Que deviens-tu ? Rencontre avec Bill Edler, vainqueur WSOP et WPT
Bill Edler a remporté près de 3,5 millions de dollars sur le circuit live. L'Américain n'a pas gagné un centime au poker depuis 7 ans... sa dernière place payée remonte en effet à 2011, pour un gain de 7 275$. Porté disparu depuis des lustres, Edler est pourtant à Las Vegas cet été où il a disputé quelques tournois des WSOP...
Présent sur le Main Event à 10 000$, Bill Edler a frôlé l'argent en participant au Jour 3. Son parcours s'est arrêté à quelques encablures du min-cash. Il avait aussi participé sans succès au Charity Series of Poker organisé par Matt Stout au Planet Hollywood il y a quelques jours. C'est d'ailleurs à cette occasion que PokerNews lui a posé quelques questions. Que devient-il et pourquoi ne joue-t-il (presque) plus au poker ?
Edler: "Le 1000e meilleur joueur de poker d'aujourd'hui aurait été dans le Top 10 à l'époque où je jouais".
Qui est Edler ? Une étoile de 2007 qui avait amassé 2,7 millions de dollars en 12 mois... avec un bracelet WSOP sur le 5000$ disputé en 6-Max pour 904 000$ et un deep-run une semaine plus tard sur le Main Event (23e pour 333 000$). Trois mois après son explosion dans le Nevada, il avait remporté le World Poker Tour 10,000$ Gulf Coast Poker Championship pour 747 000$ ! En plein rush, il avait aussi remporté le 10,000$ Annual Heads-Up Championships de Compton pour 215 000$ de plus.
En 2013, Edler avait été impliqué dans une sale affaire à New York. Il faisait partie d'un groupe de 34 personnes poursuivi par le FBI pour une affaire de gambling illégal. Depuis, l'Américain a abandonné l'Est pour filer vers l'Ouest et Las Vegas.
"Matt Stout est mon pilier. Nous avions l'habitude de jouer ensemble il y a longtemps, à l'époque où j'étais actif dans le monde du poker. C'est un mec super et j'adore vraiment son implication et son travail. Les profits vont à une oeuvre caritative [Three Square Food Bank] qui me correspond", a indiqué Edler durant ce CSOP où il faisait une entorse à sa routine quotidienne : "Je ne joue plus du tout au poker. Je suis vraiment trop occupé et les joueurs actuels sont trop bons maintenant".
Edler enchaîne avec l'évolution qu'il a pu constater : "Je je joue que très peu donc je ne sais pas tout mais la tendance du jeu était déjà très marquée. Les joueurs d'aujourd'hui... pardon je vais plutôt dire que le 1000e meilleur joueur de poker d'aujourd'hui aurait été dans le Top 10 à l'époque où je jouais. Je ne pense pas que cela soit une exagération de ma part. Bob Cousy (un grand joueur de NBA des années 50-60, ndlr) était un très bon joueur de basket mais il n'aurait pas pu remonter la balle dans les années 80... je pense que dans le poker c'est pareil", explique celui qui a été sponsorisé par Full Tilt Poker.
"Je ne suis pas en train de dire que les gens de cette époque ne progressaient pas et ne s'amélioraient pas, je dis que le jeu est devenu bien plus compliqué avec l'arrivée massive de gens intelligents et avec de l'expérience de travail. Le talent n'a pas d'âge mais avec Internet les meilleurs ont pu monter au sommet. Les jeunes joueurs ont plus d'expérience que la vieille génération. Désormais quand je joue occasionnellement, c'est un challenge plutôt fun. Il faut juste savoir que l'époque où j'avais l'impression de tirer sur un poisson dans un bocal n'existe plus", poursuit-il avant de lâcher quelques souvenirs de jeunesse.
"Je suis un joueur des années 90. Je ne faisais que débuter le poker et je n'avais joué qu'en Limit aux blindes 3-6$. Quand je suis venu regarder le Main Event c'est car je pensais que le poker est fun. Ma copine de l'époque m'a encouragé à jouer un satellite et j'ai gagné mon ticket... c'est comme cela que j'ai disputé le Main Event WSOP en 1996. En fin de Jour 2 je me suis retrouvé chipleader... vous savez pourquoi ? Pas à cause de mon talent avec les cartes mais juste car j'étais agressif", dévoile Edler, définitivement accroché après une discussion dans une fête où il notamment a rencontré Lee Jones, un Head Of Poker de PokerStars.
"C'était tout ce qu'il y avait à faire il y a 20 ans. Une relance, un continuation-bet et tout le monde rendait ses cartes au croupier sauf avec les noisettes. Quand il y avait de la résistance en face, il fallait juste fold. C'était ma seule stratégie et cela fonctionnait. En 1996 c'était un plan gagnant... C'est fun de voir que le poker n'est plus aussi facile", rigole l'ancien professionnel né en Illinois en 1964 avant de retourner en table pour s'amuser et faire une bonne action...