Clément Beauvois : "Je préfère jouer contre des 'Regulars'" (Interview Poker 'OhMyGuru')
Clément Beauvois, ce nom vous rappelle-t-il quelque chose ? Si l'on rentre ce patronyme sur Hendonmob, on ne récolte que deux ou trois lignes, totalisant à peine plus de 6.000$ de gains en tournoi 'Live'. Mais si je dis "OhMyGuru', beaucoup d'entre vous reconnaîtront ce pseudo comme appartenant à un shark du poker online. Et avec raison.
Clément est un garçon de 27 ans, originaire du nord de la France, informaticien dans une société d'e-marketing dans le civil, père d'une petite fille et surtout récent double-vainqueur du 100.000€ Garantis sur Fulltiltpoker.fr. Online, ses gains atteignent désormais les 300.000$, dont plus de la moitié décrochés depuis juillet dernier et l'ouverture des rooms de poker françaises. Des performances étonnantes qui méritaient bien une petite interview, histoire de faire connaissance avec l'un des espoirs les plus sérieux de la nouvelle génération des joueurs tricolores.
Les débuts d'OhMyGuru
- PokerNews : Bonjour Clément, sur quelles rooms est-ce que tu joues le plus en ce moment ? Quel est ton format de prédilection ?
- Clément Beauvois: Je joue sur toutes les rooms, avec le pseudo OhMyGuru ou l'un de ses dérivés (OhMyGuruuu sur Pokerstars par exemple). Ces derniers temps, je n'ai joué que des tournois, et relativement peu en fait. Mais je pratique le poker depuis 7 ans maintenant, et je me suis attaqué à presque toutes les variantes, si ce n'est le Full ring. Par le passé, j'ai beaucoup joué en cash game '6-Max' et en 'Head's-Up', de la NL200 à la NL1000. Disons que j'étais un régulier de la NL200 et que je tentais fréquemment des 'shots' au-dessus.
- PN : Comment es-tu arrivé au poker et comment s'est passé ton apprentissage ?
- CB : Lors de mon premier job, il y a 7 ans, un collègue (désormais ami) nous a parlé de Poker, en nous disant que ce jeu allait révolutionner les autres. Il nous a expliqué les règles du no-limit Hold'em, et on s'est mis à y jouer tous les midis, sous forme de tournoi hyper turbo à 1€, avec une cagnotte et un classement. On s'amusait bien, mais c'était du grand n'importe quoi. J'ai voulu mieux comprendre ce jeu, et me suis inscrit sur Everest.com. Quelques jours après, je faisais mon premier dépôt, et c'était parti. Je n'ai jamais lu aucun livre, le nombre de vidéos regardées tient sur les doigts d'une main (même si j'en produis moi même aujourd'hui !), et je n'ai pas non plus fréquenté les forums de Hand discussions (ou si peu). Je suis plutôt du genre autodidacte, et comme dans la vie, j'ai appris tout seul. En jouant beaucoup. En commettant de nombreuses erreurs, mais en ayant suffisamment de recul pour m'en rendre compte rapidement. A l'époque, le poker n'avait pas encore explosé et le niveau était clairement mauvais.
"Je n'ai pas d'idole dans le poker"
- PN : Avec quels joueurs discutes-tu technique ? Quels sont ceux que tu apprécies le plus ?
- CB : Disons que je joue en ligne depuis longtemps et que mon parcours m'a permis de me rapprocher de l'ensemble des joueurs français gagnants. Il m'arrive parfois de débattre de certaines mains avec eux mais je ne suis pas fan de ces séances de brainstorming. Encore une fois, j'ai souvent préféré travailler mon jeu tout seul, et c'est ainsi que je l'ai construit au fur et à mesure des années. Je n'ai pas d'idole dans le poker. Simplement un profond respect pour les joueurs qui durent et une grande admiration pour les légendes.
Ses adversaires sur Full Tilt
- PN : Est-ce que tu connais bien, par exemple, Florient Leprovost et Bruno Launais, qui t'ont donné du fil a retordre dimanche dernier, lors de ta dernière victoire au 100.000€ Garantis sur Full Tilt ?.
- CB : Ces deux joueurs étaient déjà des réguliers sur Everest à l'époque du .com. Ils sont tous les deux présents dans ma liste de contact, et il nous est arrivé d'échanger. Avant de parvenir en table finale dimanche, j'ai d'ailleurs eu Bruno à ma table un peu plus tôt dans le tournoi, et nous avons pris le temps de discuter. Il a un petit frère qui s'est mis au poker, j'ai récemment joué avec lui lors du Partouche Deepstack de St Amand, et Bruno voulait savoir ce que je pensais de son niveau de jeu.
