Quand le "sorcier de l'Elysée" jouait au poker
Quand on associe poker et politique, l'un des premiers réflexes que l'on peut avoir est de se dire que les hommes politiques ont certainement une grande capacité à bluffer. Et puis lorsque l'on creuse un peu, l'analogie la plus forte se situe du côté de la stratégie ou de l'art de savoir communiquer. Jacques Pilhan, conseiller de François Mitterrand puis de Jacques Chirac était un passionné de poker.
Jacques Pilhan, ce nom n'évoque peut-être pas grand chose pour de nombreuses personnes. Pourtant ce personnage joua un rôle clef auprès de deux hommes politiques de premier plan : François Mitterrand et Jacques Chirac.
Jacques Pilhan, le stratège en communication de François Mitterrand puis de Jacques Chirac était un très bon joueur de poker. Dans une excellente biographie de François Bazin parue en 2009 " le sorcier de l'Elysée", l'auteur consacrait un chapitre à cette passion du jeu qu'entretenait cet homme de l'ombre, extrêmement influent.
Le poker peut parfois être une école de la vie. C'est un peu le sentiment que l'on éprouve en lisant quelques pages du "sorcier de l'Elyéee", la biographie de l'éminence grise de deux chefs d'Etat. Dans le livre, l'auteur détaille les nuits enfumées de Jacques Pilhan autour des tables de poker. Jeune adulte, Jacques Pilhan a vécu uniquement de ses gains au poker. Cette pratique du poker a du certainement aiguiser la capacité de Jacques Pilhan à anticiper, lire les intentions de l'adversaire... Autant de qualités utiles quand on s'occupe de la communication en politique. Jacques Pilhan n'est-il pas à l'origine du fameux concept de "rareté de la parole présidentielle". En politique comme au poker, trop parler, c'est se découvrir et devenir vulnérable. Jacques Pilhan a donc fortement orienté les deux chefs d'Etat dans cette voie.
Le poker, un révélateur du rapport au pouvoir
Le poker est un jeu extrêmement révélateur du rapport au pouvoir. Lionel Esparza dans son livre "l'esprit du poker" l’expliquait aussi. Dès le milieu du XXeme siècle, il apparaît que le poker et l'exercice du pouvoir nécessitaient des qualités communes comme l’exercice du commandement (stratégie, manipulation). Ce jeu est, en quelque sorte, une forme d’entrainement aux fonctions de direction. Aux Etats-Unis, par exemple, on pratique le poker dans les écoles de l’élite comme Harvard ou West Point. Aux États-Unis plusieurs hommes politiques de premier plan ont joué au poker : Barack Obama le revendique. Il joue depuis le lycée. Sénateur de l'Illinois, il disputait des parties avec d'autres hommes politiques. C'est un joueur solide, serré. La maîtrise du poker est un élément favorable à l'esprit d'analyse et la capacité à prendre de bonnes décisions.
Il s'inscrit aussi dans la lignée des présidents amateurs de poker comme Richard Nixon, Roosevelt ou encore Truman. Nixon a, non seulement affronté la légende du poker, Amarillo Slim mais il a également déclaré avoir financé sa première campagne grâce au poker lorsqu'il était dans la Navy durant la deuxième guerre mondiale. Nixon aurait remporté son siège à la Chambre des représentants des Etats-Unis en 1946 grâce à 10.000$ de gains au poker.
