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WSOP 2010 : Un entretien avec le Champion du Monde Jonathan Duhamel (partie 1)

7 min à lire
WSOP 2010 : Un entretien avec le Champion du Monde Jonathan Duhamel (partie 1) 0001

Le Penn & Teller Theater est maintenant silencieux, le Rio Casino ne résonne plus des vivats et des encouragements des hordes de fans qui supportaient il y a encore quelques jours l'un ou l'autre des 'November Nine' et les World Series of Poker ne reviendront pas avant l'année prochaine. Tous ces indices devraient vous aider à conclure que nous avons un nouveau champion WSOP. Si vous n'avez pas été très attentif ces derniers jours, sachez qu'il s'agit d'un canadien de 23 ans, le Chipleader au départ de la table finale Jonathan Duhamel. Nous nous sommes assis avec lui pour recueillir ses impressions sur la finale, sur sa victoire et ce que ça fait d'être officiellement le nouveau champion du monde de poker.

Ca y est, je suis champion du Monde...

- PokerNews : Tout d'abord, félicitations ! tu dois toujours être sur ton petit nuage....

- Jonathan Duhamel : Merci. Oui, c'est vraiment un truc énorme. Ma vie vient de connaître un sacré coup d'accélérateur....

- PN : Une dizaine de jours ont passé depuis ton sacre. Tu as eu le temps de digérer ce qui vient de t'arriver?

- JD : Presque. J'ai mis un peu de temps à réaliser pleinement la portée de tout ça, "Wow, j'ai remporté ce tournoi. C'est moi le champion." Ca m'a pris quelques jours mais je crois que maintenant ça y est.

Jonathan Duhamel se souvient

- PN : Lorsque tu repenses à la table finale et à tous les moments qui l'ont précédée, quels sont ceux qui te restent plus particulièrement en mémoire ?

- JD : Ca a été de loin les quatre meilleurs mois de ma vie. Arriver en table finale avec le plus gros tapis encore en jeu, tous ces espoirs que les gens avaient placé en moi. Pendant la trêve, j'en ai même entendu pas mal qui parlaient de tout ça comme si j'étais déjà le champion. Aussitôt que je suis revenu à Vegas, quelque jours avant le coup d'envoi de la finale, j'ai commencé à énormément gamberger, je m'y voyais déjà. Ensuite, le samedi soir, j'étais qualifié pour le head's-up et j'étais toujours Chipleader, tous mes rêves commençaient vraiment à se matérialiser, ça a été de loin la meilleure expérience de ma vie.

- PN : Tu viens de nous parler de la trêve, de ces deux mois qui séparent le tournoi de la table finale. Depuis que les 'November Nine' ont été mis en place, le Chipleader n'avait encore jamais remporté le tournoi. Est-ce que ça a été dur pour toi, émotionnellement, de rester bien en ligne et concentré avec cette pression d'être en tête ?

- JD : Ca m'a effectivement rajouté un peu de pression. Mais ça fait aussi partie du jeu et je m'en suis plutôt servi comme d'une motivation supplémentaire pour remporter ce tournoi. Je me suis dit qu'il fallait absolument que je gagne. Une seconde place, ou pire, ne m'aurait pas suffi et donc, je me suis mis la pression tout seul. Mais je crois que c'était une pression positive, quelque chose qui vous motive, pas un truc qui vous écrase.

Deux mois pour se préparer

- PN : Comment t'es-tu préparé à cette table finale ? Tu vivais normalement ou tu t'es imposé un programme spécial ?

- JD : J'ai disputé quelques tournois 'live' comme l'EPT Londres, un 'Mega Stack' à Foxwoods et quelques autres à Montreal. Et puis un paquet de tournois et de Sit & Gos en ligne aussi, comme les WCOOP qui se déroulaient sur PokerStars à ce moment-là. Ca m'a beaucoup aidé. Mais c'est surtout mentalement que je me suis préparé. Ca a été la clé. Deux semaines avant le grand rendez-vous, je me suis mis à moins jouer au poker. Je me suis pas mal reposé afin d'être frais et dispo, et surtout prêt à faire face à toutes les éventualités en table finale, à donner le meilleur de moi-même quelle que soit la tournure des événements.

- PN : Durant la trêve, l'attention des médias a été énormément attirée vers Michael "The Grinder" Mizrachi, qui a réussi à gagner le Player's Championship à 50.000$ et à se qualifier pour la table finale du Main Event. Est-ce que tu crois que les projecteurs braqués sur Mizrachi ont contribué à rendre ton rôle de Chipleader plus supportable, médiatiquement parlant ?