- PN : Et alors ?
- CB : Je l'ai trouvé encore un peu tendre, ce qui est normal au début en live, mais vif d'esprit. Il avait l'air d'intégrer rapidement ce qui se passait autour de lui. Je ne doute pas du fait qu'il progressera très vite pour devenir un joueur craint aux tables.
Clément Beauvois à la recherche d'un sponsor
- PN : Ou en est ta recherche de sponsoring ? Tu as récemment pris un agent si je ne m'abuse ?
- CB : Tout à fait. Je suis à présent chez Original Consulting. Nous sommes régulièrement en contact, ils sont très attentionnés et travaillent réellement pour leurs joueurs. Nous sommes sur plusieurs pistes, des contacts sont noués, mais comme tu le sais, il y a beaucoup de monde dans le même cas de figure pour peu de places. Néanmoins, je suis relativement confiant quant à une issue favorable très prochainement.
- PN : Ton programme de tournois pour les semaines a venir ?
- CB : Mon programme de tournoi live va en partie dépendre d'un éventuel sponsor. Ces tournois présentent une variance telle qu'il est compliqué de s'auto-financer pour des événements majeurs ad vitam aeternam. On est vite rattrapé par la pression du résultat et ce n'est jamais bon. Reste les satellites de qualification, qui demandent du temps. Et là encore, une collaboration avec un sponsor pourrait me permettre de me détacher un peu d'autres activités extra-poker qui me prennent encore beaucoup de temps aujourd'hui. J'ai 27 ans et j'essaie d'envisager l'avenir sur le long terme. Il y a encore quelques temps, j'aurais choisi de partir full bankroll sur le circuit sans assurer mes arrières.
En ce qui concerne les tournois en ligne, comme à mon habitude depuis quelques temps, je joue lorsque j'en ai envie. Et enfin, j'envisage de reprendre sérieusement le jeu régulier, en cash game. Dés que j'aurais trouvé ma room de confort.
Le style OhMyGuru
- PN : Parlons un peu de ton style de jeu à la table : Comment le qualifierais-tu ?
- CB : Mon style de jeu est du genre DEGEN ! Large agressif, plutôt très actif, qui relance tout et showdown toujours les nuts quand il est call. Enfin, parfois, je spew. Je suis indéniablement issu de la nouvelle génération de joueurs, formés à l'école de l'Internet.
- PN : Encore un adepte de l'overbet, donc ?
- CB : (Rires) L'overbet, c'est copyright Basou (NDLR : Basile Yaiche) ! Plus sérieusement, aujourd'hui, on l'utilise tous. C'est à la base une arme utilisée contre les mauvais joueurs. Mais de plus en plus, les bons joueurs s'en servent les uns contre les autres. Ca permet de rendre une décision adverse plus difficile. Mais aussi de maintenir une certaine pression, sur les parties multi-tablées par exemple. C'est un move à la fois utilisé pour forcer le fold adverse lorsqu'il est polarisé sur une main moyenne, mais aussi pour valoriser une main très forte contre une main forte. Overbet for value !
- PN : Est-ce que tu as eu besoin d'adapter ton jeu aux rooms françaises ?
- CB : J'ai trouvé les rooms en fr extrêmement profitables dans toutes les disciplines autres que le poker de tournoi.(Rires). En fait, si l'on regarde mes résultats, je n'ai que très rarement réussi à perfer face à un large field hétérogène. Comprendre, supérieur à 400-500 joueurs. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai d'aussi bons résultats sur Fulltilt.fr. Les 'regulars' sont tous identifiables, et il en est de même en face pour les joueurs fishy. Cette pré-sélection de niveau m'aide beaucoup dans la construction des coups, et j'ai par exemple plus de mal à le faire sur des tournois avec un plus gros nombre de joueurs, comme sur PokerStars. D'ailleurs, nous sommes souvent attirés par les gros prizepools des monstres de l'industrie du Poker, alors que je pense qu'il est bien plus profitable d'aller jouer des fields plus raisonnables en terme de nombre, quitte à trouver un meilleur niveau général. C'est peut-être propre à mon jeu, et non exportable aux autres, je ne sais pas.. Toujours est-il que j'ai encore grandement besoin de travailler mon jeu face à des joueurs que j'estime "mauvais", là ou je suis la plupart du temps trés à l'aise face aux trés bons joueurs.
- PN : Merci Clément pour le temps que tu nous as consacré !
- CB : Merci à vous...
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