Quand le Huffington Post parle du déclin du poker
Lionel Esparza, auteur du livre "l'esprit du poker" publie une tribune sur le site Huffington Post dans laquelle il analyse les raisons du succès du poker dans les années 2000 et son reflux ces 5 dernières années.
Dans une tribune au titre provocateur "Pourquoi plus personne ne joue au poker ?", Lionel Esparza réfléchit sur les raisons du succès du poker et de son déclin aujourd'hui.
Esparza voit le poker comme un condensé des valeurs américaines et occidentales : "le poker est le jeu du libéralisme. Il est né aux Etats-Unis au tout début du XIXe siècle, au moment précis où la nation se construisait sur les deux piliers qui, aujourd'hui encore, assurent sa stabilité et son rayonnement: un pilier économique (le capitalisme) et un pilier politique (la république). Il a accompagné l'essor de la démocratie américaine puis, depuis ce territoire, s'est projeté sur le monde. Tel qu'on peut le décrire au présent, c'est un absolu d'idéologie capitaliste: l'argent y règne en maître, l'échange y est permanent, la concurrence omniprésente."
Puis il indique la raison du déclin du poker ces dernières années :
On peut donc comprendre qu'il ait explosé durant les années 2000, alors que le capitalisme financiarisé semblait assuré de sa domination totale sur les choses et sur les hommes; et, de même, qu'il n'ait pas résisté à la crise de 2008 qui, plus encore qu'une crise économique, apparaît comme une remise en cause profonde de la toute-puissance néo-libérale.
La "toute-puissance néo-libérale" vraiment remise en cause aujourd'hui ?
On peut s'interroger sur les arguments développés par Lionel Esparza. Existe-t-il vraiment une remise en cause de la "toute-puissance néo-libérale". On peut en douter. Les multinationales continuent d'accumuler des profits avec des stratégie d'optimisation fiscale toujours plus poussées. Les banques jouent toujours un rôle fondamental dans le fonctionnement de l'économie.
Par ailleurs, les raisons du déclin du poker sont sans doute plus complexes : la fiscalité, la visibilité médiatique, l'effet de mode, le marché fermé, les erreurs de l'industrie... Beaucoup de raisons pourraient être mises en avant.
Lionel Esparza termine par une réflexion philosophique sur le jeu. "Le poker est un rite d'intercession: par l'intermédiaire de l'argent, il met les hommes en rapport avec une étrange transcendance. Autour de la table, les enfants de l'incertain viennent éprouver ensemble l'impérial pouvoir du hasard, mimer leur interminable lutte pour la survie, répéter sans se lasser le procès de domination qui détermine leur existence, rendre hommage enfin à une idole monétaire devenue divinité à part entière. Si un peu du monde actuel se reflète dans ce jeu, c'est que s'y joue aussi le destin de chacun."
En 2014, Lionel Esparza avait publié un ouvrage très riche sur notre jeu fétiche "l'esprit du poker". L’auteur se posait une question : le poker est-il devenu le jeu fétiche du capitalisme et traduit-il en termes ludiques les impératifs du libéralisme ? A cela, Lionel Esparza développe une thèse. Pour lui, la table de jeu concentre l’essentiel des obsessions contemporaines : l’argent, la compétition, le bluff, le mensonge et le spectacle. A l'occasion de la sortie de son livre, il avait pu développer ses thèses sur Europe 1.