Lady Luck, l'interview de la réalisatrice Ren Thackham
PokerNews a rencontré le réalisateur australien de 31 ans Ren Thackham en marge des Aussie Millions 2016. Cette dernière nous fait découvrir son court métrage de 18 minutes, Lady Luck. Interview.
Thackham a grandi sur Bribie Island avant d'étudier le cinéma à la Raindance Film School de Londres. Elle a ensuite suivi le cursus du New York Film Academy de Sydney. Lady Luck est son film de fin d'étude, un film qui a remporté le prix du meilleur film pour sa promotion.
PokerNews: Quelle est votre expérience du poker ?
Thackham: Je n'avais jamais joué au poker avant d'écrire Lady Luck. Dans le premier jet, mes joueurs avaient 4 cartes en main, je n'y connaissais pas grand chose. Le concept du film transcende le poker, Lady Luck joue un rôle dans chaque jeu où il y a du hasard. Je voulais explorer ce que cela fait de rechercher l'étincelle de la victoire grâce à un personnage qui chasse réellement Lady Luck lors d'une partie high stakes.
Mon meilleur ami Danny Bolt est un très bon acteur qui aimait le concept. Il avait aussi joué au poker et a vu de suite que le script en l'état aurait fait rigoler les joueurs. Il m'a donc amener à ma première partie, un freeroll à King Cross le mardi soir. J'ai découvert les règles et réalisé les problèmes techniques avec mon script. J'ai aussi réalisé que j'avais besoin de faire beaucoup de recherches avant de comprendre le poker. J'ai sauté rapidement mais je suis resté pour regarder Danny gagner le tournoi. Il m'a donné son prix de 150$ en me disant que c'était la première contribution au budget du film. Les Dieux du cinéma avaient parlé.
Suite à cela j'ai joué chaque soir pendant trois mois. C'est allé au delà d'une simple recherche, j'étais bien accrochée. Des fois je jouais un tournoi à 3 heures et un autre à 9 heures, deux fois par jour. J'étais invitée à des homes games aussi. J'ai commencé à faire quelques tables finales et une nuit c'est arrivé, j'ai gagné mon premier tournoi : le Freeroll Kings Poker à Maroubra. A partir de là, j'ai repris le script et réalisé que mon premier jet était du n'importe quoi. J'ai tout repris en me servant de mes expériences et écrire les mains s'est fait dans un souffle.
Quel est le concept du film?
Chaque joueur est une généralisation d'un type de personnalité que l'on retrouve à une table. Si vous avez été à Star City un soir de semaine, vous avez rencontré celui qui se prend pour le magicien et lorsque vous êtes en tilt n'avez vous pas l'impression que vous êtes poursuivi à l'intérieur d'un institut psychiatrique ? Il y a de multiples références au poker, les cowboys, les balles en argent, représenter un full-house, se faire trapper... même les poissons au frigo, ce sont des petites détails poker qui ont bourgeonné quand j'ai repris le script. Je me suis juste amusée avec des éléments fantastiques une fois que j'ai été endoctrinée, que j'ai ingurgité le langage et la culture du poker.
Le concept, et j'ai tenté de rendre cela du mieux que je le pouvais, c'était de capter les émotions, l'essence, l'amusement, l'excitation, le tilt, le mystère de ce qui arrive, la chance qui vient et repart aussi vite... et de mettre cela dans un court métrage. C'est solide côté poker et le voyage reste familier même si raconté d'une manière un peu inhabituelle.
Pourquoi ce projet en particulier?
J'avais étudié le cinéma et réalisé de nombreux petits films mais là je voulais capturer quelque chose qui parle aux gens, même si cela reste une niche. Le plan ce n'était pas de devenir une joueuse de poker, c'est un avantage qui est venu avec le projet.
Comment avez-vous financé le film?
Grâce au poker en grande partie. J'ai fait le casting lors de l'écriture et les gens de l'équipe ont aussi participé. Ce n'était pas obligatoire mais ils ont fait quelques donations. Et puis quand les amis gagnaient au poker ils donnaient un peu aussi. J'ai mis tous mes gains dans ce projet, Danny Bolt et quelques autres aussi.
Comment Grahme Ware Jnr. est-il devenu un acteur du film?
C'est une légende, le dresseur des animaux de Lord of the Rings ou de Pirates des Caraïbes pour ne parler que de quelque uns de ses projets. Il a aimé le script, a regardé quelque vidéos de moi et a cru en mon projet. C'était un gros compliment. Nous avons filmé sur sa propriété pendant deux jours et je dois dire que je suis heureux de pouvoir dire qu'il a été impressionné par le film final quand il l'a vu pour la première fois.
Vous avez choisi un personnage de croupier qui parle beaucoup...
C'est Frangie, un joueur de poker dans la vraie vie. Il étudiait à la New York Film Academy quand je faisais le casting. Sa passion pour le jeu était communicative, c'est ce qui a inspiré mon premier script pour le projet avant même de commencer à jouer.
Ce n'est pas un film si facile d'accès pour les gens qui ne pratiquent pas le poker. Comme le jeu, les enjeux et le style du film sont non conventionnels, je pensais que c'était plus facile si le croupier expliquait un peu les mains à l'audience moins familière. J'ai commencé à jouer il y a peu et je sais ce que c'est d'être perdue dans le déroulement d'une main...
Les retours sont mitigés, certains joueurs pensent qu'il est drôle et des gens qui ne connaissent pas le poker m'indiquent qu'ils n'auraient pas compris le film sans lui. Donnez moi votre avis, les retours m'intéressent.
Vous avez fait une projection sur un écran VMAX. Comment était l'atmosphère ?
Le groupe Suns of the Universe qui a fait la musique de Lady Luck était au top quand ils ont entendu leur musique sur des enceintes de compétition [...]. J'étais très fière quand il a été projeté.
Quel accueil a reçu le film ?
Lady Luck n'est pas un court métrage très commun. Le script est ambitieux, il y a beaucoup de folie et il peut surprendre. Les retours des gens sont très positifs. Lady Luck m'a ouvert des portes en tant que réalisateur et m'a aidé à démarrer d'autres projets. Ce film a été un moment clé de ma carrière et cela reste le travail dont je suis la plus fière.