Poker online : Quel impact pour le boycott de PokerStars ?
Plus de 2 500 joueurs online ont pris part à un boycott organisé à l'encontre de pokerStars entre le 1er et le 3 décembre. Quel a été l'impact de cette initiative ?
La décision d'opérer un boycott de la room a été prise en réponse à d'importants changements annoncés par PokerStars sur son programme de fidélité. La principale modification dans le programme VIP de l'opérateur consiste en une réduction significative des avantages accordés aux plus gros et aux plus réguliers des joueurs du site. Un changement devant intervenir le 1er janvier 2016. Si la majorité des aménagements vont profiter aux joueurs récréatifs, nombreux sont ceux parmi les habitués de la room à avoir exprimé leur mécontentement.
Les principales victimes des ajustements prévus seront les joueurs bénéficiant des statuts équivalents ou supérieurs à celui de PlatinumStar avec pour ceux-ci une diminution de 10% des récompenses, alors que pour les Supernova et plus encore les Supernova Elite les restrictions seront encore supérieures avec comme illustration la disparition du freeroll réservé à 1 million de dollars.
Les Supernova et Supernova Elite sont particulièrement mécontents des réductions les touchant, ayant généralement consacré de nombreuses heures de jeu pour atteindre leur statut, en prévision d'un programme de récompense précis, qui se trouvera désormais fortement amputé en 2016.
A noter que la suppression envisagées des VPP's pour les plus grosses parties de cash contribue aussi à contrarier les spécialistes des high-stakes.
Le Boycott a-t-il été suivi ?
Un rapide regard sur le trafic aurait tendance à indiquer que le boycott n'a pas été très efficace, mais une lecture plus approfondie démontre le contraire.
Certes le 1er décembre a vu une nette augmentation de l'affluence sur PokerStars par rapport au mardi précédent d'après les chiffres de PokerScout. Mais cette progression de 65% est surtout due aux promotions liées à l'opération Milestone Hands qui coïncidait avec le début du boycott.
La même opération l'année précédente avait en effet généré une augmentation du trafic de 133% d'une semaine à l'autre, il semble donc que les effets du boycott n'aient pas été négligeables.
Les chiffres des deux journées suivantes ont là aussi laissé apparaître une légère progression pour l'opérateur, avec 12% de hausse le 2 décembre et 9% le 3. Mais les tables high stakes ont pour leur part connu un sérieux recul, notamment mardi avec une chute de 29%.
Comme l'indique néanmoins OnlinePokerReport, les incidences pour PokerStars peuvent sembler négligeables puisque la part représentée dans le trafic global de l'opérateur par les tables high-stakes n'équivaut qu'à 1,7% du trafic total. Rapportée à l'affluence générale durant le boycott, cette diminution ne constitue ainsi qu'un recul de 0,69% de la fréquentation totale enregistrée sur la room.
Les chiffres constatés sur les affluences dans les tournois sont globalement similaires. Néanmoins le Super Tuesday au buy-in de 1 050$ a enregistré une diminution de 13% de son nombre de joueurs. Un résultat logique puisque cette épreuve est majoritairement disputée par les gros joueurs de PokerStars.
Réactions de joueurs
L'un des contestataires les plus virulents a été Dani "Ansky" Stern, qui estime que le changement n'est pas seulement irrespectueux mais qu'il est aussi incorrect dans la manière dont il a été annoncé. Stern affirme que la grève, dont il a été un des principaux meneurs par ses actions sur Twitter et TwoPlusTwo a été suivie.
Avec ses 13 000 followers, Stern ne s'est pas privé de communiquer pour soutenir le mouvement.
For those wondering about my take on strike thus far: It's working. Keep going. Believe me this is bigger than total players online. CASHOUT
— Dani Stern (@TheRealAnsky)
Stern a aussi informé la communauté poker que ce boycott étalé sur trois journées ne serait qu'un début si PokerStars ne corrigeait pas le tir.
Starting to get some great ideas for the next big protest, learning so much right now.
— Dani Stern (@TheRealAnsky)
Dans ce cas, je crois que [PokerStars] en a fait plusieurs [erreurs].
De manière intéressante, le Team PokerStars Pro Daniel Negreanu, qui supporte généralement le site tout en conservant sa célèbre liberté d'opinion, a semblé comprendre les raisons ayant poussé les joueurs à la grève. Il a aussi reconnu que la façon dont la communication sur les changements avait été effectuée était très mauvaise, n'hésitant pas à la qualifier de "puérile."
Cela ne signifie pas que Negreanu soit opposé aux changements - il est persuadé que les bénéfices liés à l'augmentation du nombre de joueurs récréatifs sera bonne pour tout le monde - mais qu'il critique la communication liée à ces changements.
Negreanu a ainsi déclaré "j'ai plusieurs désaccords avec la manière dont les joueurs ont été informés, je réalise ainsi que parfois les gens et les entreprises font des erreurs. Dans ce cas, ils ont en fait plusieurs. Je comprends notamment que les joueurs s'étant battus une année durant pour obtenir les statuts Supernova et Élite soient très mécontents d'un changement survenant fin novembre."
Réactions des sites de poker en ligne
La concurrence entre opérateurs de poker en ligne a été relancée par le boycott à l'encontre de PokerStars. Le numéro deux mondial, 888poker, a tenté d'en profiter immédiatement en offrant aux joueurs deux nouveaux tournois quotidiens, de nombreuses augmentations de garantie, mais aussi en diminuant les prélèvements, notamment aux tables de PLO 1$/2$ et plus.
En ce qui concerne PokerStars, la room n'a pas semblé perturbée par le boycott. Il n'y a eu aucune réaction de la direction du site qui n'a fait aucun commentaire. Il est toutefois possible que l'opérateur prenne le temps de voir quels vont être les effets de cette grève avant de prendre des décisions. En 2014 déjà, un mouvement de protestation similaire avait eu lieu ; dans un premier temps le numéro un mondial était resté silencieux avant d'annoncer certains ajustements dans les changements initialement envisagés.