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Il joue au poker dans un café, son agresseur lui met le feu

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Sean Chaffin
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Matthieu Sustrac
5 min à lire
Il joue au poker dans un café, son agresseur lui met le feu 0001

Il sentait ses cheveux et sa peau brûler. La douleur était incroyable. Scott Ranstrom a plongé au sol, tenté de se débattre avec les flammes qui léchaient son corps... Dire qu'il a craint pour sa vie est largement en dessous de ce qu'a ressenti ce vétéran du Vietnam dans un Denny's de Portland en avril dernier.

Habitant de l'Oregon de 69 ans en semi-retraite, Scott prenait son café en faisant un peu de paperasse et en jouant au poker sur son ordinateur. Adepte des parties gratuites, son histoire a basculé en quelques secondes.

"D'un coup j'ai senti un truc liquide tout autour de moi et avant que je ne puisse réagir... j'étais en feu"

Connecté sur les tables playmoney de PokerStars et du World Poker Tour's ClubWPT, Scott faisait de l'administratif tout en jouant sur quelques tables. Son enfer allait bientôt débuter. Aux alentours de 21 heures 30, tout a basculé. "Il y avait beaucoup de flammes, je ne pouvais pas l'éteindre. D'un coup j'ai senti un truc liquide tout autour de moi et avant que je ne puisse réagir... j'étais en feu", se souvient l'ancien combattant.

Scott a sauté instinctivement au sol et retenu sa respiration. Aujourd'hui encore, il est persuadé que s'il avait inhalé les choses auraient été pires. Alors qu'il était par terre, un client lui a porté secours et sauvé la vie en éteignant les flammes avec son manteau.

"Le souvenir que j'ai ensuite, c'est d'être transporté dans une ambulance. Et puis je suis tombé dans le coma pour deux mois", explique Randstrom qui ne s'est donc réveillé que mi-juin

"Je me souviens de tous les détails. J'ai ouvert les yeux et j'ai vu que j'avais encore mes deux mains et que je n'avais pas perdu mes doigts", positive l'ex soldat qui a du affronter de nombreuses complications après l’agression dont il a été victime.

Un homme qu'il ne connaissait pas est entré dans le restaurant, a aspergé Scott d'essence et a allumé ! Le chemin vers une vie normale sera long pour cette victime.

Pas de procès

Elevé à Portland jusqu'à dix ans, Scott a ensuite déménagé vers l'Alaska où il est entré dans l'armée avant de servir deux années au Vietnam. De retour à Portland, il s'est marié avant d'élever un enfant unique. Le poker n'est entré dans sa vie qu'avec l'apparition du 21e siècle. Ce jeu qui l'accompagne depuis vingt ans lui manque en ce moment, la priorité est ailleurs.

"J'aime le poker. Mon sentiment c'est que si tu gagnes sur Internet tu peux affronter une table réelle avec succès et c'est ce que je me suis prouvé à moi-même de nombreuses fois. Mon entraînement c'est de jouer gratuitement online", explique Scott à PokerNews.

Ce passionné n'hésite pas à s'aventurer jusqu'au Canada pour disputer quelques tournois mais son home-game lui suffit. La plupart des participants cavent aux alentours de 500$ et quand il n'y a pas assez de monde, les casinos du coin proposent des petite événements au prizepool sympathique de 40 000$.

"Je préfère le cash-game. Je contrôle mieux le jeu et puis c'est toujours les mêmes joueurs que tu rencontrent plus deux ou trois nouveaux. Le but c'est d'attraper les débutants qui viennent de sauter d'un tournoi. Ils jouent beaucoup de mains", rigole Scott qui n'en revient toujours pas d'avoir été pris pour cible alors qu'il jouait au poker.

Les caméras de surveillance de l'établissement ont permis d'identifier DeShaun Swanger. Selon le site de Portland KATU.com: "les agents du comté de Clackamas ont arrêté Swanger quelques jours après et l'ont écroué pour tentative de meurtre. Swanger a été transféré à l'hôpital pour être pris en charge et un juge a pris la décision de la bloquer un éventuel procès suite à l'état mental du prévenu".

DeShaun Swanger, qui est décrit comme un homme psychotique par ses avocats, n'en était pas à sa première tentative. Le jeune homme de 24 ans avait déjà essayé deux fois de mettre le feu à des spectateurs dans deux cinémas. Les deux fois, il n'avait pas d’allumettes pour aller au bout... "Il venait de sortir de prison mais était résident d'une maison d'arrêt. Que faisait-il si tard dehors, personne ne le sait, il devrait avoir un couvre-feu", déclare Scott Ranstrom.

La route de la guérison

"Je suis déjà presque mort plusieurs fois lors de mon séjour à l'hôpital. Je vais mieux mais je n'ai pas encore récupéré. J'ai un pied qui ne fonctionne pas bien, plein de choses ne fonctionnent pas. J'ai des blessures internes provoquées par mes roulades lors de l'agression, à mon âge c'est compliqué", raconte la victime qui est aussi blessé au foie et aux reins.

Scott était sous dialyse trois fois par semaine, il est désormais presque tous les jours occupé par sa remise en forme avec un physiothérapeute. Il apprend à remarcher. Pour le moment il ne peut se déplacer sans aide, il va lui falloir de longues semaines pour se mouvoir plus facilement.

"Tant que j'ai quelque chose à quoi me raccrocher je m'accroche. Le plus dur c'est de se lever, les premiers pas sont très compliqués", assure-t-il après avoir passé quatre mois dans le silence. Durant ce laps de temps, Scott ne pouvait pas prononcer un mot, il peut désormais communiquer.

Il va lui falloir encore au moins deux moins pour récupérer 90% de sa mobilité. De son lit d'hôpital, Scott n'a pas de mots assez doux pour son chirurgien, celui qui l'a sauvé des flammes, ses amis, ses frères et soeurs mais aussi l'équipe médicale qui l'aide à se remettre.

Le plus dur est passé du côté physique mais la blessure psychologique est encore présente. Cette attaque va aussi coûter des milliers de dollars à Scott... ses amis ont donc mis en place une page GoFundMe qui a récolté 42 000$. "J'ai toujours eu une attitude. Je ne suis pas mort et je suis bien vivant. Lorsqu'on me demande si je déteste celui qui m'a fait ça je peux répondre que je ne déteste pas ce fils de chien. Ce que je ne peux pas supporter c'est surtout de le voir dans la rue et qu'il ait la possibilité de faire cela à quelqu'un d'autre. [...] L'important c'est n'est pas aujourd'hui, c'est demain, j'ai envie que les gens retiennent cette attitude positive".

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