Joue la comme Poulidor... runner-up time pour la France
Incroyable et cruelle année en terme de résultats pour les joueurs français que cette année 2015 ! Si quelques belles victoires ont été obtenues par les tricolores, ces douze mois resteront avant tout marqués par le nombre insensé de places de runner-up des Français sur les différents circuits de la planète.
Bien évidemment dans le poker, terminer deuxième est souvent synonyme d'un gain conséquent tout en constituant généralement une belle performance dans des tournois réunissant fréquemment des centaines, voire des milliers de joueurs. Néanmoins il est toujours terriblement frustrant de voir la victoire s'envoler, surtout lorsqu'au bout un bracelet était en ligne de mire... Bilan d'une année sous le signe du chiffre 2.
Les WSOP ont été le symbole parfait d'une malédiction française, avec huit tricolores qui se sont retrouvés si près de l'emporter pour finalement échouer sur la deuxième marche du podium, pour aucune victoire en 2015 ! Les Français ont décroché six deuxièmes places lors des World Series 2015 auxquelles ont ajoutera évidemment celles de Paul-François Tedeschi et Gilbert Diaz aux WSOP Europe de Berlin.
Que ce soit [Removed:13] (2e - 330 578$) dans l'event #59, Yehoram Houri (2e pour 295 727$) lors de l'event #42, Jean-Marc Thomas (2e - 186 548$) dans l'event #30, Gabriel Nassif (2e - 142 631$) dans l'event #19, Erwann Pecheux lors de l'event #34, et Pierre Milan (2e - 350 994$) dans le si difficile event #25, tous ont réalisé de remarquables parcours et n'ont souvent vu la victoire s'échapper qu'après un coin flip ou même un bad beat.
Les WSOP Europe ont là aussi été cruelles pour les Français, Gilbert Diaz finissant 2e du Monster Stack pour un gain de 109 625€, tout comme Paul Tedeschi dominé par Georgios Sotiropoulos dans le 1 100€ Turbo (69 361€).
Victoire ou défaite dans des épreuves aussi relevées ne tiennent souvent qu'à une simple carte...
Ce ne furent pas les seules deuxième places de Paul Tedeschi - qui est passé tout près de la victoire dans le High-Roller du WPTN Marrakech - et de Yehoram Houri lui aussi 2e dans un WPT National (à Bruxelles en février).
Bien sûr la deuxième marche du podium constitue parfois un bon résultat, peut-être même le meilleur d'une carrière, à l'image de Jean-Noël Thorel, 2e du High-Roller à 10 300€ de l'EPT Deauville début février et à nouveau 2e du High-Roller à 25 500€ de l'EPT Prague fin décembre pour des gains cumulés avoisinant les 600 000€ ou encore Sonny Franco qui encaisse 85 297€ (son plus gros gain à ce jour) après avoir terminé runner-up du BPC Namur il y a trois semaines, il n'empêche qu'à la longue les frustrations s'accumulent, que ce soit pour les joueurs ou pour les fans...
Il serait trop long d'énumérer toutes les places de deuxième obtenues par les Français en 2015, tant la malédiction s'est poursuivie aussi dans les épreuves secondaires du calendrier international avec de nombreux side events de grands festivals s'étant conclus avec l'échec d'un tricolore en heads-up. Peut-être convient-il de tenter d'apporter quelques explications à ce syndrome Poulidor qui a touché les Français en 2015 ?
Nous aurions aussi pu ajouter à cette énumération la 2e place de Valentin Messina lors de l'EPT Malta en mars dernier, mais comme la victoire est revenue à Jean Montury pour un doublé exceptionnel, celle-ci à une saveur évidemment beaucoup plus douce pour les fans français.
Le niveau global des meilleurs joueurs ne semble pas en cause au contraire, car on peut certes déplorer de voir huit Français s'incliner en heads-up lors des World Series, mais aussi se réjouir de voir huit tricolores en position de l'emporter. Les États-Unis exceptés, nombreuses seraient les nations à nous envier une telle constance au plus haut-niveau. Malgré la variance, la France est une place forte du poker; on l'a vu, la différence entre la victoire et une place de runner-up se joue parfois sur un simple coin flip ou sur l'issue d'un tirage.
Les causes sont aussi structurelles que conjoncturelles. Structurelles car la France n'organise plus de tournois internationaux au buy-in supérieur à 3000$ et plus aucun important (exit les World Poker Tour, EPT ou encore PPT et WSOP Europe) limitant de ce fait les chances de briller. La réduction progressive du nombre de joueurs sponsorisés dans l'hexagone tire aussi vers le bas le nombre de joueurs présents sur le circuit de manière régulière. Il s'avère donc plus difficile de briller mais aussi de prendre les risques parfois nécessaires pour monter des jetons et se présenter en heads-up dans les meilleures conditions.
Conjoncturelles car quelques uns des meilleurs joueurs français semblent actuellement en retrait. Des cadres comme ElkY, David Benyamine, Fabrice Soulier ou Roger Hairabedian, savent comment remporter des épreuves de prestige. Pour des raisons diverses, ce quatuor n'a pas été en mesure d'apporter son écot de victoires en 2015. L'avenir dira si la variance est la seule explication du coup de moins bien de ces locomotives du poker hexagonal.
La France a dû aussi faire face au retrait de plusieurs de ses meilleurs talents. Nicolas Levi, Ludovic Lacay, Antony Lellouche, ManuB, Thomas Bichon, Stéphane Albertini, Arnaud Mattern ont tous tiré leur révérence et ne jouent plus ou presque en MTT. Leur talent manque au poker tricolore au niveau des résultats bruts mais aussi en terme de motivation. Avec le fisc qui rôde, les joueurs qui débutent ne rêvent plus forcément d'un succès de prestige mais plutôt d'un Spin & Go à 1 million vite joué et vite gagné.
Enfin, s'imposer en heads-up d'une épreuve internationale demande souvent de l'expérience, parfois acquise après un échec préalable ; avec autant de joueurs de premier plan en retrait voire en retraite, il n'est pas surprenant que la réussite n'ait pas été aussi souvent que souhaitée au rendez-vous. Mais, malgré sa réputation, Raymond Poulidor a remporté presque 200 courses chez les professionnels dont de nombreux succès majeurs... alors, à PokerNews, nous prenons le pari qu'un Français va réussir un gros coup en 2016. One time !