- JD : Peut-être un peu, mais j'ai quand même eu ma part d'exposition médiatique. A nouveau, c'est une pression dont je me suis servi comme d'une source de motivation supplémentaire, ça n'a pas été un problème. Mon boulot, c'était juste de me préparer pour être prêt à 100%.

- PN : L'une des choses les plus dures à gérer pour toi a dû être l'attente. Tu as sûrement joué cette table finale un million de fois dans ta tête. Est-ce que le déroulement réel des opérations a été très différent de ce que tu avais imaginé ?

- JD : Le début, oui. Dans ma tête, tout allait très bien se passer d'un bout à l'autre et en fait, le début a été assez difficile. Mais j'ai réussi à rebondir et à me qualifier pour le tête-à-tête final avec un tapis plus que confortable.

Retour sur la table finale des WSOP

- PN : C'est vrai que tu as démarré la partie en prenant quelques coups. A un moment donné, tu es même devenu le short stack lorsque le jeu s'est trouvé réduit à cinq joueurs. Est-ce qu'à un quelconque moment tu as commencé à paniquer?

- JD : Pas vraiment paniquer, parce que je n'étais pas sous la barre des 10 big blinds. Je pense que je ne suis jamais descendu sous les 25. Donc ma situation à ce moment-là n'était pas facile mais rien n'était encore joué. J'ai toujours eu assez de profondeur de tapis pour jouer au poker. Je n'étais pas heureux de la manière dont les choses s'étaient déroulées jusque là mais je n'ai pas perdu de temps à me lamenter, j'étais trop occupé à essayer de jouer les mains qui m'étaient distribuées de la meilleure manière possible. Quel que soit mon tapis, lorsque je joue au poker, j'essaie toujours de prendre les bonnes décisions et c'est ce que j'ai essayé de faire.

- PN : Y a-t-il un joueur en particulier que tu a cherché à éviter ou au contraire à exploiter à la table ? Avais-tu un plan de jeu ?

- JD : Le truc, c'est que tous les joueurs étaient vraiment bons, donc il n'y en avait aucun que j'avais plus envie de jouer qu'un autre. En fonction des tailles de tapis, il s'est surtout agi de trouver le bon timing et les bons spots. J'ai beaucoup sur-relancé Joseph Cheong et John Dolan à cause de la taille de leurs tapis ; ils étaient second et troisième et j'avais la position sur eux. Et ils n'ont pas trop voulu se mettre à jouer de gros pots contre moi. J'ai essayé de ne pas provoquer trop d'action au début et je me suis donc cantonné à un poker d'école contre eux. Si j'avais tenté trop de moves, ils se seraient mis à partir à tapis pré-flop et j'aurais été obligé de me coucher.

- PN : Il y a deux mains importantes qui t'ont catapulté vers le Chiplead puis la victoire. Raconte-nous cette main où tu as détroussé Mizrachi avec As-Neuf.

- JD : Ca s'est produit après le As-Roi contre As-Dame disputé face à John Racener. On n'était plus que cinq. Tout le monde se couche jusqu'à moi au small blind et je découvre As-Neuf. Il est évident que je vais relancer avec cette main, comme je l'aurais fait avec pas mal de mains d'ailleurs. Je crois que je relançais 25% de mes mains au small blind. Je savais qu'il n'allait pas se laisser faire mais là, il se met carrément à tapis. Ca ne m'a pas fait vraiment plaisir mais je me suis dit qu'As-neuf, il devait voir ça comme le top de mon éventail de mains possibles eu égard au fait qu'on était en bataille de blindes et tout ça. Le coup méritait que je prenne ce risque. Il y avait une petite possibilité pour qu'il ait un as inférieur avec deux cartes assorties; C'est pour ça que j'ai fini par payer. Finalement, je n'ai pas été mécontent de me retrouver dans un pile-ou-face, vu l'argent qu'il y avait au milieu. Quitte à affronter un coin-flip, autant que ça en vaille la peine. Et, évidemment, j'ai été ravi de le gagner.

Retrouvez-nous la semaine prochaine pour la suite de cette interview avec Jonathan Duhamel, dans laquelle il continuera à livrer ses impressions sur la table finale et notamment sur son head's-up contre John Racener.

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