Interview Poker : Hervé Costa, 4ème de l'EPT Monte Carlo
Qualifié grâce à un satellite live pour le Main Event EPT Monte-Carlo 2010, Hervé Costa a bien rentabilisé son ticket en terminant meilleur français à la 4ème place du plus prestigieux tournoi européen pour un gain de 500.000€.
Costa et Teisseire, les deux font la paire
Avec notamment le soutien de son ami Antonin Teisseire (finaliste PPT 2008), Hervé Costa s'est hissé jusqu'en table finale après quatre dures journées de poker durant lesquelles il aura connu toutes les émotions. Comme Teisseire, Costa est a usé les chaises autour des tables privées de La Colle-sur-Loup, un village des Alpes-Maritimes (à quelques kilomètres de Nice) dont les deux acolytes sont originaires.
"Je joue au poker depuis très longtemps, je jouais au fermé bien sûr, on est de la vieille école. Avec Antonin on a joué ensemble depuis des années, on s'est mis au Hold'em il y a dix, douze ans à peu près".
Ce n'est donc pas étonnant que 'Tonin' Teisseire n'ait pas quitté son comparse des yeux pendant ces cinq longs jours de tournoi, l'encourageant et partageant son avis si nécessaire.
La voix de stentor d'Antonin a ainsi résonné plus qu'à son tour dans la vaste Salle des Etoiles où se jouait ce Main Event. Et notamment pour féliciter son pote Hervé sur quelques coups comme celui en fin de jour 1 Hervé Costa s'est retrouvé avec une paire de Dames peu après avoir perdu un coin-flip contre As-Roi avec cette même main.
Hervé Costa "couche les femmes" et "va au bout"
Alors qu'il joue l'une des dernières mains de la journée, il voit le joueur en premier de parole relancer, le second suivre et le troisième sur-relancer avant que ne lui arrive la parole : "je ne l'ai pas senti, et j'ai foldé les deux femmes..!"
Après un 'baby flop' relancé et suivi deux fois, une Dame tombe au tournant : "Alors là je me suis dit que je n 'y comprenais plus rien! J'en étais malade, je me suis dit :'c'est une horreur ce que j'ai fait'...". Mais un Roi tombe à la rivière et le premier relanceur gagnera le coup avec un brelan de Rois!"Après, quand j'ai passé ce coup-là j'ai dit : 'je vais aller au bout!"
Au bout c'est à dire en table finale où malheureusement il n'aura guère trouvé plus de jeu que ses deux compatriotes [Removed:146] (8e) et Roger Hairabedian (7e)."Les cartes, c'était une catastrophe, y avait pas moyen. Après j'étais short et l'autre (Nicolas Chouity, NDLR) était énorme en tapis. Si je fais une petite action mais que je ne trouve pas mon flop, il va me faire passer à chaque fois et je vais me retrouver presque 'committed' donc j'étais obligé de partir à tapis."
Un combat inégal en table finale
Après être parvenu à doubler pour sauver sa peau, Hervé Costa va ainsi jouer son tournoi à tapis préflop avec A♠9♥ et à raison puisque le chipleader Chouity retourne K♦Q♥."Il était trop en forme", commentera sobrement Hervé Costa après que le croupier ait tiré deux Rois dès le flop.
Sans amertume ni arrière-pensée, le Français s'est alors levé et a dignement salué les trois autres derniers finalistes en affichant un sourire humble et bienvenu.
La "vieille école" toujours aussi performante
Personnalité atypique au sein du parfois trop branché des circuits des grands tournois live, ce genre de joueur cultive un paradoxe récurrent : ce sont souvent ceux venus du poker dit "fermé" qui ont l'esprit le plus ouvert.
Loin d'être des dinosaures d'une autre ère, les joueurs comme Hervé Costa, Antonin Teisseire, Alain Roy, Jean-Paul Pasqualini ou Yann Boubli et tant d'autres sont au contraire ce que le poker français a de plus précieux : la mémoire collective d'un temps où l'éthique, la parole donnée, la solidarité et l'honneur comptaient plus que tout. Un temps où la qualité des joueurs ne se mesurait pas au nombre de logos plastronnées sur des vêtements fashion.
Les temps ont certes changé et il faut bien changer avec eux, mais dans le tourbillon médiatique du poker moderne où les paroles s'envolent au moindre coup de mistral, les joueurs comme Hervé Costa amènent un vrai vent de fraîcheur. Au-delà des strass et des paillettes, cette Grande Finale de l'European Poker Tour, la dernière sur le sol monégasque aura mis à l'honneur le poker-plaisir, celui d'une "vieille école" qui a encore beaucoup de choses à apprendre aux jeunes loups pour qui l'enjeu prend trop souvent le pas sur le jeu.
Hervé Costa : "fier de mon parcours"
Tout aussi heureux pour lui-même qu'il le fut pour son pote 'Tonin' lors de sa finale du PPT 2008, Hervé Costa peut se réjouir de leur réussite désormais commune : "Je suis vraiment fier de mon parcours. C'est dommage que dans cette table finale j'ai du subir, mais tant pis, c'est le jeu".
Après avoir paraphé la plus belle performance de sa carrière après quelques résultats notables (44e du PPT 2009 pour 13.500€), l'aventure de Costa sur les grands tournois de poker ne fait peut-être que commencer. Le verra-t-on dès les mois prochains à Las Vegas? "Peut-être, j'irai faire un tour pour voir, pourquoi pas! Mais on se reverra bientôt de toute façon!"
Hervé Costa, 4ème de l'EPT Monte Carlo
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