5 sur les blinds des chipleaders, Roger n'a pas vu de 'spot' exploitable, son tapis se réduisant peu à peu. "Bien entendu si ces deux 4 et deux 5 je les avais vu quand les blinds étaient sur les deux short stacks à ma gauche, j'aurais attaqué. Mais là c'était impossible pour moi d'attaquer, je me serais retrouvé confronté à deux joueurs qui auraient mis les 500.000 chacun, j'aurais alors joué contre quatre cartes. Pour moi, ce n'est pas possible de jouer ainsi à ce stade-là de la partie".
La patience étant une des plus grandes vertus du poker de tournoi, surtout quand les écarts de prix sont tellement énormes (200.000€ pour le 8ème, 1,7M € pour le premier), Hairabedian a attendu une meilleure opportunité qui n'est jamais vraiment venue.
Hairabedian "en noir et blanc"
"J'ai préféré garder mes quatre-cent et mes cinq-cent milles pour une meilleure configuration" expique-t-il tout en sachant que ceci peut être interprété comme un manque d'agressivité par certains. "C'est sûr que sur internet des gens vont critiquer le fait que j'ai foldé une fois deux quatre et une fois deux cinq, mais pour moi il n'y avait pas d'autres solutions". Comme il le souligne "ça a failli marcher" lorsqu'un des joueurs a été sauvé de l'élimination à la rivière contre l'inévitable chipleader.
En tout cas il était prêt à vendre chère sa peau et bien décidé à ne pas sortir sur un coup de dé autant que faire se peut. "Ça fait quinze ans que j'attend pour être en table finale d'un EPT, ce n'est pas une fois en y étant assis que je vais faire n'importe quoi. (...) J'ai été en noir et blanc, je ne suis jamais passé à la couleur!"
Plutôt "mort de vieillesse" que "suicidé"!
Le poids des écarts de prix aura-t-il été trop grand pour les larges épaules de 'Big Roger'? Hairabedian tient à remettre les choses en place avec sa conviction et son réalisme coutumier : "C'est pas que pécunier ce que j'ai fait. C'est sûr qu'on calcule, 100.000€ de différence c'est énorme et il y a des gens qui ne le mettent pas de côté en une vie c'est certain. Mais à ce stade de l'événement pas là. Il faut jouer, il faut pouvoir s'exprimer mais là je n'ai pas pu."
Quand il dit "je n'ai pas pu", Roger précise bien que ce n'est pas sa "politique de jeu". "Maintenant je vois des joueurs qui poussent des tapis avec des 2-6 ou des 2-5 et qui vont pour ainsi dire au suicide."
Ce n'est certes pas en prenant des risques inconsidérés que Roger Hairabedian a bâti un des plus beaux palmarès du poker français et il n'en démord pas : "Vous avez une chance sur cinq pour que ça marche. Si vous vous mettez un calibre sur la tempe et que vous tirez, vous risquez d'en tirer les conséquences. Moi non, j'ai essayé de tenir jusqu'au bout. Pour ainsi dire, je suis mort de vieillesse!"
Le coup fatal fut joué avant la finale
Comme il s'y attendait, certains ont ouvertement critiqué son manque d'action pendant la finale (tous n'ayant pas réalisé que sur son tapis avec Valet-3 il n'a plus quelques blinds). Le coup qui lui aura fait le plus mal s'est en fait déroulé loin des caméras (contre le futur finaliste Andrew Chen) avec un tirage quinte flush au flop contre paire d'As, rien ne rentrant pour le Français qui perdit une grosse partie de son tapis et entra en finale 'short stack' en conséquence.
"Sur ce flop là j'étais obligé de faire tapis. Même si mon As était mort j'avais beaucoup d'outs. Si j'avais eu la bonne étoile j'aurais pu réussir ce coup et de là je n'aurai plus démordu et peut-être fait un long parcours"
.
Voilà pour ce qui est des réponses de Roger Hairabedian aux quelques questions (auxquelles visiblement il s'attendait) soulevées par son jeu en finale. Pour plus de détails jetez un oeil à notre interview vidéo ci-dessous.
Dans la deuxième partie de notre entretien, Roger Hairabedian évoquera l'évolution récente des styles de jeu en tournoi, les questions de sponsoring et ses projets à moyen terme après le World Poker Tour (Grand Prix de Paris) qui aura lieu en fin de semaine et qu'incidemment, il a déjà remporté ce tournoi en mai 2008 pour 419.520€. Histoire de rappeler à tout le monde que lorsque la bonne étoile brille, Roger Hairabedian sait ce qu'il a à faire pour décrocher la victoire dans un grand tournoi de niveau international.
Roger Hairabedian, interview EPT Monte Carlo 2010
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